PLAYLIST: Nu Skool Breaks (1998-2001)

À la fin des années 90, la formule big beat a fait son temps et devient progressivement trop prévisible. La scène breakbeat se cherche un nouveau son et part dans différentes directions (Acid Breaks, Progressive Breaks etc.), l’une d’entre elle va devenir le son du changement de millénaire: le Nu Skool Breaks.

Pendant 4-5 ans, le Nu Skool Breaks remet le breakbeat sur la carte de la dance music britannique, trouvant sa place entre le UK Garage et la D&B. Courant typiquement anglais, le genre est à la croisée de différentes influences, notamment la jungle / D&B , la trance ou l’electro-funk. Le nu skool breaks s’éloigne de l’approche sample (notamment de rock) du big beat, au profit d’une musique plus synthétique et souvent assez planante (en restant dancefloor évidemment).

On retrouve dans la scène de nombreux transfuges de la jungle / D&B comme T-Power, BLIM ou Aquasky (un peu plus tard). Il faut ici souligner le rôle pivot de Botchit & Scarper dans cette transformation, tant le label est une émanation d’autres structures jungle (Emotif, SOUR). En plus de Botchit & Scarper, deux autres labels ont une place essentiel dans l’élaboration du Nu Skool Breaks: TCR et Marine Parade.

TCR est le label de Rennie Pilgrem. Ce dernier invente le terme pour l’utiliser dans ces soirées et les sorties du label. En parallèle, Adam Freeland développe avec Marine Parade les compilations les plus marquantes du genre, en particulier le CD mixé Tectonics (1999) qui sera l’un des actes fondateurs du genre.

Au début des années 2000, la scène nu skool breaks se diversifie. Elle se muscle avec des nouveaux transfuges de la D&B comme Aquasky ou Backdraft. Ce qu’elle gagne en efficacité, elle le perd aussi en originalité. D’autres scènes breakbeat lui font également une concurrence accrue, on pense par exemple au breakstep. Tout cela conduit à l’éparpillement de cette scène.

Reste que le Nu Skool Breaks est une musique profondément originale et assez variée. Chaque producteur a sa marque de fabrique et dose différemment les différents ingrédients du genre. Si le motif breakbeat reste obligatoire, de même que les synthétiseurs, certaines productions ont une couleur plus trance tandis que d’autres sont finalement assez proche de l’electro. J’ai une préférence pour la mélancolie de ces derniers.

En France, quelques personnes ne seront pas insensibles à cette musique mais elle aura du mal à s’imposer face à la house ou la techno, le son des teufs ou même la très vivace scène D&B. On remerciera alors Flore, Cédric Benoit (Lab-Rok) ou le label Bazoline (Doctorolive) d’avoir tenté d’amener cette musique ici. Je salue également mon frangin !

Si vous avez des informations complémentaires, des remarques, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

01 – B.L.I.M. “Chronologic” (1998)

Démarrons cette playlist Nu Skool Breaks avec B.L.I.M. (Gervase Edward Cook de son vrai nom) et son magnifique Chronologic , une des plus belles réussites du genre. Comme d’autres producteurs, notamment T-Power, BLIM démarre dans la jungle / D&B, il est particulièrement associé au label Emotif. Ce label créé par DJ Vini (le regretté Vince Medley) est une branche de SOUR et la matrice de Botchit & Scarper. Sans surprise, le producteur anglais sera une des premières signatures du label breakbeat, enregistrant quelques classiques du genre pour la maison comme Chronologic ou Earthman.

02 – FreQ Nasty “FreQ-A-Zoid” (1998)

Néo-zélandais installé à Londres à l’époque (désormais à LA), Freq Nasty (Darin McFayden – en photo) est une des figures de la scène nu skool breaks et du label Botchit & Scarper. Son premier album Freq’s Geeks & Mutilations (1999) est un des meilleurs albums du genre. Il lui donne suite, quatre ans plus tard, sur Skint, le label de Fatboy Slim.

03 – T. Power “Running” (2000)

T-Power (Marc Royal) est un pionnier apprécié de la jungle, connu notamment pour le classique (avec MK Ultra) Mutant Jazz en 1995. Associé au mythique label S.O.U.R. (où on retrouve Original Nuttah de Shy FX et UK Apachi !), il suit le RP Vince Medley quand ce dernier monte le label Botchit & Scarper. Le musicien anglais signe l’un des meilleurs albums de la structure, avec Long Time Dead en 2000. Ce disque est très singulier et s’éloigne d’une musique purement fonctionnelle. À redécouvrir, à travers par exemple Running chantée par Amaziree.

04 – Aquasky vs. Masterblaster “777” (2001)

Aquasky vs Masterblaster est très représentatif d’une partie de la scène breaks au tournant de l’année 2000. Si beaucoup sont passés par la jungle / D&B, comme T-Power, Aquasky vs. Masterblaster pousse la comparaison un peu plus loin. Le classique 777 ressemble presque à de la techstep ralentie à 140 bpm avec cette ligne de basse vicieuse et ces sons de hoover en pagaille.

05 – Tipper “Tug of War” (2001)

Tipper (David de son prénom) est un des producteurs les plus attachants/doués de la scène breakbeat / nu skool breaks de la fin des années 90. Son premier album, The Critical Path (1999) est une œuvre exigeante et aboutie, un pied dans le dancefloor et l’autre dans l’electronica. Après ce premier essai, (qui aurait mérité beaucoup mieux commercialement), Tipper revient chez Fuel et propose un disque plus efficace/simple (dancefloor pour le dire autrement) mais toujours avec un travail de texture singulier. Tug of War (lutte acharnée en français) porte plutôt bien son nom tant ce morceau, sombre, ressemble à la bande originale d’un livre de Philip K. Dick bien vrillé.

06 – Plump DJ’s “Scram” (2000)

Plump DJs font-ils du Nu Skool Breaks ? En tout cas, il s’agit de la même scène, parlons de breaks sinon ! Ce morceau actualise le son big beat, en particulier l’école Chemical Brothers (ou Dylan Rhymes) pour en faire une machine à tube pour les dancefloor. Scram n’est pas le morceau le plus délicat de cette playlist mais c’est un des plus efficaces. Un voyage extatique, à écouter très très fort, les subs à balle pour se dissoudre dans les enceintes. Un chef d’œuvre de dance music: radicalement simple, furieusement intense.

07 – Rennie Pilgrem “Paranoia” (1999)

Impossible de ne pas citer Rennie Pilgrem dans une playlist dédiée au Nu Skool Breaks, il a littéralement inventé le terme ! Fils d’un saxophoniste, il monte le label TCR (Thursday Club Recordings) en 1993, dessus il accueille par la suite la crème du breakbeat de la deuxième moitié des années 90 et début 2000. Paranoia est un excellent titre de Rennie Pilgrem, sombre à souhait avec ces arpèges que l’on adore.

08 – Ils “Edge Note” (1999)

Ils (Illian Walker) démarre dans la jungle mais lassé de la course à la vitesse, s’intéresse à la scène breakbeat. Il signe alors avec le label Fuel (où est également Tipper) pour son premier album. Il rejoint par la suite Marine Parade. Edge Note est extrait de son premier (et excellent) album: Idiots Behind the Wheel (1999). Si sa musique a toute sa place dans une playlist dédiée au Nu Skool Breaks, l’approche d’Ils a toujours été très personnelle: big beat, trip-hop, jungle ralentie se croisent ici.

09 – Tsunami One + BT “Hip Hop Phenomenon” (1999)

Si nous nous rapprochons de la fin de cette playlist, ne croyez pas que la qualité va en déclinant ! Là on s’attaque à un très très gros morceau, un classique ultime du Nu Skool Breaks, je veux bien entendu parler d’Hip Hop Phenomenon de Tsunami One et BT. Derrière Tsunami One, de véritables légendes de la scène: Kevin Beber et Adam Freeland. Ce dernier est surtout connu pour son travail de DJ et directeur de label (Marine Parade) mais il touche sa bille en production manifestement ! Sur le morceau nous retrouvons aussi le fameux BT (Brian Transeau), une des figures de la house progressive et de la trance des années 90/00s, un régulier sur le label de Deep Dish ou Perfecto Records.

10 – Radioactive Man “Uranium” (2001)

Est-ce que la magnifique Uranium de Radioactive Man (aka Keith Tenniswood, l’autre moitié de Two Lone Swordsmen) a sa place dans une playlist dédiée au Nu Skool Breaks ? Si certains éléments penchent en sa faveur (Radioactive Man a publié son premier maxi sur Fuel), la musique de Radioactive Man ne saurait se réduire à cette étiquette. Uranium fait, en tout cas, parti de mes morceaux de musique électronique favoris. Il matérialise le lien spirituel entre le Nu Skool Breaks et electro (Drexciya et cie).

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