Khruangbin est un groupe texan actif depuis une douzaine d’années. Ils ont publié 5 albums, en comptant un disque en collaboration avec Vieux Farka Touré mais sans les deux (excellents) EPs Texas Sun (2020) et Texas Moon (2022). Le groupe bénéficie d’une excellente image, justifiée au regard de la discographie qualitative qu’ils proposent.
A La Sala (2024, Dead Oceans) promet un retour aux sources pour le trio. Khruangbin cherche à retrouver les fondamentaux: une musique groovy inspiré de la soul et du funk des 70s avec des guitares surf réhaussée d’influences africaines et latines. Sur A La Sala le groupe nord-américain laisse ainsi une large place à la musique instrumentale dans une formule souvent très minimaliste. Peu d’overdubs, une production organique simple mais élégante, tout ici tend vers une parcimonie presque zen.
L’intention est louable. Cette quête de l’épure peut s’avérer parfois être créative et pousser un groupe dans ses retranchements à la recherche de nouvelles ressources. Le miracle ne se produit malheureusement pas ici. L’ensemble de l’album s’écoute d’une oreille distraite mais sans provoquer beaucoup de remous.
Comme dans les disques d’easy listening de The Mystic Moods, les premiers morceaux s’enchaînent, entrecoupés de field recordings. A La Sala a d’ailleurs plus en commun avec ce genre d’albums qu’il n’y paraît. Consciemment ou non, A La Sala apparaît en effet comme un disque d’ambiance. Khruangbin mise en tout cas énormément dessus. Cela se fait malheureusement au détriment des compositions. Celles-ci sont pour la plupart peu mémorables et manquent de longueur. Pon Pon, par exemple, démarre sur un groove très réussi mais le morceau donne l’impression de faire du sur place et ne jamais dépasser cette boucle initiale.
De cet océan d’ennuie émerge heureusement quelques moments un peu plus attachants. May Ninth casse un peu la routine générale. Nous sommes touché par sa profondeur et sa délicatesse. Todavìa Via est aussi une belle démonstration de la formule Khruangbin quand elle fonctionne à merveille. Le morceau dodeline délicatement, la musique nord-américaine y rencontre des influences sono mondiale (l’éthos du groupe !) amenant ce zest de mystère à l’ensemble.
Ce nouvel album est malgré tout redondant. Khruangbin joue à l’économie au point de ne plus surprendre ni toujours trouver un juste équilibre entre le barbant et l’élégant. Tout ici est maîtrisé, raffiné, de goût mais également fort ennuyeux. A La Sala devrait cependant réjouir les bars lounge en quête de successeurs à la série Buddha Bar de Claude Challe.
note personnelle: 2,5/5