45 TOURS: Dr. John “Jet Set” (Streetwise, 1984)

Edité par Streetwise aux Etats Unis et Beggars Banquet en Angleterre, Jet Set de Dr. John est une sacrée curiosité. Loin d’être anecdotique, ce morceau confronte l’univers du chanteur de Louisiane avec l’electro-funk, la dance-music contemporaine de cette première moitié des années 80.

Dr. John est en 1984 riche d’une belle carrière. Né en 1941, il se fait un nom à la fin des années 60 avec une musique syncrétique typique de la Nouvelle Orléans. Mélange d’esprit Voodoo, rhythm & blues et psychédélisme, ses premiers albums sont aussi singuliers qu’intéressants. Jusqu’au milieu des années 70, le docteur livre d’excellents albums, souvent avec l’appuie des Meters en backing band !

S’il est plus foufou qu’un groupe comme Little Feat, Dr. John défend aussi une musique proche de ses racines. Le voir collaborer à une production aussi synthétique que jet set est donc en soi une étonnante surprise. La stupéfaction ne s’arrête pas là ! Ce morceau, sans être un classique, tient franchement bien la route. La voix du docteur y est toujours très expressive et contraste bien avec une production soignée et maitrisée.

Derrière ce 45 tours (hors album) nous retrouvons le producteur Edward Fletcher, aussi connu sous le nom de Duke Bootee. Membre des Furious Five de Grandmaster Flash, il co-signe le classique The Message. Il se lance ensuite dans la production electro-funk avec un certain talent (Live Wire). Je serai très intéressé de savoir ce qui a amené ces deux là à se rencontrer et faire ce disque ensemble, en tout cas jet set est vraiment cool !

Le morceau surprend par sa production typique de la période. Il y a certes une guitare un peu perdue dans le mixage mais le reste respire les années 80. La rythmique produite par la boîte à rythmes est lourde ! La ligne de basse synthétique est simple et hyper efficace. Le morceau se part de nombreux détails ear candy des plus sympathiques. Cela pourrait virer à la parodie mais jet set se tient très bien. Ne figurant pas sur un album à l’époque, le morceau est un OVNI dans la carrière tardive de Dr. John. Je n’ai pas connaissance d’autres chansons de ce style chez le bon vieux doc dans les années 80-90, mais peut-être que je me trompe ? En tout cas cette collaboration étrange sur le papier fonctionne très bien.