CINEMA: “Fotogenico” (2024) de Marcia Romano et Benoît Sabatier

Fotogenico (2024) est un long métrage de Marcia Romano et Benoît Sabatier. Marcia Romano est une scénariste française d’origine argentine. Elle a notamment travaillé avec Albert Dupontel, Emmanuelle Bercot ou Edouard Baer. Elle a aussi réalisé ou co-réalisé plusieurs (moyen) métrages ou un clip pour Jo Wedin et Jean Felzine. De son coté, Benoît Sabatier a travaillé plusieurs fois avec sa compagne, mais pour les lecteurs de croqmac, vous le connaissez certainement plus à travers l’écriture pour Rock & Folk, Gonzaï ou Tecknikart.

Soutenu par l’ACID, Fotogenico est en salle depuis le 11 décembre 2024. Le synopsis est aussi simple qu’efficace, Raoul (Christophe Paou), père d’Agnès, découvre la vie réelle de sa fille, décédée il y a un an, dans la ville de Marseille. Cette dernière était membre du groupe Fotogenico. Raoul en apprend l’existence dans ce voyage initiatique, tente d’en retrouver les membres (jouées par Angèle Metzger, Bella Baguena et Venus Yaffa) pour que le groupe se reforme. Dans sa quête il croise Lala (Roxane Mesquida), Ismaël (Ryan Khennouf) ou un le truculant Lekooze (John Arnold). Cette quête d’un parent pour comprendre son enfant m’évoque d’autres films, notamment le touchant Taking Off (Milos Forman, 1971) ou le sombre Joe (John G. Avildsen, 1970). Jouant sur le contraste entre la vie du père et celle de la fille, nous découvrons un Marseille interlope et Fotogenico à travers les yeux naïfs d’un père largué.

La musique joue évidemment une place prépondérante dans Fotogenico. Nous y apercevons notamment le fameux disquaire Lollipop, un peu relooké pour l’occasion ! La musique du film (excellente) est signée de Froid Dub, le nouvel alias de François Marché et Stéphane Bodin que nous avions pu croiser sous les noms de Blackmail ou Bosco. Elle oscille entre Tangerine Dream (Sorcerer, Thief) et l’electroclash début 2000. Une forme de retour au source pour le duo: il avait eux même un groupe dans un style proche (Prototypes).

Si la musique est indéniablement un point fort de l’ensemble, de même que la manière de filmer Marseille, j’ai eu un peu de mal à entrer dans Fotogenico. Il y a quelque chose qui ne me parle pas dans le personnage de Raoul. Je ne sais si c’est le jeu d’acteur, la direction ou ses textes mais j’ai pas réussi à croire au personnage. Je le trouve un peu trop cool et ironique pour servir l’histoire. Tous les autres rôles font très bien le taff en revanche. Raoul étant cependant le liant de l’histoire, c’était compliqué pour moi de m’y faufiler. Le film n’échappe pas aussi à certaines maladresses (une scène de sexe inutile qui ne sert pas l’histoire par exemple) et longueurs. Paradoxalement Fotogenico aurait certainement gagné à un peu plus de sobriété pour son propre bien. Il y a parfois un peu trop la volonté d’être démonstratif et créer des situations, au risque de nous soustraire du propos. J’aurais finalement aimé que le portrait d’Agnès, en creux, soit d’avantage qu’une esquisse et un prétexte.

Fotogenico est indéniablement une œuvre à part, iconoclaste et dans laquelle la musique tient une place essentielle. On peut déjà saluer cela ainsi que la qualité de l’image, la lumière, le casting etc. Marseille apparaît ici avec une justesse qui échappe souvent aux autres ! Je pense que le film méritera certainement une révision dans quelques années. Je le comparerai volontiers à certains films comme Psych Out (Richard Rush, 1968) ou La Brune et Moi (Philippe Puicouyoul, 1979): à terme, Fotogenico offrira certainement un témoignage intéressant et juste sur notre époque. Le mieux c’est encore de le regarder et de vous faire votre propre idée !

note personnelle: 2,5/5

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