Cet après midi, j’enregistrais ma sélection mensuelle (toutes les quatre semaines) pour Radio Campus Paris. Généralement, je pars de quelques morceaux cohérents entre eux et j’improvise avec les disques de ma collection. En réécoutant un 45 tours de Gabriel Yared (posté sur ma page insta dédiée aux écoutes: @alexcroqmacnowplaying), j’ai eu envie d’explorer des morceaux groovy et funky à travers le monde. Dans le bac dédié j’ai pioché Télé-Miso de Manu Dibango, un disque que je n’avais pas écouté depuis fort longtemps: un tord !
Né à Douala, au Cameroun, en 1933 et décédé à Melun en 2020 du Covid-19, Manu Dibango est une véritable légende de la musique pop africaine et mondiale. En 1972, Soul Makossa , un titre écrit en vitesse pour occupée une face B devient un des morceaux emblématiques de la disco à venir. Chéri par les disc-jockeys new-yorkais, notamment David Macuso du Loft, le titre est un énorme succès club en Amérique du Nord. Avec Barrabas, Kongas, War, El Chicano, Osibisa et d’autres, Manu DiBango contribue à l’émergence d’une musique syncrétique mondiale funky et percussive. Dans la seconde moitié des années 70 et la décennie suivante, Manu Dibango est un des artistes africains les plus connus et respectés. Son parcours débute cependant quelques décennies plus tôt en France.
Débarqué à la fin des quarante pour étudier en France, Manu Dibango s’intéresse plus au jazz et très vite au saxophone. Dans les années cinquante, il forme même un petit ensemble avec Francis Bebey ! Installé en Belgique, il fréquente la scène créée par la diaspora congolaise là bas. Il sort ainsi ses premiers disques au début des années soixante, au Congo désormais indépendant, amenant avec lui cha-cha-cha et twist. Au milieu des années soixante, il revient en France et joue même dans l’orchestre de Nino Ferrer ! Il intéresse désormais les maisons de disques françaises et sort son premier album en 1969: Saxy-Party chez Mercury.
Le 45 tours dont il est question aujourd’hui ne figure pas sur cet album mais date de la même période, probablement 1970. Télé Miso en face A est un slow relativement agréable et réussi. Il offre une touche africaine à ce style très populaire à la fin des années soixante. La véritable surprise est cependant en face B avec l’incroyable Salt Pop Corn ! Le titre s’inscrit dans la mode des morceaux funky contenant le titre pop corn initié par James Brown. Il ressort aussi en 1973 sous le titre de dikalo en Italie et en France (voir le morceau ci-dessous qui correspond peu ou proue à mon 45). Manu Dibango déroule un instrumental funky avec une batterie frénétique, de la guitare wah-wah et son jeu de saxophone endiablé. Assez classique sur la forme, Salt Pop Corn n’en est pas moins une incroyable machine infernale à danser !
Plus d’informations sur Manu Dibango: wikipedia.
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