PLAYLIST: Atlantic Records (1964-1969)

Aujourd’hui, la playlist dominicale s’attaque à un monument, que dis-je, un rock ! J’ai nommé Atlantic Records.

Le label est fondé en 1947 par Ahmet Ertegün et Herb Abramson. Le premier est d’origine turque tandis que le second vient d’une famille juive. Ensemble les deux producteurs veulent sortir des disques de blues et de jazz. L’histoire prend cependant un tournant entre 1953 et 1955. Avec la mobilisation d’Abramson, Ahmet recrute le journaliste Jerry Wexler et son frère Nesuhi Ertegün. Après avoir fondé ATCO, Abramson finit par revendre ses parts à Nesuhi.

Sous l’impulsion de cette nouvelle direction, Atlantic s’intéresse au doo-wop et signe de nombreux hits grâce à des groupes comme les Coasters ou les Drifters. Ray Charles rejoint également le label avant de partir chez ABC au tout début des années 60. Coté jazz le label fait de très belles signatures avec John Coltrane ou Charles Mingus.

Dans les années 60, Atlantic devient l’une des plus grosses maisons de disques dans la musique afro-américaine. Son catalogue stellaire est de plus accompagné d’une distribution très efficace à travers les Etats Unis. À travers celle-ci, le label peut sentir les tendances et repérer les talents. Contrairement à de nombreux labels (Motown, Stax, Chess etc.), Atlantic fait ainsi régulièrement appel à des producteurs/musiciens extérieurs au label. C’est ainsi qu’ils envoient Wilson Pickett enregistré chez Stax ou Aretha Franklin chez Muscle Shoals. Dans les années 70 ils en feront de même avec les Spinners.

Si Atlantic a un son moins identifiable que d’autres, le label arrive aussi à mieux rebondir et être moins dépendant des modes. Ahmet Ertegün diversifie aussi le catalogue du label à la fin des années 60 en faisant une politique de signatures rock très ambitieuse. Parmi les premiers noms figurent ainsi Led Zeppelin. Il y aura aussi Buffalo Springfield, Crosby Stills and Nash ou Cream.

Dans les années 70, Atlantic devient un des piliers d’une des grandes majors du disque: WEA pour Warner, Elektra et Atlantic. Le label survit ainsi à travers Warner Bros depuis. Dans les années 80 et début 90, il reste toujours un nom important de la musique afro-américaine et des genres qui en découlent.

Pour cette playlist je vous propose de découvrir quelques merveilles du catalogue d’Atlantic (propre et via la distribution) de la seconde moitié des années 60.

01 – Aretha Franklin “The Weight” (1969)

Excellente reprise d’un morceau de The Band par la reine Aretha Franklin. Aux arrangements nous retrouvons Arif Mardin tandis que la production est assurée par nul autre que Jerry Wexler et Tom Dowd.

02 – Wilson Pickett “Land of 1000 Dances” (1966)

L’une des meilleures versions de ce morceau écrit (et initialement interprété) par Chris Kenner. Cependant toutes les versions ultérieures doivent beaucoup aux ajouts de Cannibal and the Headhunters ! Wilson Pickett n’a pas la richesse vocale d’un Otis Redding mais c’est un shouter de premier ordre qui sait faire monter la pression et envoyer du bois. Derrière lui la crème du son southern soul: la section rythmique du studio Muscle Shoals et les Memphis Horn !

03 – Tyrone Davis “Can I Change my Mind” (1968)

Atlantic en plus d’avoir son propre catalogue, distribuait de nombreux labels. Parmi eux il y avait Dakar, un label de Chicago. C’est là qu’était signé Tyrone Davis. Can I Change My Mind sort fin 1968 et devient un hit l’année suivante. C’est une merveille de chicago-soul !

04 – Archie Bell and the Drells “(There’s gonna be a) Showdown” (1968)

Atlantic, grâce à son réseau de distribution, était au fait des tendances et capables d’envoyer des groupes enregistrés à travers le pays. C’est ainsi qu’ Archie Bell and the Drells, un groupe du Texas, se retrouvent à enregistrer à Philadelphie avec la crème de la philly soul: Gamble & Huff. Des chansons comme I can’t stop dancing ou la magnifique (there‘s gonna be a) showdown permettent au duo de compositeurs de se faire un nom.

05 – King Curtis “Memphis Soul Stew” (1967)

King Curtis enregistre pour Atlantic dès la fin des années cinquante. Après un rapide passage chez Enjoy puis Capitol Records, il retourne chez Atlantic et signe les deux plus grands succès de sa carrière en 1967. Parmi ceux-là figure la géniale Memphis Soul Stew ci-dessus. Il devient ensuite arrangeur et directeur d’enregistrement mais n’aura pas vraiment le temps d’y faire carrière. Il décède dans une bagarre avec des dealers en bas de chez lui en 1971 pendant l’enregistrement de l’album Imagine de John Lennon.

06 – The Capitols “Cool Jerk” (1966)

Comme pour le 45 tours de Tyrone Davis, Cool Jerk des Capitols est initialement sorti sur le label local Karen Records. Celui-ci était distribué par ATCO (et donc Atlantic). La chanson a été enregistrée avec l’aide des Funk Brothers, les musiciens de studio de la Motown qui enregistraient en cachette de Berry Gordy pour d’autres artistes de Detroit. Les deux albums du groupe sont sur ATCO.

07 – Googie Rene Combo “Smokey Joe’s la la” (1966)

Un autre morceau distribué par Atlantic plutôt que produit par ces derniers: Smokey Joe’s La La de Googie René. Le morceau est sorti sur Class Records, un label d’Hollywood dirigé par le père du musicien lui même ! Un petit classique underground instrumental du meilleur effet !

08 – Don Covay “Sookie Sookie” (1966)

Don Covay était lui signé chez Atlantic. Pour sa chanson Sookie Sookie, il collabore avec Steve Cropper, guitariste du backing band du label Stax. Les deux musiciens co-signent aussi ensemble le classique See-Saw. Ces deux chansons sont peut-être plus connues à travers leurs reprises par Steppenwolf et Aretha Franklin respectivement.

09 – Solomon Burke “Everybody needs somebody to love” (1964)

Un autre chanteur très important du catalogue Atlantic des années 60: Solomon Burke. Il écrit, avec Bert Berns et Jerry Wexler, la chanson everybody needs somebody to love. Un vrai classique de la soul des années soixante, repris par un paquet de monde: Wilson Pickett, les Rolling Stones ou les Blues Brothers !

10 – Arthur Conley “Sweet Soul Music” (1967)

Arthur Conley n’a pas eu la carrière qu’il méritait. Petit protégé de nul autre qu’Otis Redding, il décroche cependant la timbale en 1967 avec le hit Sweet Soul Music. Celui ci est enregistré aux studios du label Fame.

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