Aujourd’hui, intéressons nous à un album méconnu, au carrefour du rock progressif, hard rock, psychédélisme et soul, le premier album d’Automatic Man. D’emblée, la pochette ne laisse pas indifférente. L’alien peint par l’artiste Dwain Zerio vous toise de son air menaçant. Pourtant, il s’agit d’une représentation de notre être (aura), sans son enveloppe corporelle ! Ce visuel donne le ton d’un album aussi libre que fantasque: une véritable épopée cosmique digne des années 70 !

Le groupe se forme dans la baie de San Francisco, au milieu des années 70. Le line-up se stabilise autour de Bayeté (Todd Cochran, claviers, chant, principal compositeur), Doni Harvey (basse), Pat Thrall (guitare) et Michael Shrieve (batterie). Si ce dernier est le plus connu du lot, avec son passage apprécié dans le groupe de Santana (entre 1969 et 1974, notamment à Woodstock !), les autres ne sont pas débutants non plus. Tout ce beau monde évolue entre autre dans l’univers mystérieux de la fusion jazz. Ils sont repérés par Chris Blackwell et envoyé à Londres pour enregistrer avec un certain Lou Casabianca.
En 1976, sort le premier des deux albums d’Automatic Man. Le groupe y développe une musique singulière et libre. Ce trip dans l’espace déroule toutes les thématiques les plus folles de l’époque: projection astrale, karma, anges et autres joyeusetés mi-SF mi-New Age. Elle s’inscrit dans les expérimentations des années 70 avec une bacchanale d’effets sonores (wah wah, phaser etc.) et une bonne dose de synthétiseurs. Parfois le groupe louche clairement du coté du funk, mais il sait aussi faire une musique plus planante et spatiale. Difficile donc de classer ce groupe ! Hendrix, les Isley Brothers, Pink Floyd viennent en tête tout comme le moins connu Mandré.
L’album est étonnamment digeste. La production flottante ne rompt pas le charme général, elle contribue même à le consolider ! Le groupe part dans toutes les directions mais ça marche. Les chansons se tiennent, Automatic Man décolle. Le groupe surprend, les harmonies ont un soupçon de mystère très prenant. Je ne sais pas si le groupe a poussé le vice jusqu’à enregistrer en 432hz mais cela ne serait vraiment pas impossible ! Dès l’arpège d’Atlantis Rising, Automatic Man pose le décors. L’introduction rappelle King Crimson quand les guitares arrivent. Succède à ce déluge, le single (sorti en 45 tours), My Pearl. Cette chanson est un des temps forts de l’album. Le groupe anglo-américain y développe un son plus funky sans renier à sa singularité et quelques riffs de guitare bien sentis ! I.T.D. est un autre moment mémorable de ce premier album. Automatic Man est en plein trip, la stéréo est mise à profit pour cette odyssée au delà des limites de l’atmosphère terrestre. Si la superbe One n One est apaisé, la chanson titre est une cavalcade de claviers wurlitzer funky faisant la course avec des guitares déchaînées.
Automatic Man est un disque pour le moins étonnant. Son mélange de registre pourrait se casser la gueule à chaque instant, il n’en est rien. L’ensemble tient autant la route qu’il ne déroute ! Cela ne plaira pas à tout le monde, mais si vous ouvrez vos chakras vous pourriez certainement avoir un très belle surprise. Automatic Man imagine ici un virage différent du psychédélisme. L’emprunte d’Hendrix est autant esthétique que spirituelle, le groupe en fait un excellent usage. Un vraiment très bon disque à redécouvrir.
note personnelle: 4,5/5
