Confidence pour Confidence de Jean Schultheis a connu récemment une deuxième vie grâce à une publicité pour des supermarchés. Il serait facile de se contenter de cette chanson pour cataloguer le chanteur français en représentant second tiers de la variété française des années 80. Schultheis a pourtant eu un parcours assez atypique et creuser dans sa discographie réserve quelques bonnes surprises. Récemment nous évoquions ainsi Bébé Bop dans notre playlist dédiée au french boogie.
Dans un de mes récents passages chez Plus de Bruit, j’ai acquis Spectacles de l’intéressé. Pour être sincère je l’ai confondu avec Grandir que j’ai récemment ajouté à ma wantlist discogs ! Les deux albums sont situés avant et après l’album le plus connu de Jean Schultheis: Abracadabra (1981) qui contient le fameux tube que nous mentionnons en introduction. Spectacles est son premier véritable album solo.
Jean Schultheis, comme d’autres musiciens de sa génération, notamment Pierre Bachelet, travaille beaucoup dans l’illustration sonore. Les deux composent d’ailleurs ensemble sur la bande originale de Coup de Tête (1978). Il participe aussi à The Peppers, un groupe de la même galaxie que Résonance. Le chanteur, né à Casablanca en 1943, est actif dans la scène rock underground dès la fin des années 60. Il joue ainsi dans Balthazar (avec Pierre Fanen de Triangle !) puis Trust avec d’autres excellents musiciens de cette période: Jacky Chalard (Dynastie Crisis), Charles Benarroch (Zoo) et Denys Lable (passé par les Sharks) ! Dans les seventies, en plus de son travail pour l’illustration sonore, i contribue à des disques de jazz (Giant) ou de disco (Rosebud), il se rapproche de Flamophone sur lequel sort ses trois premiers albums.
Flamophone, monté par Claude Puterflam, est étonnante histoire des années 70. Label indépendant, le navire semble maintenu à flot grâce à des tubes comme Confidence pour Confidence de Jean Schultheis ou Gwendolina de Puterflam. Le label tente aussi des coups comme le single Chose Molle de Sublime Deluxe, Señor Moog, Bubble Gum, Kroupmoll, ou la pépite glam de Vicky Fury. Flamophone accueille aussi quelques fleurons de la pop française des années 60-70: le magnifique duo Ilous & Decuyper et le génial groupe Le Système Crapoutchik.
La place de Schultheis dans cette bande d’allumés est tout à fait justifiée. Spectacles a d’ailleurs toute sa légitimité dans cette discographie hétéroclite. L’album est un produit de la seconde moitié des années 70. La musique de Jean Schultheis y convoque des gens comme Michel Jonasz, Michel Berger ou Billy Joel. Bref, on sent tout de suite l’approche composition au piano ! L’affaire est intéressante mais frustrante. Je trouve que Spectacles n’offre pas une expérience satisfaisante sur la longueur mais dessine pourtant de belles choses à l’occasion.
Deux morceaux funky se dégagent clairement du lot: Quand je chante en Yaourt et Ma Main. La première reste d’une étonnante actualité ! Elle évoque en effet l’usage du français dans la musique pop. Ma Main est peut être encore plus réussi avec un groove AOR très cool. Le morceau aurait sa place sur une compilation dédiée au genre dans la francophonie ! La face A est un peu difficile, la B se défend un peu mieux. Après vous Sifflerez a ses moments, quelques bonnes idées de changements d’accord, tandis que Bip Bip amène une légèreté qui manque parfois par ailleurs (probablement un de mes morceaux préférés du disque).
Spectacles de Jean Schultheis est donc un album inégal mais non sans charme. Son écoute est peu accidentée mais il y a quelques moments de bravoure qui méritent certainement que le disque soit évoqué ici positivement ! Bref arrêtons de penser que Schultheis n’a fait que Confidence Pour Confidence !
Note personnelle: 3/5
PS: je n’ai pas trouvé les morceaux qui me plaisaient sur youtube d’où leur absence !