Aujourd’hui intéressons nous à une jolie curiosité des années 80: le très pop Electric Dreams de Steve Barron. Sorti en 1984, écrit par Rusty Lemorande et produit par Virgin, ce film est une comédie romantique où intervient un facétieux ordinateur personnel.
Bien avant Matrix (1999) ou Her (2013) le développement informatique a suscité des scénarios extravagants. Si 2001, L’odyssée de l’Espace (1968) en est un des pionniers notables, l’arrivée des ordinateurs personnels dans les familles à la fin des 70s, comme le PET (1977) de Commodore modifie le rapport du public à l’informatique. Dans ce contexte, l’ordinateur peut devenir l’ennemi (Termintor, 1984) ou la complice (Weird Science, Une Créature de Rêve, 1985). Electric Dreams (1984) est filmé dans ce contexte, avec en tête le succès de Wargames (1983) l’année précédente.
Si le Britannique Steve Barron est alors un réalisateur de films débutant, le cinéaste a déjà roulé sa bosse dans la musique et dans le medium du clip. Avant Gondry ou Jonze, Barron est un nom recherché des grands de la pop de l’époque. Vous connaissez d’ailleurs forcément son travail ! Il est en effet derrière la camera de Billy Jean (1983) de Michael Jackson et Take on Me (1985) de A-Ha. En plus de ces deux réalisations particulièrement prestigieuses, inscrites dans l’inconscient collectif, Steve Barron tourne notamment pour Human League (Don’t You Want Me), Heaven 17 (Let me Go), Fleetwood Mac (Hold Me), The Jam (Going Underground), Joe Jackson (Steppin’ Out), Toto (Africa) ou Madonna (Burning up).
Le scénario est de Rusty Lemorande. Si ce dernier n’a pas fait une carrière mémorable, au début des années 80 il peut se targuer d’une participation active à Caddyshack (Le Golf en Folie, 1980) et Yentl (1983). Barron et Lemorande arrivent à avoir Virgin à la production du film. La branche cinématographique de la société de Richard Branson produira peu mais aura tout de même le temps de financer le morne 1984 (1984).
Electric Dreams est heureusement autrement plus sympathique et léger ! Sans dévoiler l’ensemble de l’intrigue, il s’agit d’une comédie romantique où un facétieux ordinateur joue les troubles fêtes. Le film est porté par une bande originale où se côtoient les stars de l’époque. Au générique nous retrouvons ainsi Giorgio Moroder, devenu une valeur sûr du cinéma suite à ses participations à Midnight Express (1978) ou American Gigolo (1980). Le casting est complété par – excusez du peu – Jeff Lynne (ELO), Culture Club, Phil Oakey (Human League), Heaven 17 ou plus étonnant, la chanteuse soul P.P. Arnold.
À ce casting musical trois étoiles, répond des acteurs moins connus, une volonté du réalisateurs. Nous retrouvons ainsi dans les rôles principaux Lenny Von Dohlen et Virginia Madsen. Le premier fait surtout carrière dans le théâtre mais joue notamment dans quelques épisodes de la série Le Caméléon de la saison 4. De son coté Virginia Madsen s’impose d’avantage dans nos écrans avec notamment l’un des rôles principaux (si ce n’est le principal) de l’excellent film d’horreur Candyman (1992). En plus des deux acteurs principaux, Bud Cort joue un rôle essentiel: doublier l’ordinateur. Il s’agit là du véritable troisième personnage du film ! L’expérience de l’acteur (MASH ou Harold et Maude) est un atout indéniable pour la personnalité de l’ordinateur. Bud Cort sort alors d’un terrible accident qui lui a coûté ses économies en plus de l’immobiliser plusieurs années.
Sans être un film exceptionnel, Electric Dreams tient ses promesses. Il s’agit d’un bon divertissement qui plaira particulièrement à ceux qui s’intéressent à la culture pop des années 80. Principal défaut: je trouve que l’aspect comédie romantique ne fonctionne pas particulièrement bien. J’ai le sentiment qu’une bonne romcom nécessite une écriture affutée (et deux excellents acteurs) pour faire passer à l’image l’alchimie entre les deux protagonistes. Ici c’est plutôt quelconque. La vraie star d’Electric Dreams est indéniablement l’ordinateur ! En plus de la voix de Bud Cort, ce dernier peut compter sur les plans très originaux (et réussis) de Steve Barron pour le mettre en valeur. En plus de ce personnage, la musique est un autre atout du film. D’ailleurs le décalage de calendrier entre le film et la sortie du disque n’aura certainement pas aidé le film à se faire une place au soleil.
Electric Dreams souffre ainsi certainement des défauts d’un premier film mais compense aussi par quelques bonnes idées de réalisation de la part de Steve Barron. Formellement Electric Dreams retranscrit bien les passions de son époque. Le sujet est rigolo et bien mené. Forcément certaines idées ont vieillis (et d’autres à l’inverse sont très modernes !). D’une manière générale, Electric Dreams est une bonne série B, une curiosité à regarder pour se faire plaisir et profiter d’une bande originale pop plus 80s que les épaulettes et les jeans neiges réunis !
note personnelle: 3,5/5