En ce moment je suis assez inspiré pour écrire ce genre d’articles, peut être car ils me permettent d’écouter mes achats tout en promenant mes doigts sur le clavier. Au delà de cette anecdote fort triviale, c’est aussi le contexte qui m’inspire. En décembre dernier j’alertais sur la situation à risque pour les disquaires. Cinq mois plus tard, j’ai l’impression que c’est toujours aussi préoccupant et précaire. Je vais aller plus loin: toute la chaîne “alimentaire” morfle en ce moment ! Mais essayons d’être un peu optimiste: d’excellents albums sortent malgré tout en ce moment. Je peux d’ors et déjà cité près d’une de nombreux albums qui m’ont beaucoup plus en 2024 (Kcidy, Dabeull, Klaus Johann Grobe, Mildlife etc.), pour moi c’est plutôt encourageant !
5 mai, une brocante à place d’Italie
Dimanche pluvieux, dimanche heureux ? Après un gros week-end derrière les platines du Supersonic, direction le cinéma avec ma chérie pour voir (l’excellent) Challengers (2024). Malgré un temps peu clément, nous prenons un peu d’avance pour marcher un peu. Nous jetons un regard distrait sur la brocante. La plupart des stands rangent déjà (pluie et heure assez avancée). Je regarde vite fait les bacs vinyles d’un marchand et je récupère deux albums de Robert Charlebois pour 3 euros chacun. Les pochettes ne sont pas forcément en super état mais les disques sont vraiment très propres. Dans les deux, un m’intéressait en particulier: Québec Love. J’ai ajouté cet album à ma wantlist discogs il y a un an et demi (21 mois) ! Ce n’est pas un disque rare mais cela reste un des classiques du rock francophone du Québec. Bref une trouvaille aussi sympathique qu’inattendu.
- Robert Charlebois Québec Love 3€ (occasion)
- Robert Charlebois Super Position 3€ (occasion).
Le lendemain, direction Boulinier
Comme vous le savez peut-être, je traîne régulièrement mes guêtres du coté du Boulinier du XIVe arrondissement (14 Bd Jourdan, 75014 Paris), cette fois-ci passage rapide avec mon frangin en début d’après midi. Je dois cependant reconnaître que depuis quelques mois les pêches sont généralement maigres. Celle de lundi a un peu changé la donne. Les prix étaient très raisonnables et conformes avec l’esprit de la boutique.
- Led Zeppelin II 15€ (occasion)
- Lou Reed, Transformer 6€ (occasion)
- Marvin Gaye, Live 10€ (occasion)
- Damon Albarn, The Nearest Fountain 10€ (occasion)
- Alan Price, Metropolitan Man 6€ (occasion)
- Delbert McLinton, The Jealous Kind 6€ (occasion).
Mardi 7 mai, tournée des grands ducs de la Bastoche
En ce jour au temps incertain, j’ai improvisé une tournée de mes adresses habituelles de la Bastille. Je les cite presque systématiquement mais me voilà à arpenter les rayons de Born Bad (en photo), Pop Culture et le Silence de la Rue. Coté disques, j’ai noté quelques nouveautés que je cherche, à savoir: le dernier album de Lucas Arruda (que j’évoquais déjà dans mes achats du 27-30 avril !), le premier album de Penny Arcade (aka James Hoare de Veronica Falls, Proper Ornaments, Ultimate Painting) ainsi qu’ A Dream is all we know des Lemon Twigs. À ces disques attendus à travers mes canaux habituels, j’ai ajouté deux sorties découvertes via des post insta de gens que je suis et dont les descriptions m’ont initialement alléchées (Chorus de Mildlife et le premier album d’Another Taste). J’ai bien sûr été écouter quelques morceaux pour me faire une idée ! Bilan: j’ai trouvé 2 des 5 disques que je cherchais, ils étaient au Silence de la Rue. Je ne suis pas reparti les mains vides des deux autres adresses avec des rééditions neuves variées chez Born Bad et deux disques d’occasion (dont Big Troubles, groupe sur lequel on reviendra très vite ici) chez Pop Culture !
Trouvailles Born Bad (11 rue St Sabin, 75011 Paris):
- Apryl Fool, Apryl Fool 18€ (neuf)
- Abraxis, Abraxis 18€ (neuf)
- Metabolisme, Tempus Fugit 18€ (neuf).
Trouvailles Pop Culture (23 rue Keller, Paris 11):
- The Beau Brummels, Two days til tomorrow 20€ (occasion)
- Big Troubles, Worry 13€ (occasion).
Liste des achats au Silence de la Rue (39 rue Faidherbe, 75011 Paris):
- The Lemon Twigs, A Dream Is All We Know, 24,95€ (neuf)
- Mildlife, Chorus 26,95€ (neuf).
Ce sticker résonne d’une manière amusante avec un des mes récents articles: Peut-on encore faire des vinyles complètement analogiques. Les trois premières étapes sont manifestement analogiques mais pas de précisions quant au pressage. Sur discogs, il y a la mention d’une lacquer cut qui laisse à penser que la démarche a été poussée jusqu’au bout malgré un passage chez GZ plus réputé pour faire du DMM (mais la présence du nom du studio sur le run out groove me fait pencher sur un pressage par la technique traditionnelle).
Les disques neufs sont trop chers (encore et toujours)
J’insiste souvent sur le sujet mais les nouveautés vinyles sont trop chères. Je faisais encore un paragraphe là dessus dans mon compte rendu shopping du 13-19 avril dernier ! C’est un problème pour l’ensemble de la chaîne. Quand j’étais chez Born Bad, j’ai un peu discuté avec Mark (le propriétaire et membre de Frustration) de la situation. Nous sommes tous les deux complètement d’accord sur le diagnostic: avec ces prix élevés, l’ensemble de l’écosystème est grippé et tourne au ralenti. Pour les labels indépendants, l’argent est immobilisé plus longtemps et rentre donc moins vite (et donc il faut faire encore plus attention à ce que l’on sort pour récupérer sa mise dans un délai pas délirant). Les disquaires achètent moins de copies pour diminuer les risques tandis que les clients sont devenus frileux et prennent moins de risques. Ces prix ne sont pas un soucis pour les disques attendus car cela ne les affecte que marginalement mais en revanche pour les albums coups de cœur chez les disquaires c’est devenu très compliqué ! Je le vois moi même dans ma propre pratique, quand j’ai une hésitation sur une nouveauté à 25-30 euros, je ne la prends pas.
Au delà des vinyles trop cher, Mark faisait aussi le constat de la difficulté d’avoir des retours presses sur le festival et la compilation Born Bad (recordshop) qu’il venait de sortir. Je pense que tout le monde constate aussi les difficultés de la presse musicale, particulièrement dans la musique indépendante et la raréfaction de canaux dédiées.
Ajoutons enfin, une remarque qui m’a aussi été faite sur twitter par le camarade Sherri Berri: c’est devenu compliqué d’acheter en dehors de l’UE. Et oui je confirme: c’est vraiment pas la joie et aucune amélioration à prévoir. Il y a presque trois ans (juillet 2021), je rédigeais un billet d’humeur pour Section 26, intitulé Vinyle, l’amour Vache. Cela me désole d’avoir eu autant raison ! La situation n’est vraiment pas plus favorable en 2024.
L’expérience disquaire, toujours unique
Finissons cependant sur une note positive. Il y a un truc que j’adore en revanche chez les disquaires et que les achats sur le net ne remplacent pas, c’est l’expérience disquaire. Croiser des gens que l’on connaît, apprendre des informations sur les futures sorties de labels, refaire le monde au comptoir ou même tout simplement repartir avec le disque tant attendu sans devoir s’enquérir du numéro de suivi de la poste. Pour toutes ces choses et bien d’autres, passez une tête chez un disquaire. Il y a des chances que vous repartiez avec un disque dont vous ignoriez l’existence ! Et tous ne valent heureusement pas 30 euros, comme vous pouvez le constater dans mes achats de mai 2024.
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