Il y a un mois nous évoquions ici même spotify et la situation des festivals. Retour de notre rubrique nouvelles avec à nouveau des infos autour du streaming mais aussi un mot de la récente liste (17 janvier 2025) du Financial Times des meilleurs disquaires du monde.
Les meilleurs disquaires du monde
Le Financial Times a proposé une liste des meilleurs disquaires du monde en janvier. L’info est ressortie chez le Parisien fin février. Il y a quatre disquaires parisiens mentionnés dans celle-ci: Bar Italia, Hark, Dizonord et Superfly. J’avais envisagé au moment de la sortie du papier de l’évoquer ici et finalement, les nouvelles se bousculant, j’étais passé à autre chose. Voir à nouveau l’info circuler m’a donné envie d’en dire un mot rapidement.
Cela me semble toujours compliqué de faire un classement de disquaires. Il y a tant de paramètres à prendre en compte ! La sensibilité musicale des boutiques est toujours un critère essentiel. Pour ma part je me garderai bien de donner un avis sur une boutique dédiée, par exemple, au jazz, à la pop mainstream actuelle ou sur la musique électronique destinée aux clubs. De ce fait, il y a de nombreux disquaires qui vont échapper à mes radars, mais qui peuvent être excellents par ailleurs. C’est parfois difficile d’additionner des choux et des carottes quand on fait des listes des meilleurs endroits. Il convient ainsi à chacun de trouver les disquaires qui lui plaisent. Il faut se faire soi même sa propre idée. Je pense qu’il est important de donner sa chance au produit et pousser la porte des différents disquaires.
Ayant deux de mes spots favoris (Plus de Bruit et le stand de Richard aux puces) désormais fermés, je me sens parfois un peu orphelin. Je ne perds évidemment pas espoir et ponctuellement, je vais regarder un peu ce que propose les autres tauliers parisiens. N’hésitez d’ailleurs pas à me faire des recos, je pense qu’on me cerne assez facilement à travers mes comptes rendus shopping ! Je suis plus intéressé par des disquaires d’occasion avec un positionnement de prix raisonnable. Je ne suis pas vraiment amateur des disquaires premium (je n’ai rien contre eux et ils répondent à une demande – juste pas la mienne haha).
D’autres nouvelles: le pop up de Third Man Records
Deuxième de nos nouvelles: du 21 au 23 février 2025, le label de Jack White proposait un pop up parisien pour vivre l’expérience disquaire Third Man (par exemple ici pour trouver l’info). Je n’y suis pas allé mais je ne pense pas être la cible. Ce n’est pas grave: il faut des options pour tout le monde !
J’ai l’impression que cette éphémère boutique était très orienté sur le merch autour de Jack White, plus que sur l’expérience disquaire en elle même. Pour en savoir plus sur le projet, une interview à lire. En soi ce n’est évidemment pas un problème à moins d’attendre ce registre. Comme je l’évoquais autour du disquaire day il y a presque quinze ans: il ne faut pas forcément espérer de ce genre d’événements la réalité de ce que cela donne de fréquenter régulièrement les disquaires. En tout cas j’espère que tout le monde a été content de son passage et aura peut être envie de passer une tête dans d’autres disquaires parisiens ! Celles et ceux qui y sont allés: qu’en avez vous pensé ?
Yoyaku, Cindy Lee et le streaming
Avant dernière des nouvelles du jour: en février, le disquaire/label de musique électronique Yoyaku a annoncé passé en 100% physique et arrêter les services de streaming dont spotify (ici pour lire l’info). En parallèle, le 21/02 est enfin sorti Diamond Jubilee de Cindy Lee en vinyle, l’un des albums les plus appréciés de l’année passée dans les cercles indépendants. Jusque là l’album était disponible en écoute que sur youtube ou en téléchargement sur un site geocities et bandcamp.
Ces deux évènements relèvent de la même logique: quitter les sites de streaming. Aujourd’hui cela apparaît toujours comme une hérésie tant spotify et consort sont rentrés dans les mœurs mais est-ce si absurde que cela ? Il y a cette tentation de penser que la disponibilité sur les sites de streaming dispense d’une réflexion autour de la distribution physique (j’en parlais ici). Pourtant tout le monde n’utilise pas les sites de streaming et on peut s’interroger sur le fait de donner une chose aussi précieuse à des acteurs aux pratiques douteuses (spotify en tête – avec ses dons à Trump et sa musique générée par IA).
Chers artistes et groupes: je ne vous incite pas à quitter les services de streaming mais juste à réfléchir sur leur réelle importance. Est-ce qu’ils vous mettent en avant ? Est-ce que parfois passer par d’autres biais et axer votre stratégie là dessus ne serait-il pas plus efficaces pour être écoutés/appréciés ? Je vous laisse juge des réponses mais je pense qu’il est important d’au moins se poser la question !
Une der’ pour la route

Bien involontairement, un utilisateur de twitter a lancé un débat autour du djing et la prestation du dj. Un DJ doit-il se trémousser et être visuel pendant un dj set ? Voici la dernière de nos nouvelles. De mon point de vue ça ne fait pas de mal mais néanmoins ce n’est pas ça qui fait un bon dj et c’est contreproductif de le penser.
Un bon DJ doit avant tout être capable de lire un public et trouver la clef pour que les gens s’amusent et se détendent. C’est avant tout le public qui doit danser et être en mouvement. Le DJ est lui, là pour orchestrer cela et apporter la musique qui met les gens dans de bonnes dispositions.
Je pense que c’est contreproductif d’attendre d’un DJ de la performance visuelle, car cela le place dans une posture différente. Le DJ est il en représentation comme dans un concert ou est-il le rouage de l’ensemble d’une mécanique ? Pour ma part j’ai tendance à envisager son rôle traditionnel (c’est à dire le rouage, essentiel il est vrai) mais aujourd’hui, la tendance est plus à la représentation ! L’EDM est en grande partie responsable de ce changement de paradigme mais les djs de musique électronique en profitent aussi (inflations des cachets pour les noms bankables), loin de l’éthos, parfois ascétique, de certains pionniers comme UR. Je vous ai mis une capture d’écran du pionnier jungle Doc Scott qui a une opinion encore plus tranchée que moi sur le sujet (et sur laquelle je vous laisse décider de la véracité !).
Dans tous les cas: il se joue ici une opposition profonde entre deux approches du djing. L’une consiste à accompagner une soirée où le public est aussi acteur de l’événement et participe à créer un moment unique. Dans l’autre, les spectateurs sont plus passifs et assistent à un dj set comme ils iraient à un concert en espérant un show visuel qui en met plein les mirettes.