Aujourd’hui dans notre rubrique cinéma nous vous proposons un film présenté à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard et prix spécial du jury en 2009: Les Chats persans, réalisé et co-écrit par Bahman Ghobadi. Cette œuvre trouve toute sa place ici tant la musique y est un fil rouge et au cœur de l’histoire.
Deux jeunes adultes joués par Ashkan Kooshanejad et Negar Shaghaghi, forme le groupe de rock indépendant Take it To The Hospital et tente de monter un line-up en vue de faire un concert puis de partir d’Iran et fuir la république religieuse. Nous suivons ainsi leurs pérégrinations dans Téhéran à la recherche de musiciens. Ils rencontrent de nombreux autres groupes locaux underground tels que The Yellow Dogs, The Free Keys, Mirza ou encore le rappeur Hichkas. En parallèle de cette quête, les deux musiciens cherchent aussi à se procurer des visas.
Les Chats persans est tourné en DV, sans autorisation et semble parfois improvisé autour de la trame. Les contours sont alors flous entre le drame et le documentaire. La musique indie très pitchfork (et plutôt agaçante malheureusement) de Take It to the Hospital sert souvent de lien entre les différentes scènes, notamment leur morceau Human Jungle. Cette enquête dans les milieux souterrains de la capitale iranienne donne lieu à quelques scènes incroyables (et quelques excellents passages musicaux). Je pense notamment par exemple au groupe de métal (Nik Aeen Band) qui joue dans une ferme ou le groupe de rock indépendant (les Yellow Dogs, très 2000 à la Franz Ferdinand/Radio 4) qui répète sur un toit. Il y a aussi une scène particulièrement marquante où les deux protagonistes se font arrêter par la police car ils ont un chien à bord de leur voiture. Enfin, un personnage secondaire (joué par Hamed Behdad) offre aussi une scène exceptionnelle de négociation au commissariat de police où il est accusé de posséder et revendre des DVD pirates (de films interdits).
Le film de Ghobadi est une plongée dans un monde à la fois éloigné et proche de l’occident. Les jeunes gens y aspirent à une liberté et une vie culturelle que nous avons ici mais sont au prise d’un système bien plus rigide et dur. Le film est beaucoup axé sur la musique. J’apprécie notamment la musique instrumentale live un peu jazz/prog entendue à plusieurs reprises dans Les Chats persans mais dont je n’arrive pas à identifier les auteurs ?
Je trouve que le principal défaut des Chats persans se trouve peut-être dans son scénario. Autant j’apprécie le coté caméra au poing/DVD et l’ambiance documentaire, mais je trouve que le film devient un peu linéaire au bout d’un moment (on rencontre un groupe, puis un autre et encore un autre etc.) et se mord un peu la queue sur la fin. Cela reste une expérience de cinéma assez unique, originale, dynamique et sémillante.
note personnelle: 3,5/5