Après Dr. John lundi et Freeez mercredi, continuons cette semaine dédiée à l’electro-funk et ses variantes (freestyle etc.) avec l’unique single du groupe Hot Streak, Body Work, paru en 1983. Si le groupe n’a pas construit une riche discographie, ce morceau est néanmoins un véritable classique, non sans raisons !
Un an après sa sortie, Body Work d’Hot Streak apparait dans le film culte Breakin’ (1984). Ce long-métrage fait parti des premières tentatives pour surfer sur la mode du breakdancing. Au milieu des années 80, la danse a le vent en poupe et figure au menu de nombreux autres films, parfois aussi sur le hip hop: Beat Street (1984), Krush Groove (1985), Delivery Boys (1984), Wild Style (1983) sans oublier le mythique documentaire Style Wars (1983).
Beaucoup de jeunes découvrent ainsi la dance et cette nouvelle musique à travers les différents long-métrages. Dans Breakin’ Hot Streak côtoie, par exemple, Ice-T, Chris “The Glove” Taylor ou Ollie & Jerry (des ex de Raydio, le groupe de Ray Parker Jr.). Body Work incarne un changement d’époque. Dans la scène de danse jazz-funk britannique, les morceaux organiques sont progressivement supplantés par ce nouveau son electro-funk (etc.) dont Hot Streak est un des chantres.
Pourtant, derrière Hot Streak, nous retrouvons des musiciens expérimentés. Une partie d’entre eux provient en effet du groupe Pure Energy, auteur d’un album en 1980 et de plusieurs maxis jusqu’en 1984. Curtis Hudson écrit la chanson et la produit en compagnie de Lisa Stevens. Le duo sera à la manœuvre pour Holiday de Madonna (écriture, réalisation de la démo originale) ! Ils ne sont pas les seuls impliqués dans les deux disques. Jellybean Benitez (ici il assure le mixage et un peu de production) est aussi de la partie. Le disc-jockey du Funhouse démarre alors une carrière de producteur. Fred Zarr l’accompagne bien évidemment. Sont également impliqué dans l’enregistrement: Bashiri Johnson (percussion), Derrick DuPree (lead vocal), Ray Hudson (backing vocal) et Lauriece Hudson (backing vocal).
Tout ce beau monde signe un super morceau, à la fois funky et électronique. S’agit-il d’electro-funk ? Il n’en coche pas toutes les cases mais en a certainement quelques traits. Le vocodeur, très robotique, répond aux productions de Kraftwerk ou Afrika Bambaataa. La boîte rythme est bien présente mais n’est pas une TR-808. Nous sommes plus dans les territoires Linndrum ou DMX ! Surtout le morceau est plus groovy et chaleureux que les productions electro-funk typique malgré une voix volontairement presque martial (assez géniale). La présence de percussions jouées et d’un lead de synthé frétillant apportent, de même, un peu de légèreté et de vie à l’ensemble.
Si le morceau a connu aussi une telle longévité, c’est aussi à travers les samples. Selon le site Whosampled, plus de 40 productions ont échantillonné le morceau. La plus connue d’entre elle est évidemment Lose Control de Missy Elliott mais elle ne fut pas la seule: Purple Disco Machine, Superfunk et bien sûr Les Rythmes Digitales avec l’excellente Music Makes You Lose Control. Le vinyle n’étant pas très rare, j’ai accumulé quelques pressages (espagnol, anglais et néerlandais) qui illustrent cet article!