Après The Children of Scorpio (2022), Project Gemini, l’alias musical du britannique Paul Osborne, est revenu cette année avec Colours & Light (2024). L’artiste est toujours signé chez les Anglais de Mr Bongo. Un choix logique: le catalogue de la structure héberge certainement d’autres huluberlus notables dont Kit Sebastian (qui ont sont signés chez Brainfeeder désormais), Sven Wunder ou SOYUZ.
Si Paul Osborne est plutôt un novice sur le plan musical (il n’avait rien sorti avant les disques de Project Gemini) il est un contributeur régulier du magazine Shindig! bien connu des adeptes de musique sixties à travers le monde ! Cette connexion se retrouve également dans ce disque, nous y croisons en effet Andy Morten (également dans les Bronco Bullfrog) qui supervise la revue avec Jon “Mojo” Mills. Ce dernier y reprend sa casquette de graphiste pour un résultat fort réussi. Notons aussi la présence du guitariste Barry Cadogan de Little Barrie et mercenaire pour Primal Scream ou Paul Weller. La chanteuse française Wendy Martinez est une autre invitée de choix. En plus d’un album solo chez Le Pop Club, elle participe à l’aventure Gloria, notamment au coté de Kid Victrola également présent sur Colours & Light.
Maintenant que les présentations sont faites, rentrons dans le vif du sujet. Pour celles et ceux qui avaient raté le premier épisode (dont je fais parti), Project Gemini explore le son des bandes originales des années 60/70. Nous avons une musique très cinématographique avec des touches funky ou folky, quelques synthés, des guitares acides…
La musique est ici souvent instrumentale mais Project Gemini s’autorise quelques chansons. Nous pensons alors très vite à The Soundcarriers. C’est notamment le cas sur l’excellent morceau introductif qui aurait vraiment pu figurer sur Entropicalia (2014) ou le récent Though Other Reflections (2024). Il me fait aussi penser à la géniale Le Vieux de la Montagne (1975) de Danyel Gérard. Sur Extra Nuit (avec Wendy Martinez et Kid Victrola), Project Gemini imagine une suite à Melody Nelson (1971) de Gainsbourg. The Last Midnight dialogue avec le Goblin tandis que Lost in Woods aurait sa place dans la bande originale de The Wickerman (1973). L’excellente The Sun Devil plaira certainement aux amateurs de Death In Vegas et constitue un des sommets de cet album. Project Gemini rappelle la chanteuse française sur la superbe Entre Chien et Loup, indéniablement un des plus beaux morceaux de Colours & Light (peut être mon favoris).
Project Gemini signe ici un album très réussi sur la forme. La production est impeccable: c’est un plaisir d’entendre ces batteries compressées à travers les sillons. Les arrangements sont somptueux, entre synthétiseurs vintages, mellotron, guitares fuzzy, flûtes et percussions à gogo. Les compositions sont également très réussies dans l’ensemble bien qu’un peu inégales. Colours & Light manque ainsi peut être parfois d’un peu de cohérence, mais cela le rend, par ailleurs, plus vivant et surprenant. Une belle réussite qui plaira aux amateurs des Soundcarriers, Broadcast, library music, Sven Wunder, ou Stereolab !
note personnelle: 4/5