CINEMA: “Skyfall” (2012) de Sam Mendes

Vingt-troisième épisode la franchise James Bond, Skyfall est souvent considéré comme un des meilleurs films du célèbre espion britannique (par exemple). Je le trouve pour ma part particulièrement raté et je vous explique pourquoi.

Skyfall démarre en trombe sur une excellente scène suivi d’un très bon générique. Celui-ci met dans d’excellentes dispositions: il reprend tous les codes de la série. La chanson d’Adele (co-signée par le producteur Paul Epworth) est excellente. Son approche retro convoque quelques grands titres de la saga, en particulier Goldfinger chanté par Shirley Bassey. La voix d’Adele fait merveille dans ce contexte, bref une réussite !

Le début de Skyfall tient ses promesses. La photographie est superbe (indéniablement le film est beau). Les premières scènes d’action sont lisibles. Sam Mendes nous promet un James Bond (joué par Daniel Craig) plus humain, avec ses faiblesses (un penchant pour l’alcool, ne sait plus viser). Si le scenario manque un peu de cohérence (un sniper avec une balle à l’uranium appauvri?), on est confortablement installé devant les aventures de l’espion britannique entre la Turquie, Shangaï et Macao. Sam Mendes utilise à merveille les décors et joue avec les lumières.

Le tournant de Skyfall se situe sur l’île d’Ha-Shima. Son décors, ayant inspiré Inception (2010) de Christophe Nolan, a le goût de la redite. La mort de Séverine, la James Bond girl de l’épisode, jouée par Bérénice Marlohe, est expédiée sans ménagement avec l’apparition de l’antagoniste de l’épisode. Joué par Javier Bardem (qui fait ce qu’il peut), Raoul Silva ne tient pas ses promesses et fait tomber Skyfall à plat. À ce moment là le film devient une purge beaucoup trop longue, une succession de scènes d’actions décousue et inintéressante jusqu’à un final en mode Maman J’ai raté l’avion assez risible.

En effet, Skyfall ne respecte pas le cahier des charges de la série et s’en éloigne trop au nom d’un supposé réalisme. Très certainement inspiré par la franchise Batman, Mendes tente de donner vie à James Bond et nous livrer quelques éléments de son histoire. Il en est de même pour M (jouée par Judi Dench). Tout ceci est fait au détriment de la construction de l’adversaire de Bond. Rien ne va: motivations (se venger de sa mère de substitution), parcours, méthodes, tout est à coté de la plaque. Qui peut imaginer qu’un ancien agent de terrain se révèle être un crack de l’informatique ? Ne parlons pas de son plan au QG du MI6 ou du nouveau Q, jeune nerd tout droit sorti d’un concert organisé par le NME. Le pire reste Javier Bardem (pas lui en tant qu’acteur), il ressemble souvent plus à un Joker de foire ou un tueur en série psychopathe qu’à un baron international du crime.

Skyfall manque totalement de la dimension géopolitique, si présente dans la série. Usuellement les antagonistes cherchent à conquérir le monde et mettre en place un plan machiavélique pour s’accaparer de nombreuses richesses. Ces desseins les conduisent à toutes les folies, comme des planques au fond de volcan avec du matériel dernier cri. Ici ce sera une île abandonnée avec quelques cartes informatiques, les entrailles à l’air.

En regardant Skyfall, nous ne pouvons que constater qu’il s’agit d’un film d’action générique dont le style et le scénario n’apportent pas la touche James Bond. S’il n’est pas utile de garder tous les fondamentaux de la série, notamment son machisme, Skyfall n’en respecte pas l’essence et se contente du générique et de quelques clins d’œil (souvent gratuits) pour bien nous rappeler que nous sommes dans un James Bond. La gestion de la tension et des enjeux est médiocre. Il me semble incompréhensible de faire de ce trop long et désordonné film, le meilleur de la série, à moins de la détester.

note personnelle: 2/5

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