J’achète beaucoup de films en me fiant au pitch décris sur les jaquettes des dvd et autres blu-ray. The Neon Demon (2016) de Nicolas Winding Refn a ainsi retenu mon attention mais, j’aurais aimé qu’il en fut autrement tant ce film m’a autant ennuyé qu’agacé.
En faisant mes recherches pour cet article, je me suis rendu compte que j’avais croisé la route du réalisateur danois NW Refn pour son classique Drive en 2011, film que j’avais apprécié. Sur la base d’un synopsis mystérieux mais classique, je me suis lancé dans la vision de The Neon Demon. Nous y retrouvons l’histoire d’une jeune fille de la campagne (Elle Fanning) débarquée dans la sulfureuse Los Angeles. Elle y croise la route d’un photographe amateur (Karl Glusman), d’une maquilleuse chtarbée (Jena Malone), d’autres modèles ou encore d’un gérant de motel en roue libre (Keanu Reeves). Nous suivons donc son évolution et son acclimatation dans cette jungle de strass mais à la violence sous-jacente (ou pas d’ailleurs).
JW Refn signe avec The Neon Demon un film très esthétique et soignée. On peut ne pas être sensible aux choix des couleurs (beaucoup de violet/bleu, très synthwave ou San Junipero) mais il y a de beaux plans, accompagnée par la musique très efficace de Cliff Martinez, un des (rares) points forts du film ! L’ambiance du film se rapproche (toutes proportion gardée) de Suspiria (1977, Dario Argento), Lynch et pourquoi pas aussi d’American Gigolo (1980, Paul Schrader). La comparaison s’arrête là. The Neon Demon est une machine qui tourne à vide, du film pour montrer son savoir faire plutôt que raconter une histoire.
Par beaucoup d’aspects, The Neon Demon est une brillante démonstration de ce qui me gène dans beaucoup de films contemporains, notamment nord-américains (c’est moins vrai en France): une esthétisation à outrance mise au service du néant. Le film semble s’improviser dans son déroulement. Il y a aucune cohérence. La scène de la panthère en est pour moi un très bon exemple: elle n’apporte rien à l’histoire (n’étant pas utilisée par la suite) ni ne sert au développement des personnages. Les protagonistes ne sont pas attachants, aucune tentative de profondeur ou nuance. Ce sont des archétypes qui n’arrivent pas à être autre chose. La maquilleuse est peut être le seul personnage à un peu émerger, mais pas forcément pour les bonnes raisons. En effet, elle contribue à une fin particulièrement risible.
The Neon Demon cherche à choquer les bourgeois avec deux scènes particulièrement trash dans le dernier quart d’heure. Complètement gratuites, elles sont à l’image du reste du long métrage: inutiles et hors sujet. NW Refn ne parvient jamais à créer une tension que ces scènes viendraient soulager ou au contraire amplifier. Les passages en question ne s’insèrent pas dans une logique générale. Ils arrivent comme un cheveux sur la soupe. On a l’impression que le réalisateur les place juste pour occuper et réveiller le spectateur. Manque de pot, depuis longtemps celui-ci a l’esprit qui gamberge ailleurs.
Il est évident qu’au cinéma, The Neon Demon doit être une expérience un peu plus mémorable que sur un écran de télévision. Cela ne dispense pas d’essayer de raconter/dire quelque chose. Ici on est face à un film mutique mais qui ne cache aucune profondeur. Tout est vain, tout est gratuit, tout est ennuyeux. The Neon Demon se dissout dans les limbes des films à ne jamais revoir. Une œuvre bouffie de prétention mais pas à la hauteur des revendications visuelles.
note personnelle: 1/5