Nanette Workman (wikipedia) est une figure atypique du de la pop québécoise et francophone. Etatsunienne, née en 1945 dans le Bronx, dans une famille de musiciens (père trompettiste et mère choriste), elle débarque dans la belle province en 1965 par l’intermédiaire de Tony Roman qui signe la chanteuse sur son label Canusa. Si elle signe de nombreux disques en solo, elle se fait surtout connaître à la fin des années 60 et début des années 70 pour son travail de choriste. Elle accompagne notamment avec les Rolling Stones, Gary Wright, Mahogany Rush, des ex-Beatles (Ringo Starr et John Lennon), Johnny Hallyday (avec qui elle entretient une relation) etc.
Sa carrière de chanteuse décolle au milieu des années 70 notamment grâce à cet album paru en 1975. Intitulé Lady Marmelade au Québec, il perd son titre en France ainsi que la chanson homonyme (une reprise de Labelle) ! Pratique courante à l’époque (Diane Tell, Patsy Gallant en ont aussi fait les frais), le pressage québécois et français ne sont pas dans le même ordre et ne comprennent pas exactement les mêmes morceaux. Ajoutez à cela qu’il existe aussi une version anglophone !
Nanette Workman (1975) est une drôle d’affaire. En plus de son séquençage tronqué, le disque hésite entre différent style, passant d’une ballade puissante (Shame on You) à des morceaux de hard rock vicieux (Pas Fou, Super Lady etc.) ou des pépites funky. L’album sonne cependant sacrément bien, Nanette y est accompagnée de très bons musiciens ! Parmi eux mentionnons: Angelo Finaldi (Les Sinners, La Révolution Française), Christian Simard (Morse Code) ou Denis Lepage (Lime, Le Pouls).
Tout ce beau monde signe un album énergique, populaire et très rock. Nanette Workman a une voix puissante et rauque qui colle parfaitement à ce son électrique et bluesy. Sa musique me fait ainsi parfois penser à celle d’Offenbach ou certains morceaux de Dynastie Crisis en France. Mes morceaux préférés s’écartent cependant de ce schéma. Il y a la pépite funky francophone baby boom et son piano électrique ondoyant. If it Wasn’t for the Money (co-écrite par Boule Noire) s’inscrit aussi dans cette veine avec succès ! Dans un registre différent, Rappelle Toi propose une ballade somptueuse. Son mellotron amène une coloration quasi psychédélique et progressive à l’ensemble.
Cet album de 1975 manque peut-être d’un soupçon de cohérence mais reste un très bel écrin pour la voix fantastique de Nanette Workman. Le séquençage (et certains morceaux plus moyens) ne rend en effet pas forcément justice à la qualité des musiciens, de l’enregistrement et de la prestation de la chanteuse nord américaine. Nanette Workman est en tout cas un excellent aperçu de la qualité des musiciens québécois et leur capacité à s’inspirer de la musique étatsunienne tout en y amenant une sensibilité francophone spécifique (même avec une chanteuse anglophone).
note personnelle: 3,5/5
PS: Il s’agit du scan de la pochette canadienne (trouvée ici). Visuellement, la seule différence réside dans l’absence du titre Lady Marmelade sur le pressage français !