Comme vous le savez certainement, j’ai une affection particulière pour le format 45 tours. Cela me joue des tours car il est impossible de trouver des bonnes solutions pour les ranger ! Ma sympathie pour les formats courts vient peut être d’aimer (et passer) la musique qui se danse. L’autre raison est à chercher du coté de la structure même du single en 7 pouces: deux morceaux, un par face, pas d’obligation d’être cohérent. Je vous propose aujourd’hui sur le site un autre exemple de morceau groovy et ondoyant: Scotch on the Socks des Shadows, publié en 1966 par Columbia.
Nous connaissons tous un peu les Shadows. Ils sont peut être l’un des premiers grands groupes britanniques avant les Beatles. Hank Marvin et sa stratocaster furent un mythe important du rock anglais du début des années 60. Avec des groupes comme les Tornados (produit par Joe Meek) ils font connaître le rock en Europe et créent de nombreuses vocations ! Apache, leur chanson la plus connue, est écrite par Jerry Lordan et initialement interprétée par Bert Weedon. La version de ce dernier, bien qu’enregistrée avant, sort à peu près en même temps que celle des Shadows, en 1960. Apache sera un tube pour ces derniers mais Marvin et Bruce Welch rendront la pareille à Weedon en lui écrivant un morceau (Mr Guitar). Treize ans plus tard, The Incredible Bongo Band reprendront à leur tour Apache et écriront avec une autre page d’histoire en créant un des premiers breakbeats du hip hop !
Mais revenons en Angleterre dans les années soixante. Il se passe énormément de choses entre 1960 et 1966. Le monde est pris d’une frénésie Beatles et les Etats Unis capitulent, un temps, devant la British Invasion. Celle-ci prend des formes multiples. Au delà du merseybeat, les formations britanniques s’inspirent ainsi du mouvement moderniste et ses appétences pour la soul motown et le jazz. Les Shadows ont bien du mal à rester dans le coup mais tentent néanmoins des choses intéressantes.
Scotch on the Socks est la face B de l’anodine The Dreams I Dream. Le disque paraît uniquement en 45 tours dans les années soixante, avant de figurer dix ans plus tard sur une compilation de raretés. Le titre est une petite merveille de groove avec une rythmique particulièrement entrainante et une ambiance survoltée. Les deux guitares du groupe y font merveilles et sont traitées d’une manière très originale ! Le titre convoque une version six-cordes de l’immense Bert’s Apple Crumble de The Quik.
J’ai découvert ce morceau il y a une quinzaine d’années sur l’excellente compilation Take My Tip – 25 British Mod Artefacts From The EMI Vaults (lien discogs). Cette dernière figure dans une excellente série éditée par Zonophone vers 2007. Nous y retrouvons aussi par exemple: Nervous Tension, Insane Times et Burning Sounds. Je recommande les 4 !
