Deux ans après La Planète des Singes (1968), le film connaît une suite et installe une franchise populaire pendant les années 70. Le Secret de La Planète des Singes (1970) connaît un certain succès populaire mais n’a certainement pas la grâce du film original. Faut-il pour autant le bouder ?
Avec la prouesse commerciale de La Planète des Singes (1968), une suite est rapidement mise en chantier. Une partie de l’équipe est remplacée. Ted Post remplace Franklin Schaffner à la réalisation. La musique est confiée à Leonard Rosenman, pour un résultat honnête mais pas aussi mémorable et marquant que la partition de Jerry Goldsmith pour le précédent. Le scénario est écrit par Mort Abrahams et Paul Dehn, en lieu et place de Rod Serling et Michael Wilson.
Si l’équipe derrière le film change conséquemment, on retrouve la plupart des acteurs du premier dont Chartlon Eston (Taylor), Kim Hunter (Zira), Maurice Evans (Zaïus) ou Linda Harrison (Nova). Le film se focalise cependant un nouveau venu, Brent, joué par James Franciscus. Comme Taylor, Brent est un astronaute venu de la terre. Leurs personnages respectifs se ressemblent beaucoup ! Il vient secourir Taylor qui apparaît donc aussi dans le film (au début et à la fin) dans un rôle secondaire.
Il y a vraiment une logique de refaire un film dans l’univers de la Planète des Singes, l’œuvre de Pierre Boulle me semble être un support magnifique pour raconter de nombreuses histoires. Le premier film pose de nombreuses questions, pourtant Le Secret de La Planète des Singes répond à une interrogation que je ne me posais pas.
Nous suivons donc Brent, accompagné de Nova. Il part en quête de Taylor, d’abord dans la cité des singes puis dans une zone interdite. La première partie du film ressemble donc à une redite du premier film: Brent découvre à son tour l’inversion entre singes et humains, s’échappent etc. Le Secret de la Planète des Singes prend en revanche un tournant très différent quand l’explorateur pénètre la fameuse zone interdite. Nous y découvrons ses habitants et leur drôle de culte.
Cette deuxième partie a ses qualités et ses défauts. Le Secret de la Planète des Singes fait un virage vers la SF traditionnelle (à base de monstres, caves, bidules électroniques), plus kitsch et vieillot que l’univers du film de 1968. Ce passage a aussi ses qualités dont une scène assez géniale de messe (musique et textes vraiment réussis). Le film se conclue en apothéose avec le choix le plus nihiliste qui soi !
Comme son prédécesseur Le Secret de la Planète des Singes a un sous texte politique. Ici il est beaucoup questions d’antimilitarisme et bombe nucléaire. Il y a par exemple une scène ridicule de manifestation de singes en protestation d’une campagne militaire. Globalement je trouve cet aspect du film bien moins maitrisé et subtile que dans le premier. On s’éloigne ici encore un peu plus du réalisme y compris dans les motivations de certaines actions. Bref je trouve que ce film respecte un peu moins une cohérence générale de l’univers.
Le film affiche aussi un moindre budget, ça n’aide pas, mais ce n’est pas la catastrophe non plus (sauf les costumes en arrière plan des singes). Je pense que les vrais problèmes sont avant tout au niveau du scénario et ce que cherche à dire Le Secret de la Planète des Singes. Si la conclusion peut interpeller, l’ensemble du film manque de panache et de force. Il semble surtout surfer sur le succès du premier, plutôt que tenter d’étendre et raffiner l’univers. C’est dommage !
Pour autant, Le Secret de la Planète des Singes reste un film assez divertissant et pas désagréable à regarder. Il n’a cependant pas les qualités si particulières du premier qui en faisaient une œuvre culte du cinéma de science fiction. Là nous sommes sur une série B correcte: c’est déjà pas si mal mais forcément décevant au regard de La Planète des Singes (1968).
note personnelle: 3/5