Pratique: acheter son premier synthé

Analogique ? Numérique ? VA ? FM ? quel premier synthé acheter ? Voici quelques pistes pour vous aider à y voir plus clair ! À la fin de l’article, retrouvez une sélection d’instruments avec un budget inférieur (en neuf) à moins de 600 euros.

Un synthé pour quel usage ?

C’est la question la plus importante. Il faut définir l’usage que vous allez faire de ce synthétiseur. Est-ce un instrument plutôt dédié à la recherche de texture sonore dans votre homestudio ? Est-ce un instrument que vous souhaitez emporter avec vous en concert ? Voulez vous faire des leads ou plutôt des nappes avec ? Avez vous besoin de mémoires ? De chacune de ces réponses va découler des propositions différentes.

car l’offre pléthorique sur le marché

Le marché du synthé est très dynamique et il existe une multitude de machines disponibles, en neuf comme en occasion, pour des montants parfois très accessibles (quelques centaines d’euros). Les synthétiseurs ont cependant leur propre personnalité et des philosophies toutes aussi variées. Il est alors important de s’intéresser à leurs caractéristiques.

C’est quoi un synthé ?

Un synthétiseur est un instrument qui permet de créer ses propres sons. Un synthé dispose ainsi d’un moteur sonore qui peut être de différentes natures, dans les grandes catégories nous retrouvons par exemple:

Un synthétiseur peut se présenter sous différentes formes:

  • clavier
  • rack
  • module tabletop
  • groovebox.

Ne sont pas (la majorité du temps) des synthétiseurs:

  • les ROMplers (des instruments qui lisent des échantillons mais n’ont pas de moteur sonore)
  • les samplers (des instruments qui permettent de lire ses propres échantillons).

Pour en savoir plus sur ces deux catégories: un article.

monophonique ou polyphonique ?

Cela peut surprendre initialement, surtout en venant du monde de la musique assistée par ordinateur, mais tous les synthétiseurs modernes ne sont pas nécessairement pas capables de jouer plusieurs notes en même temps ! On parle de polyphonie (plusieurs notes) et monophonie (une note). L’usage d’un synthétiseur monophonique sera donc à réserver à des usages types lead, basse ou arpèges. Les polyphoniques, eux, peuvent faire en plus des nappes, des accords etc.

Cela peut paraître rustique sur le papier de n’avoir qu’un monophonique, pourtant, cela suffit pour de nombreux usages. Les premiers synthétiseurs étaient d’ailleurs monophoniques ! En synthèse soustractive analogique, chaque voix de synthétiseur a un certain coût. Plus l’instrument a de polyphonie (4-8-16 etc.) plus le coût sera élevé.

Korg MS20, Roland TB303, Roland SH-101 ou Minimoog sont des synthétiseurs monophoniques. Roland Juno-6, Sequential Circuits Prophet 5 ou Yamaha CS-80 bénéficient quant à eux de la polyphonie.

Quelle interface ?

En fonction des époques, les synthétiseurs ont eu des choix d’interfaces très différents. Dans les années 70, le synthé offrait de nombreuses commandes en façade via des potards afin de créer ses sonorités en direct. Dans les années 80, avec l’arrivée du DX7, la tendance a été d’épurer les interfaces et donner accès facilement aux presets.

Une interface copieuse sera ainsi idéale pour créer ses propres sons et faire de la recherche de texture sonore. Une approche plus dépouillée conviendra mieux à usage en concert.

Des presets ?

Les premiers synthétiseurs ne disposaient pas de presets mémorisables. Pendant un concert, le ou la musicien(ne) réglait le son au préalable et faisait éventuellement des modifications entre chaque morceau, après avoir noté les informations sur un carnet.

Les mémoires sont arrivées à la fin des années 70. Elles sont vite devenues indispensables mais avec le retour de l’analogique, nous avons vu réapparaître des machines plus rustiques n’en disposant pas.

Encore une fois, c’est l’usage qui vous guidera sur le bon chemin ! Les presets/mémoires ont leur utilité certaine en live mais on peut faire sans aussi.

Type de synthèse et personnalité

Chaque synthé a sa propre personnalité et signature sonore. Celle-ci dépend du type de synthèse mais aussi des fonctionnalités implémentées. Par exemple, chaque synthétiseur analogique aura sa propre couleur en fonction des filtres, de l’enveloppe ou même du générateur d’onde. N’hésitez alors pas à faire un tour sur youtube pour écouter les bêtes !

Certaines synthèses sont cependant plus faciles et immédiates d’accès. Les synthétiseurs analogiques et les VA sont ainsi particulièrement populaires, car plus simple d’approche. À l’inverse la FM est réputée absconse et difficile d’accès mais offre une plus grande richesse de timbres.

Si vous souhaitez créer vos propres sons ou même les modifier facilement orientez vous alors vers des synthèses comme l’analogique ou le VA. Si vous voulez accéder à une grande diversité de sons, la FM sera en revanche plus indiquée.

Une sélection de synthétiseurs à moins de 600 euros

Il existe une offre assez riche de machines à moins de 600 euros sur le marché neuf. Voici quelques suggestions. Je n’ai choisi que des instruments avec des claviers mais il existe pléthores de modules qui seront parfait pour un deuxième achat ! Ces suggestions ne correspondent à un ordre de préférence.

Les synthétiseurs analogiques à moins de 600€

Les synthétiseurs analogiques d’entrée de gamme sont souvent plus rustiques que les alternatives avec d’autres synthèses. Cela ne les rend pas moins utile ou intéressant mais parfois à réserver à certains usages.

Korg MS20 mini: réédition par la compagnie d’origine d’un des synthétiseurs mythiques de la fin des années 70. Instrument analogique, sans presets et monophonique. Parfait pour la recherche sonore, en ouvrant la possibilité vers le modulaire avec son système de patches. Prix constaté: 579€.

Behringer MS-1: réédition par l’ogre allemand du classique SH-101 de Roland. Petit synthétiseur monophonique (tardif) sans mémoire et analogique. Malgré un séquenceur, c’est un instrument un peu limité mais qui sonne bien ! Le prix constaté (189€) est très compétitif.

Korg Monologue: synthétiseur analogique entrée de gamme de chez Korg. Pour un prix modique (autour de 270€) cette machine monophonique offre des presets et un petit séquenceur interne. Pour rendre le prix assez attractif, le choix a été fait de proposer un instrument de conception assez simple mais néanmoins efficace.

Novation Bass Station II. Si Novation est une marque moins connue du grand public, ils ont relancé la synthèse analogique dans les années 90 avec le premier Bass Station. Cette nouvelle itération, bien plus récente, offre un synthétiseur analogique monophonique à presets très complet en terme de fonction. Ce n’est peut être pas l’instrument avec la personnalité la plus marquée de cette sélection mais pour le prix (environ 470 euros) on a un bien bel outil qui permet de s’éclater dans de nombreux contextes (recherche sonore, scène etc.).

Arturia Minibrute 2. Arturia est à l’origine un éditeur de synthétiseurs logiciels. Les Français se sont lancés dans le synthé hardware il y a douze ans (2012) avec le minibrute premier du nom. Comme le bass station dans les années 90, le premier minibrute a été un jalon important dans le monde des claviers. Le Minibrute 2 lui a désormais succéder, reprenant la formule gagnante du premier. Ce synthétiseur monophonique, sans presets, analogique est un instrument très attachant à la personnalité sonore marquée. C’est une machine à la philosophie spartiate comme le MS20 de Korg.

Behringer DeepMind 6. L’un des rares analogiques polyphoniques (avec des presets) en dessous des 600 euros (580). L’instrument a été assez décrié à sa sortie à cause de la réputation de Behringer, pourtant c’est une excellente machine avec un très bon rapport qualité prix. Si les monophoniques vous effraient, c’est probablement le meilleur choix en analogique dans cette catégorie de prix. Le DeepMind s’inspire évidemment des synthétiseurs début 80s de Roland (la série Juno) mais y met sa propre touche. Il ne s’agit pas d’une copie ou d’une réédition mais d’une réinterprétation.

Korg Minilogue. L’autre synthétiseur polyphonique analogique du marché à moins de 600 euros (environ 500€). Un peu plus rustique dans ses caractéristiques mais venant d’une marque sérieuse et reconnue.

les VA à moins de 600€

Les VA sont peut être la catégorie reine des synthétiseurs à moins de 600 euros. En général ils en offrent pour leur argent ! Ce sont là où on trouve aujourd’hui les machines avec la plus belle durée de vie. Si l’offre fut par le passé vertigineuse, elle s’est beaucoup resserré autour des classiques. Ce sont des instruments très appréciés pour les concerts, ils sont souvent assez légers à porter !

Korg MicroKorg. La légende ! le synthé que tout le monde achète en premier. Pour un tarif accessible (400€), Korg propose un synthétiseur VA (4 voix) avec des mémoires et un vocodeur. S’il devrait être remplacé sous peu, le vénérable Microkorg est un véritable classique largement disponible d’occasion. Il n’est pas exempt de défauts. Si son moteur sonore est puissant, son interface ne rend pas nécessairement aisé la création de ses propres presets. En revanche il est très facile d’accéder à ceux programmés ou de les remplacer par des banques créées par des tiers.

Novation MiniNova. Le principal concurrent du MicroKorg. Sorti quelques années après le synthé de Korg, le MiniNova est une alternative tout à fait crédible à ce dernier à un prix similaire (400 euros). J’aurais même tendance à préférer le mininova au microkorg mais c’est une question de goût ! Ce synthétiseur offre des performances comparables (polyphonie, presets, vocodeur) mais me semble un peu plus accessible pour la création de ses propres patches. Je pense aussi que je préfère la couleur sonore du VA de Novation.

Yamaha Reface CS. La série Reface a fait un certain bruit à sa sortie ! Le constructeur japonais a en effet sorti quatre claviers portables d’un coup ! Ce sont des instruments de très bonne qualité et parfaitement adapté pour le live. Sur les 4, deux sont des synthétiseurs, le Reface DX (avec synthèse FM) et le CS qui est un VA. Pour un prix légèrement inférieur à la concurrence (390 euros environ), nous avons un instrument plus dépouillé et avec moins de fonction mais avec une très belle personnalité sonore et une meilleure fabrication (clavier beaucoup plus agréable que le microkorg !). Pas de presets, toutes les fonctions en façade, c’est un instrument à l’approche assez old school ! À vous de voir ce que vous cherchez.

Autres synthèses

Je ne mentionne pas les propositions de Korg en la mastère (OPsix, Wavestate) car le constructeur japonnais les remplace actuellement par des modèles plus haut de gamme.

Yamaha Reface DX. Des presets ! à vous de voir si vous aimez la FM. Malheuremsement pas compatible contrairement à la Volca FM avec les presets d’origine du DX7. Prix indicatif: 370€

Arturia MiniFreak. Le grand frère du microfreak (pas mentionné à cause de son clavier). Un synthétiseur hybride, numérique avec des filtres analogiques. Pour 550€, une alternative très sérieuses aux analogiques et VA en terme de personnalité sonore.

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