Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir une sélection de dix morceaux de dix groupes pour découvrir le post-punk britannique originel. En quelques années seulement, à la charnière des années 70 et 80, le genre musical bouscule les codes du rock. Si le punk s’apparentait à un retour aux sources, s’inspirant notamment du rock & roll des pionniers et du garage-rock des compilations Nuggets, le post-punk, lui, regarde droit devant. S’inspirant de musiques en dehors du giron rock comme le funk et la musique jamaïcaine, le post-punk tente de concilier l’énergie viscéral de ses aînés avec une approche plus oblique inspirée des écoles d’Art.
Le post-punk originel fut multiple et ne toucha bien sûr pas que l’Angleterre mais aussi les Etats Unis (Television, Pere Ubu, Devo etc.). Je vous propose cependant de découvrir des classiques et des morceaux moins connus du genre pour vous faire une idée de ce qui secoua l’Angleterre de Thatcher, le temps de quelques saisons ! Mentionnons quelques absents très importants: The Fall, Wire, The Cure, Joy Division, PiL, The Chameleons ou The Wake.
En photo: The Slits.
01 – Bauhaus “Bela Lugosi’s Dead” (1979, Small Wonder)
Souvent considéré comme fondateur du rock gothique, Bauhaus est aussi un groupe post-punk important. Bela Lugosi’s Dead, leur premier single est une des miracles du genre. En presque 10 minutes, le groupe développe une odyssée à la fois sombre et planante. Les effets sonores inspirés du dub y font merveille.
02 – Magazine “Shot by Both Sides” (1978, Virgin)
Après son départ des Buzzcocks, Howard Devoto fonde Magazine un des groupes pionniers du son post-punk en Angleterre. Leur morceau Shot by Both Sides est ainsi un des classiques du genre.
03 – The Comsat Angels “Independence Day” (1980, Polydor)
Un groupe qui tire son nom d’une nouvelle du grand auteur de SF New Wave JG Ballard (Crash) ne peut que me parler ! The Comsat Angels étaient de Sheffield, ils tournaient souvent avec The Sound mais ont une approche un peu différente. Là où le groupe d’Adrian Borland propose une musique viscérale au romantisme échevelé, le post-punk des Comsat Angels a quelque chose de plus planant et éthéré. Je trouve que leur musique donne une impression d’espace. C’est d’ailleurs le cas de leur grand tube Independance Day dont je préfère la version originale de 1980 ci-dessus !
04 – The Sound “Heartland” (1980, Korova)
Le premier album de The Sound est une merveille de post-punk et un classique à redécouvrir. Dans un monde plus juste Adrian Borland serait beaucoup plus (re)connu. Ce disque est un coup de boule dans le plexus, on est saisi par l’intensité mise dans ces chansons.
05 – Killing Joke “Turn To Red” (1979, Island Records)
Killing Joke est surtout connu pour un son plutôt dur mais Turn To Red les voit fricoter avec la musique dub et c’est très très réussi. Un grand morceau à redécouvrir.
06 – Siouxsie and the Banshees “Happy House” (1980, Polydor)
Happy House de Siouxsie and the Banshees est une merveille de pop. Les influences dub s’y mêlent avec délicatesses à des textures de guitares singulières. Siouxsie and the Banshees est un des très grands groupes de sa génération.
07 – Gang of Four “Damaged Goods” (1979, EMI)
En plus d’avoir un discours politique très marqué à gauche, Gang of Four signe très rapidement avec une des majors de l’époque: EMI. Ceci étant dit, Damaged Goods est une très très grande chanson. Ses influences funk contrastent avec la vive tension qui règne pendant les 3 minutes et 27 secondes de la chanson. À noter qu’il existe une version antérieure publiée par Fast Product: elle est moins réussie, plus bruitiste.
08 – Diagram Brothers “Bricks” (1981, New Hormones)
Si l’unique album des Diagram Brothers, Some Marvels of Modern Science (1981), est assez aride, plusieurs de leurs 45 tours sont des petites merveilles post-punk dansantes. Je pense notamment à Discordo, We Are All Animals et bien évidemment Bricks. Les Diagram Brothers était un groupe mancunien et signé sur le label du manager des Buzzcocks: New Hormones.
09 – The Slits “Typical Girls” (1979, Island Records)
Cut (1979) des Slits en plus d’être un classique du post-punk est un disque important politiquement. Marqués par le féminisme, les Slits (les Fentes en français) signent un premier album musicalement passionnant, influencé par le dub et les musiques jamaïcaines tout en gardant une charge viscérale très punk.
10 – New Order “Dreams Never End” (1981, Factory Records)
Finissons cette playlist sur un morceau de transition: Dreams Never End de New Order. La chanson est presque un hommage à Joy Division (le précédent groupe des membres de New Order) et possède pourtant déjà des caractéristiques propres à New Order. Superbe morceau produit par Martin Hannett lui même !
5 thoughts on “PLAYLIST: Post-Punk au Royaume Uni (1978-1981)”