Des habitués de la scène garage et punk, les labels allemands et suédois Soundflat (The Norvins, The Ready-Mades, Sheetah et les Weissmullers) et Beluga (Lullies, The Barreracudas) publient conjointement Outlying, le troisième album de The Baron Four. Le groupe britannique a aussi esseimé de nombreux 45 tours sur d’excellents labels tels que State Records, Get Hip ainsi que sur plusieurs structures françaises (Dangerhouse Skylab et Rogue). Derrière ce sobriquet se cache des vétérans (ou presque) de la scène sixties revival. Découvrons lesquels.
Mike Whittaker (chant principal, basse), Joe Eakins (guitare, voix), CK Smith (guitare, voix) et Mole Lambert (batterie, voix) forment désormais l’ossature des Baron Four. Mole est une figure de la musique underground depuis presque 30 ans. En plus de piloter l’un des labels les plus attachants (State Records), le musicien est à la manœuvre d’excellentes formations comme The Mystreated ou The Higher State. De son coté, Mike Whittaker, en plus de multiplier les projets (Jack Cades, Paper Lips, The Capellas), était surtout l’un des membres éminents des regrettés Thee Vicars, un groupe fantastique en live.
Tout ce beau monde s’est réuni au studio North Down Sound (géré par Mole) pour enregistrer un album d’une authenticité déroutante ! Comme chez Toe Rag, le matériel audio remonte le temps jusqu’aux années 60/70. Aucune concession ou presque à la modernité: Outlying sonne comme un album enregistré autour de 1965. Les compositions secondent cette impression. Si le groupe s’autorise une reprise d’un obscur morceau garage (You Need Me des Psycho), elles sont majoritaire signées de Whittaker. Il démontre un véritable talent pour s’approcher de l’essence des sixties.
Les Baron Four pratiquent une pop merseybeat nerveuse avec des petites touches garage-rock, folk-rock et british R&B. Ils évoquent des groupes contemporains comme les excellents Frowning Clouds, les Allah-Las ou les Resonars. Comme ces groupes, les Anglais recherchent à retrouver ce frisson unique d’une bonne chanson nerveuse. Les arrangements sont aussi fort soignés. Il y a un goût certains pour les douze cordes (façon Byrds) et les guitares acoustiques (avec cette répartition typique Beatles d’avoir une électrique et une acoustique).
Outlying ne surprend guère si ce n’est pas l’amour mis dans cette musique ! En effet, il émane une telle passion et envie débordante de ce 33 tours. L’album saisit par sa cohérence et sa qualité générale. Il y a évidemment quelques temps forts, pour ma part j’ai un faible par exemple pour Is This Real, Hypnotized, Who is Who ou l’excellente I See You. Les années passant, la scène sixties s’est un peu tassée mais les Baron Four sont heureusement là pour remettre une pièce dans la machine et réaffirmer haut et fort à quel point cette musique peut être cool, fun et enivrante quand elle est bien faite. Parfois rien de meilleur qu’un bon disque de genre, sans chichis, fait avec le cœur et les trippes. Très bath dans le genre !
note personnelle: 4/5