Aujourd’hui, intéressons nous à un monument, un de mes groupes favoris de tous les temps: The Byrds. De surcroit, vous êtes gâtés car, nous nous concentrons sur, probablement, la meilleure période du groupe, à savoir ses cinq premiers albums (sur douze en tout – sans compter les disques comme Preflyte), à raison de deux morceaux par œuvre. Ces dernières expriment la quintessence de la formation de Los Angeles.
- Mr. Tambourine Man (1965)
- Turn ! Turn ! Turn ! (1965)
- Fifth Dimension (1966)
- Younger Than Yesterday (1967)
- The Notorious Byrd Brothers (1968).
Un peu d’histoire
Jim/Roger McGuinn joue en solo dans les cafés folk californiens. Il rencontre alors Gene Clark, également fan des Beatles. David Crosby se joint à eux et les trois commencent à répéter en studio sous la houlette du manager Jim Dickson. Ils s’appellent alors les Jet-Set mais deviennent les Beefeaters (plus anglophile) pour les besoins d’un premier 45 tours publié par Elektra en 1964.
Leur manager met ensuite la main sur une chanson inédite de Bob Dylan: Mr. Tambourine Man. Le groupe, désormais baptisé les Byrds, enregistre le morceau et la publie en single: c’est le début d’une saga incroyable. Elle durera jusqu’à 1973 ! En seulement 8 ans, le groupe publie 12 albums, un rythme de croisière très proche des petits gars de Liverpool !
The Byrds : un son identifiable entre mille
Les amateurs des Oyseaux le savent: le groupe californien a un son unique, une véritable marque de fabrique qui va les suivre sur de nombreux disques. S’inspirant des Beatles mais en la filtrant à travers leur propre culture (la country, la folk, le bluegrass etc.), les Byrds créent ainsi, le folk rock, un son véritablement américain et une des réponses les plus crédibles à la british invasion !
Deux éléments signatures aident à définir la musique des Byrds. Il y a d’abord ces guitares jangly. Ce son particulier est même devenu un genre musical en soi (jangle pop). Ils n’ont pas forcément inventé cette sonorité (on la retrouve ponctuellement chez Buddy Holly ou les Beatles) mais ont raffiné et défini l’idée ! Chez les Byrds cela passe par une Rickenbacker 12 cordes, avec un son très clean (pas de distorsion !) et beaucoup de maintien (sustain en anglais), en faisant appel à la compression. La guitare carillonne. Comme pour le Velvet Underground, la musique des Byrds a alors des accointance avec la musique drone (bourdon en français). L’autre touche reconnaissable entre toute est le travail formidable autour des harmonies vocales. Il y a un style spécifique aux Byrds, très différent, par exemple de celui des Beach Boys !
Nous entrevoyons alors ce que j’annonçais plus haut: les Byrds ont beaucoup utilisé leur histoire avec la musique folklorique américaine, pour établir leur son, en faisant de la musique pop électrique. Cette influence prend diverses formes. Je pense qu’elle contribue au style des harmonies vocales (inspirées par un contexte acoustique) mais aussi à la manière d’appréhender la guitare électrique, en transposant des techniques liées à la mandoline ou la guitare folk (picking etc.). Le caractère drone les place à la fois sur un terrain psychédélique et traditionnel. Il y a là, un lien intangible, entre Ravi Shankar, John Coltrane et les chansons orales, de temps immémoriaux.

Des changements de line-up incessants
Les Byrds sont par nature un groupe instable. Trop de personnalités fortes, d’égo (et de talents) au sein d’une même entité ! Roger McGuinn sera, de fait, l’ossature du groupe à travers les années. Le line up d’origine se compose ainsi de Jim/Roger McGuinn (guitare douze corde), David Crosby (guitare), Gene Clark (guitare), Chris Hillman (basse) et Michael Clarke (batterie). On retrouve cette formation sur les deux premiers albums du groupe: Mr Tambourine Man et Turn! Turn! Turn!, tous les deux publiés en 1965.
Pendant l’enregistrement de Fifth Dimension (ou 5D), Gene Clark part ! Trop stressé par les vols en avion, il préfère raccrocher. Les sessions de The Notorious Byrd Brothers sont chaotiques; le groupe se déchire. David Crosby et Michael Clarke se taillent, tandis que Gene Clark revient très temporairement dans le groupe (avant de repartir). Roger McGuinn et Chris Hillman rebondiront mais, c’est une autre histoire !
Un aspect spécifique des Byrds tient certainement dans la profusion de compositeurs au sein du groupe. Si Gene Clark est le moteur de la formation dans les premières années, Roger McGuinn et David Crosby proposent aussi des jolies choses. Un peu plus tardivement (surtout à partir de Younger Than Yesterday), Chris Hillman va, à son tour, devenir essentiel dans le dispositif. Joueur de mandoline reconnu, il était passé à la basse pour rejoindre les Byrds !
Il est temps de rentrer dans le vif du sujet.
01 – “Mr. Tambourine Man” (1965)
Impossible de ne pas démarrer cette sélection par l’emblématique Mr. Tambourine Man. Ce titre (alors inédit) de Dylan, fait décoller la carrière des Byrds. Comme un talisman, les Californiens reprendront régulièrement des titres du barde newyorkais, tels que Chimes of Freedom, My Back Pages, ou You ain’t going nowhere.
02 – “I’ll Feel a Whole lot Better” (1965)
Les Byrds font de superbes reprises, mais ils écrivent aussi des chansons remarquables. Il est parfois difficile de concevoir (d’un point de vue moderne) qu’un groupe puisse avoir des gens de talents pour écrire des morceaux mais quand même en emprunter certains. Les Byrds n’ont jamais opéré une telle distinction comme en témoigne la merveille I’ll Feel a Whole Lot Better, composé par nul autre que Gene Clark et repris par un paquet de bons groupes à son tour comme les Coral ou les Flamin’ Groovies !
03 – Turn! Turn! Turn! (1965)
Le deuxième album du groupe est peut être aussi le plus faible des cinq premiers (quoique ça se discute). Les Byrds y confirment néanmoins être la force vive du folk rock américain et déroule un autre superbe disque. Turn Turn Turn , une chanson de Pete Seeger sur un texte de la bible, est un autre grand classique du groupe.
04 – The World Turns All Around Her (1965)
Comme I’ll feel a whole lot better, The World Turns around her est une composition de Gene Clark, avec la présence notable de la guitare douze cordes emblématique de Roger McGuinn !
05 – Eight Miles High (1966)
Co-écrite par les trois principaux compositeurs des Byrds à cette époque (Gene Clark, Roger McGuinn et David Crosby), 8 miles high est un monument de la musique psychédélique ! La guitare y est encore une fois immense, un vraie odyssée ! Le groupe s’est inspiré de Ravi Shankar et John Coltrane qu’il écoutait dans le bus pendant les tournées.
06 – “I See You” (1966)
I see You est un titre typique de cette période des Oyseaux. Vous avez aimé Eight Miles High ou Why? vous adorerez aussi I See You ! Cette chanson est composé par McGuinn et Crosby.
07 – “Time Between” (1967)
Après 5D, changement d’album avec Younger Than Yesterday (1967), un des meilleurs disques des Californiens. Démarrons son exploration avec Time Between, une compo amenée par Chris Hillman qui s’affirme ici pleinement niveau écriture. Un superbe morceau aux influences country-rock.
08 – “So You Want To Be a Rock ‘N’ Roll Star” (1967)
So You Want to be a Rock n Roll Star, en plus d’ouvrir l’album est aussi un des moments les plus emblématiques du disque. Composition signée Hillman/McGuinn, on retrouve le mythique trompettiste sud-africain Hugh Masekela dessus !
09 – “Change is Now” (1968)
Enfin, terminons sur The Notorious Byrd Brothers, un autre candidat au meilleur album des Byrds. Sa conception fut pourtant particulièrement douloureuse. Sur la couverture, David Crosby est ainsi remplacé par un cheval ! Change is Now est une composition de McGuinn/Hillman.
10 – “Draft Morning” (1968)
En revanche, Draft Morning est écrite par Hillman, McGuinn et Crosby, encore présent dans le groupe à ce moment là ! un merveilleux titre pour conclure cette première sélection des Byrds. Il y a là un pont psychédélique absolument sublime.