Continuons d’explorer les sorties de 2024 en évoquant cette fois-ci Nini, le deuxième album de l’artiste française Bonnie Banane. Publié conjointement par Péché Mignon (un collectif français de musique électronique) et Grand Musique Management (qui la représente j’imagine?), ce disque confirme la qualité artistique de la proposition mais aussi certains écueils rencontrés.
Bonnie Banane est une chanteuse/actrice prénommée Anaïs Thomas dans la vie civile. S’il ne s’agit que de son deuxième long format, la musicienne a une carrière d’une dizaine d’années déjà. Elle apparaît notamment sur les disques de Flavien Berger, Jazzy Bazz, Myth Syzer, Hubert Lenoir, Chilly Gonzales, Varnish La Piscine etc. Pour Nini elle a notamment travaillé avec le producteur français Monomite et le Québécois Félix Petit (croisé chez Les Louanges, Felp etc.).
Souvent comparée à Brigitte Fontaine (et je vois pourquoi) je trouve que Bonnie Banane partage aussi certaines affinités artistiques avec Chris. En effet, les deux ont en commun une approche moderne et presque expérimentale de la musique pop, ne s’embarrassant pas d’étiquette (R&B, musique électronique, pop indépendante et plus encore) ou d’un carcan trop rigide. Il y a en effet beaucoup de fantaisie et d’originalité dans Nini et plus généralement la musique proposée par Bonnie Banane. Jacques est une autre référence qui me vient aussi immédiatement en tête dans sa quête d’une pop francophone singulière.
Bonnie Banane cherche et tâtonne. Elle s’autorise tout, l’anglais comme le français, des formats plus ou moins éloignés des chansons pop traditionnelles, des arrangements originaux. Sa voix semble élastique par instant. La démarche est très honorable: la pop moderne manque souvent de cette ambition de créer quelque chose de neuf et frais. Nini est de fait un objet sonore difficile à identifier. Le revers de la médaille de l’approche est aussi dans la complexité d’appréhender (et apprécier)Nini. Si cet album est enrichissant sur un plan intellectuel, il manque selon moi d’un petit truc pour être aussi plus que ça. Pour être tout à fait franc, j’ai parfois l’impression de ne pas tellement pouvoir m’approprier et entrer dans ce disque. Il me manque des portes d’entrée (en plus des excellentes Sasha et Toi ou Moi qui ont une petite vibe Rita Mitsouko) pour me laisser gagner complètement par cet album.
note personnelle: 3,5/5