CINEMA: “Total Recall” (1990) de Paul Verhoeven

Total Recall (1990) de Paul Verhoeven est à la croisée de nombreuses tendances du cinéma de la fin des années 80 et de la décennie suivante. Film de Science Fiction avec Schwarzenegger, réalisé par le Néerlandais étaient à l’époque l’assurance d’avoir un hit au box office ou presque !

La carrière cinématographique du culturiste autrichien Arnold Schwarzenegger est inversement proportionnelle à son expressivité. Si, en France, on a pu se régaler du doublage par Daniel Beretta (oui celui des compilations Wizzz/Pop à Paris !), en VO, Arnold a souvent ce coté froid, trahissant un accent germanique. Reste que l’homme a fait une carrière remarquable, émaillé de nombreux films cultes (les deux premiers Terminator en 1984 et 1991, Predator en 1987) d’excellentes séries B (Running Man, 1987) et de comédies de qualité (le génial True Lies en 1994 et le chouette Last Action Hero en 1993).

Paul Verhoeven de son coté est un des meilleurs réalisateurs encore en activité. Il n’y a pas que des chefs d’œuvre dans sa filmographie (le très dispensable Hollow Man, 2000) mais le bonhomme a quand même eu une période américaine assez fantastique où Robocop (1987) côtoie Basic Instinct (1992) et Starship Troopers (1997).

Enfin, Total Recall est adapté d’une nouvelle de Philip K. Dick intitulée Souvenirs à Vendre. L’auteur nord-américain est un des meilleurs romanciers de la Science Fiction New Wave des années 60/70. Cependant contrairement à certains de ces camarades (on pense à JG Ballard évidemment), Philip K. Dick se prête vraiment bien au cinéma ! Blade Runner (1982) est évidemment un chef d’œuvre mais Minority Report (2002) ou Paycheck (2003) sont loin d’être ridicules.

Bref, sur le papier Total Recall réunit beaucoup d’éléments pour réussir: un acteur principal en vogue (Schwarzenegger), un réalisateur qui a fait RoboCop (trois ans plus tôt donc) et un auteur de SF déjà adapté avec succès (Philip K. Dick). La promesse est très bien tenue ! Total Recall est un classique de la SF des années 90 et un excellent film qui se visionne à nouveau très bien.

Il faut dire que Verhoeven n’a pas fait les choses à moitié, en plus de notre ami Autrichien (qui est à l’origine du projet – et met Verhoeven sur le coup), le casting comprend Sharon Stone (que l’on retrouve dans Basic Instinct), Rachel Ticotin, Ronny Cox (présent dans RoboCop) ou Michael Ironside (que l’on retrouve dans Starship Troopers). Le Batave embarque également avec lui plusieurs collaborateurs comme Jost Vacano (directeur photographie), William Sandell (chef décorateur), Frank J Urioste (monteur) ou Rob Bottin (maquilleur).

Tout ce beau monde signe un classique autant qu’une œuvre très divertissante. Total Recall est un film d’action, une petite dose d’érotisme mais tout de même un peu plus malin et ambitieux que la moyenne. Verhoeven s’approprie Philip K. Dick et lui rend pleinement justice. Nous y retrouvons tout le charme de l’auteur new wave, en particulier ce flou entre réalité et fiction créant une sorte d’inconfort, un mirage. Bien sûr Total Recall prend des libertés avec le matériel d’origine mais ne trahit pas l’esprit de la nouvelle.

Il en résulte un film dynamique, parfois presque bande dessinée (les effets spéciaux), très bien mené mais sachant conserver cette ambivalence (sommes nous dans un rêve ou la réalité ?). Total Recall est une réussite à tous les niveaux ! Un film d’action, SF, ne dédaignant par l’humour et une pointe de distance, avec un peu de fond. Verhoeven y confirme qu’il peut à la fois être un réalisateur populaire mais sans jamais renoncer à une forme d’exigence et sa singularité.

note personnelle: 4,5/5