CINEMA: “Bus Palladium” (2010) de Christopher Thompson

À ma connaissance, il existe assez peu de films français dédiés au rock. L’exercice est pourtant un classique dans les pays anglo-saxons. Des mythiques Presque Célèbre (2000), That Things You Do (1996) ou Spinal Tap (1984) en passant par le sympathique Sing Street (2016): les exemples ne manquent pas ! Bus Palladium de tente de combler ce manque en 2010.

À la réalisation, nous retrouvons Christopher Thompson, dont c’est le premier film. Le Franco-américain avait cependant un petit bagage à l’époque. Acteur, il a également co-signé plusieurs scénario, notamment avec sa mère Danielle Thompson. Depuis le réalisateur a signé un deuxième film pour le cinéma en 2021 (Tendre et Saignant).

Film rock, Bus Palladium est aussi l’histoire d’une bande de potes. Ces six copains sont joués par Marc-André Grondin, Arthur Dupont, Jules Pelissier, François Civil, Abraham Belaga et Elisa Sednaoui. Le film combine ainsi l’univers du rock et du Péril Jeune (1994). En effet, comment ne pas penser à Tomasi en voyant le caractère tête brûlée de Manu, le chanteur du groupe ? Les deux personnages sont presque des idéaux-types du romantisme adolescent, un peu comme la vision fantasmée que nous avons de Jim Morrisson des Doors.

L’histoire est assez classique. Bus Palladium raconte l’ascension d’un groupe de rock parisien avec le cocktail habituel de drogues et amour. L’ensemble a quelques faiblesses mais tient pas si mal la route que ça. L’histoire est assez bien menée et plutôt plaisante. Nous n’évitons pas certains clichés (notamment la chanson de Bowie choisie pour la scène finale), mais Bus Palladium reste un film plaisant à suivre et regarder.

Passons à ce qui nous intéresse ici: la musique. Le point fort du film ! La BO composée par Yarol Poupaud (ex-FFF) est excellente et crédible. Les morceaux de la BO sont joué par Gush et chanté par Arthur Dupont (Manu). Ils convoquent, autant Téléphone que des groupes bébés rockeurs (BB Brunes, Naast, Second Sex etc.). Ce n’est probablement pas totalement un hasard: Yarol Poupaud fut impliqué dans la scène, notamment avec la compilation Paris Calling publié sur son label, Bonus Track Records, en 2006. Le look des musiciens dans le film (slims, cravate au dessus d’un débardeur, coupe de mêcheux…) doit d’ailleurs probablement plus aux rock des années 2000 qu’aux années 80.

Bus Palladium se déroule en effet au milieu des années 80. Une scène permet même de dater l’histoire autour de 1985. Le groupe voit son disque dans la devanture d’un disquaire, pas très loin du premier 45 tours des Calamités (1984), de Canary Bay (ou est-ce Troisième Sexe ?) d’Indochine (1985) et d’un tube de Jakie Quartz (1983) ! Il ne s’agit cependant pas d’une reproduction fidèle de l’époque. Le réalisateur ne me semble pas avoir cherché le réalisme mais plus un contexte prétexte pour raconter une histoire.

Cela n’empêche pas Bus Palladium d’être un film sincère et attachant. Il a certes quelques défauts (je pense que le personnage à fleur de peau de Manu est un peu trop poussé, de même que le triangle amoureux Manu-Laura-Lucas) mais offre une aventure peu explorée dans le cinéma français. Pourtant le rock d’ici mérite autant d’être racontée que celui des Etats Unis ou de l’Angleterre. Bref un chouette film avec une certaine justesse !

PS: doit on voir dans le premier 45 tours du groupe, pressé en loucedé par le manageur un hommage au premier 45 tours de Téléphone dont la pochette est aussi tamponné ?

Note personnelle: 3,5/5

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