Le 7 mars 2024, Spotify France a publié une déclaration pour le moins provocatrice et agressive. Loin d’être une rupture, celle-ci participe à une stratégie globale du site de streaming suédois. Elle fait ainsi suite à un sacré coup de canif dans le contrat confiance: la non rémunération des artistes en dessous de 1000 streams.
Toujours en recherche d’un modèle économique
C’est une constante dans l’actualité (Vice, Pitchfork…), Spotify se cherche toujours un modèle économique pérenne. Malgré quelques trimestres bénéficiaires, l’entreprise perd toujours de l’argent. Pourtant les rémunérations des artistes ne sont pas particulièrement impressionnantes et ont largement contribués à la disparition d’une classe moyenne de la musique en Europe. La règle, entrée en vigueur en janvier 2024, des 1000 streams est un nouveau coup de massue pour le secteur et un très mauvais message.
la déclaration de spotify France le 7 mars 2024
La société suédoise impute la future augmentation du prix de l’abonnement premium à une taxe imposée par l’état français en vue de financer le CNM (Centre National de la Musique). Ce centre est inspiré de celui dédié au cinéma (le CNC), son utilité peut clairement être débattu mais je ne pense pas que ce soit le rôle de Spotify que d’en contester le bénéfice en mobilisant ses clients. Plusieurs paragraphes évoquent ainsi le fonctionnement du CNM (notamment le coût de l’administratif) et son futur rôle: en quoi ça regarde Spotify? De surcroit, cette contribution serait de l’ordre de 15 millions d’euros (selon la déclaration de Spotify) ce qui représente moins de 1,6€ par utilisateur (plus de 9 millions en France) et par an, soit 13 centimes par mois ! Nous sommes loin de l’hécatombe que laisse entendre le site suédois. De combien sera l’augmentation en conséquence de Spotify ?
une entreprise en lutte contre les états
Celui-ci a , en représailles, arrêté de financer (via la publicité) un certain nombre de festivals français. Nous voyons ici très bien se dessiner une stratégie de la part de Spotify: celle de lutter contre l’influence des états. Bien évidemment, leur rôle est néfaste d’après le site de streaming, pourtant les états sont les rares garde-fous qu’ils nous restent face à des GAFA et cie dont le pouvoir excède bien souvent celui des institutions. Spotify fait ainsi porter le chapeau d’une augmentation à l’état français pour mobiliser à leur coté une partie de l’opinion public. Le site passe cependant sous silence son système de rémunération opaque et injuste (la règle des 1000 streams) auprès de ces clients. C’est évidemment particulièrement malhonnête et malfaisant.
Spotify n’aime pas la musique
Si Spotify a beaucoup investit dans son interface, ses algorithmes et ses fonctions gadgets (la dernière en date: Song Psychic !) mais nettement moins pour aider à trouver un modèle de rémunération plus juste des musiciens. Spotify, par exemple, n’est pas en première ligne pour défendre l’user centric dans le streaming. Le géant suédois travaille beaucoup l’accessibilité mais pas celles des informations complémentaires (labels, producteurs, arrangeurs). Bref comment imaginer que Spotify défende réellement les intérêts des musiciens comme la déclaration le prétend crânement ?
Ci-dessous, la copie de la déclaration, pour que vous puissiez vous faire une idée plus précise de son contenu.
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