Je sors un peu des disquaires et du cinéma pour évoquer avec vous une exposition actuellement à l’affiche à la Philharmonie de Paris: Disco, I’m Coming Out. Le 18 février dernier, avec ma chérie (et une partie de sa famille) nous sommes allés la voir et découvrir une très belle scénographie.
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Je suis toujours un peu partagé sur les expositions autour de la musique. Il y a une douzaine d’années, au même endroit, Europunk se proposait de nous faire revivre les soubresauts d’un mouvement musical essentiel de la fin du 20e siècle. Le résultat était sympathique mais manquait d’un petit truc. Je dois dire que cette nouvelle incursion à la Philharmonie est fort réussie !
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Commissionnée par Jean Yves Leloup, Marion Challier, aidés par Patrick Thévenin, l’exposition parvient à concilier une approche pédagogique (sans excès) avec une très belle scénographie (de Laure Dezeuze, Studio Bloomer), vivante et attractive. Disco a fait le choix osé de ne pas imposer un ordre pour les salles en les regroupant autour d’une double pièce principale. La première nous plonge dans l’ambiance avec de superbes néons reprenant des logos (de boîte de nuit et label) quand la seconde diffuse des extraits vidéos autour d’une simili piste de danse. La mise en scène , aérée et très visuelle fait la part aux couleurs, aux reflets dans les nombreuses boules discos disséminées sur le parcours. Contemporaines, souvent déstructurées, elles offrent un filigrane rouge intéressant à l’exposition.
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La bande originale (sélectionnée par Dimitri From Paris) est excellente. On remercie aussi d’avoir pensé à mentionner les morceaux en direct sur un écran ! Tout contribue ainsi à nous faire passer un bon moment. Comme la disco, l’exposition s’éprend d’une certaine légèreté pour contrebalancer des sujets bien plus sérieux ! Il est question d’affirmation des droits LGBT (on y évoque par exemple les Cockettes de Sylvester et Divine), des minorités (afro-américaines en particulier ici), des émeutes de Stonewall (1969) ou de la Disco Demolition Night (1979). La musique est ainsi replacé dans son contexte social et artistique. On découvre ainsi des œuvres de Warhol (photo) ou Keith Haring en rapport direct avec l’époque et la musique.
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Personnellement j’ai été très sensible aux espaces liés aux instruments. Ce sont eux qui donnent vie aux idées des musiciens et il serait facile de les oublier dans une exposition. J’ai vraiment apprécié d’avoir le matériel d’un DJ Booth d’époque, accompagné d’un casque et le carnet d’un DJ (Roy Thode). Ce ne sont pas des objets forcément saillants à première vue mais ils sont tellement importants ! On croise aussi un synthétiseur modulaire (comme celui de Moroder sur I Feel Love), la batterie de Cerrone, une dubplate ou un 16 pistes.
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Dans le même registre, j’ai trouvé les tables de documents (memorabilia) avec des cartes de membres, badges, allumettes, flyers vraiment géniales. Je trouve qu’ils donnent corps à cette musique, autrement qu’à travers des photographies (dont certaines sont par ailleurs excellentes). Il y a bien sûr aussi quelques costumes. La France n’est évidemment pas oubliée à la Philharmonie. On y croise le Palace, les tentatives disco françaises (Village People ou Martin Circus). Certains artistes de la période sont évidemment convoqués, notamment Pierre et Gilles ou Philippe Morillon (en photo).
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L’exposition se conclue en ouvrant sur l’international et les productions modernes. Parmi les rares regrets de Disco, I’m Coming Out: l’un des dispositifs interactifs était occupé tout le temps et le merch à la sortie n’était pas complètement à la hauteur (le livre est excellent par contre). Si on apprécie une petite sélection de vinyles, l’offre de cartes postales se limitait à un flyer payant : un peu chiche et tristoune. Mais, ne boudons pas notre plaisir, Disco, I’m Coming Out est une belle surprise. Elle offre une belle perspective sur son sujet et lui rend un très bel hommage. Elle intéressera autant des spécialistes (qui pourront s’émouvoir devant quelques pièces vraiment historiques) comme les nouveaux venus. À n’en pas douter ces derniers auront envie de creuser le sujet d’écouter tous ces merveilleux disques !
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informations pratiques
Du 14 février au 17 août 2025.
À la Philharmonie de Paris (221 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris), métro Porte de Pantin sur la ligne 5.
Plein tarif: 15€.
durée: une heure environ
Photos de l’article par l’auteur exceptée la troisième (Joséphine Pelletier).