CINEMA: “Starship Troopers” (1997) de Paul Verhoeven

Après Total Recall (1990) attaquons nous à un autre film SF du Néerlandais Paul Verhoeven. Starship Troopers sort en 1997 et est adapté (librement) d’un roman de Robert A. Heinlein (Etoiles, garde-à vous!). À l’inverse de sa collaboration avec Schwarzenegger, Starship Trooper respecte bien moins le propos d’origine, pour le meilleur.

En 1997, Verhoeven est quelque peu acculé après l’échec de Showgirls (1995), il décide de revenir à un genre qui lui porte chance: la Science Fiction ! Le réalisateur a en effet connu un succès populaire important avec les excellents RoboCop (1987) et Total Recall (1990). Il n’empêche, le Batave ne néglige pas un soupçon de subversion.

Il adapte une œuvre pro militariste et en trafique le sens, mais il ne donne pas toutes les clefs. L’esthétique de Starship Troopers a fait coulé beaucoup d’encre à l’époque, notamment aux Etats Unis; elle est ambivalente. Verhoeven reprend, assurmément, les codes de l’armée nazie, pour dépeindre l’armée terrestre (et l’état militarisé) dans Starship Troopers. Paradoxalement, la société imaginée par Verhoeven est assez égalitaire, notamment sur la question homme/femme. Par ailleurs, le film est très violent et ne décide pas pour vous de la lecture qu’il faut en faire.

Starship Troopers associe à la SF et la violence, des codes de films de guerre des années 60/70/80 (Full Metal Jacket) et des teen movies contemporains (années 90). Son casting comprend quelques acteurs déjà aperçues dans des séries mais aussi des nouvelles têtes. Les rôles principaux sont occupés par Casper Van Dien, Dina Meyer (Beverly Hills 90210), Denise Richards, Jake Busey et Neil Patrick Harris (Dr Doogie). Ils sont accompagnés notamment de Michael Ironside (déjà dans Total Recall) et Clancy Brown (Les Evadés, 1994).

Dans Starship Troopers, Paul Verhoeven oscille ainsi entre de nombreux registres. Cela pourrait brouiller la lisibilité, pourtant le film est limpide. Des flash infos émaillent l’histoire, ils apportent du contexte et contribue à la tonalité du film (sarcastique). L’humanité y affronte une espèce extra-terrestre. Une première lecture nous fait apparaître comme ceux nous défendant contre un casus belli des autres. À bien y regarder, un événement précède l’attaque extra-terrestre et peut aussi servir de point de départ à la guerre. Cet élément de l’intrigue donne corps à l’ambiguïté qui irrigue le film.

En première intention, il est facile de voir Starship Troopers comme un film décérébré pour adolescents. Toutefois, les intentions caustiques de Verhoeven trahissent un autre niveau d’examen. La guerre y est esthétisée mais aussi décrite dans sa plus simple brutalité. Certes les costumes sont beaux, la jeunesse est omniprésente mais tout cela a lourd prix. Les scènes de batailles sont cruelles, épouvantables et froides. Les troupes se font laminées sous nos yeux.

Penser que Starship Troopers encense la guerre et la dictature, c’est lire Scarface ou Le Parrain comme des apologies du banditisme. Si l’œuvre de Verhoeven ne prend pas par la main le spectateur dans sa dénonciation des horreurs, il est évident que ce qui se passe à l’écran n’est pas ce que l’auteur cautionne. Cela rend Starship Troopers délicieusement équivoque. Verhoeven nous laisse libre de l’interprétation, certains détestent, pour ma part, je pense que c’est ici une qualité.

Techniquement, j’ai beaucoup aimé Starship Troopers. Le casting est impeccable, le déroulement et les développements se tiennent et forment une vraie proposition. Il faut souligner aussi la qualité des effets spéciaux ainsi que le design des créatures (très intelligent d’en avoir fait des espèces d’insectes cela nous interroge encore d’avantage sur notre empathie). Pour un film qui affiche plus de 25 ans au compteur, je trouve que l’ensemble encore très immersif.

Reçu avec circonspection à sa sortie, Starship Troopers est pour moi un des grands classiques de Paul Verhoeven. J’y retrouve des qualités similaires à ses autres sorties américaines cultes (Basic Instinct, RoboCop, Total Recall etc.): une envie de sédition (des films de guerre, des teen movies, de la SF…), tout en proposant un divertissement efficace, jubilatoire et très bien fait. Je pense, pour ma part, que le procès en nazisme relève ici d’une totale incompréhension, matinée de pudibonderie. Pour certains il faudrait absolument clarifier les intentions du réalisateur, quand bien même, le film, comme le contexte (Verhoeven a vécu le nazisme et a fait d’autres films sur ce sujet, totalement clairs, dans les intentions) amène à une analyse différente. Un classique de la SF et des années 90.

note personnelle: 4,5/5

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