La musique de Françoise Hardy est éternelle mais il est parfois complexe de naviguer dans sa riche discographie. L’inspiration n’a pas toujours été au rendez vous sur ses albums mais certains sont fantastiques. À ce titre, le joyaux de la couronne est incontestablement La Question en 1971 mais Message Personnel figure certainement dans mon panthéon personnel de la chanteuse.
Signée sur Vogue (Jacques Dutronc, Les Charlots, Antoine, Martin Circus et tant d’autres) au début de sa carrière, Françoise Hardy quitte le label en mauvais terme, en 1969 et fonde sa propre société de production (Hypopotam), distribuée par Sonopress. Les ventes sont décevantes et ce, malgré le succès artistique incontestable de La Question, probablement un des plus beaux albums en langue française. Les années se suivent et les disques avec, souvent inégaux. En 1973, elle rejoint finalement Warner Bros et travaille avec, entre autre, Michel Berger (Véronique Sanson, France Gall) sur Message Personnel.
L’album marque un changement important dans la carrière de la chanteuse. Sa production devient un peu plus mécanique dans la seconde partie des années 70 et dans les années 80. Après sa tentative d’indépendance, elle semble ainsi prendre un peu de distance avec sa carrière et y consacrer un peu moins d’énergie. Si Message Personnel marque les débuts de cette période, c’est aussi une très grande réussite artistique et un des plus beaux albums de Françoise Hardy.
La collaboration avec Michel Berger amène deux magnifiques chansons. L’album s’ouvre sur Première Rencontre, un piano voix réhaussé d’arrangements de cordes (de Michel Bernholc) très réussis. Françoise Hardy y retrouve sa zone de confort, cette mélancolie déchirante à vous estomaquer. C’est magnifique. Message Personnel, en plus de donner son titre à l’album, a aussi l’honneur de le conclure. Cette deuxième composition de Michel Berger (avec un dialogue écrit/improvisé par Hardy) est une autre merveille. Une des chansons les plus emblématiques du répertoire de Françoise Hardy, Message Personnel est belle à pleurer.
Entre ces deux points d’ancrage, l’album navigue dans les obsessions de la chanteuse à l’époque. Nous retrouvons ainsi quelques tentatives aux allures country-rock comme la sympathique Rêver le nez en l’air ou la très jolie Pouce, Au Revoir et ses accents folk-pop. Si L’amour en Privé est une composition assez rock de Gainsbourg, elle ne fonctionne pas forcément dans le contexte de l’album. Message Personnel prend en effet ses aises dans le vague à l’âme. La somptueuse L’attente vous prend aux tripes tandis que L’habitude (avec Georges Moustaki) a des allures de classique bossa. Chanson Floue ou On dirait auraient pu avoir leur place sur La Question.
Sur Message Personnel, Françoise Hardy est bien entournée. En plus des très connus Berger, Moustaki et Gainsbourg, la jeune garde est aussi présente. Il y a Jean Pierre Castelain mais surtout de nombreux membres des excellents groupes Ophiucus et Le Système Crapoutchik (les fleurs de la pop française des années 60/70): le susmentionné Michel Bernholc Gérard Kawczynski, Jean-Pierre Pouret, André Sitbon et Christian Padovan. Tous se mettent au service de Françoise Hardy avec talent et font de Message Personnel un très bel album, parmi les plus puissants de la carrière de la mythique chanteuse. Une recette gagnante commercialement comme artistiquement.
note personnelle: 4,5/5
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