ALBUM: Laurin Rinder & W. Michael Lewis “Seven Deadly Sins” (AVI Records, 1977)

Récemment je m’interrogeais sur les albums disco vraiment exceptionnels. N’y voyez aucune malice: j’adore la musique disco mais son format de prédilection reste le maxi 45 tours. Cela m’a donné envie de replonger dans le concept album Seven Deadly Sins (1977) du duo de musiciens/arrangeurs formés par Laurin Rinder et W. Michael Lewis.

S’il n’est pas connu du grand public, ce disque a une certaine aura dans les cercles d’esthètes de la dance music, complètement à raison. Plutôt que me croire sur paroles, énonçons quelques faits d’armes, autour de Seven Deadly Sins, de Rinder & Lewis. Anger a été samplé sur Demented (2003) de Carl Craig & Laurent Garnier. Lust a été compilé par Dimitri From Paris, Dave Lee ou Louie Vega ! Ajoutons Ron Trent ou Ron Hardy: le duo plaît aux producteurs de musique électronique et aux djs disco. Mais pourquoi ?

Le parcours atypique de Laurin Rinder & W. Michael Lewis n’y est pas étranger. Les deux musiciens se rencontrent à la fin des années 60 dans une audition pour intégrer les Standells. Au milieu des années 70, il rejoigne le label AVI, formé notamment par l’ancien manager de la formation garage-rock (Ed Cobb). Là bas, ils sortent des albums sous de nombreux alias parmi lesquels: Saint Tropez, Le Pamplemousse ou El Coco. Sur Seven Deadly Sins, les deux musiciens s’occupent de tous les instruments, de la programmations des synthétiseurs et des compositions !

Cette liberté se révèle pleinement ici. Avec Seven Deadly Sins, Rinder & Lewis proposent un album conceptuel, autour des 7 pêchés capitaux. Les deux têtes pensantes déroulent un programme d’une maîtrise exceptionnelle. On regrette peut être Sloth seule véritable déconvenue d’un album remarquable. Celui-ci démarre en revanche sur la fantastique lust, un véritable chef d’œuvre disco. Difficile de décrire à quel point ce morceau instrumental est élégant et beau. Osons même pousser plus loin encore: il est émouvant. Rinder & Lewis maîtrise l’espace et le temps. Tout y est d’une musicalité inouïe tout en laissant beaucoup de place à l’imaginaire. Tout simplement somptueux ! Forcément la suite n’est peut être pas aussi unique mais le duo en quand même largement sous la semelle.

Gluttonny est tout aussi ahurissante. Le morceau déroule une boucle de synthétiseur obsédante et presque acid house ! Sur cette lancée, Rinder & Lewis place des accords jazzy et quelques notes de guitares. L’ensemble est d’une modernité étonnante. La face B est peut être un peu plus sobre mais tout aussi qualitative. Pride a des petites touches jazz-funk/jazz-soul très plaisantes, notamment un solo d’orgue hammond enlevé. L’ensemble sonne un peu plus classique mais est toujours très soigné. Anger est une orgie de percussions. Pour ma part j’y vois un hommage à Santana et en particulier à Jingo. Rinder & Lewis s’autorisent cependant quelques effets synthétiques (disco toms) des plus étranges et homériques. Seven Deadly Sins se conclue sur l’excellente Covetousness.

Seven Deadly Sins (1977) de Rinder & Lewis se placent parmi les plus beaux albums disco. Les deux musiciens y développent un groove d’une précision incroyable, tout en s’autorisant de nombreuses fantaisies sonores, dans les arrangements. La musique du duo n’est cependant jamais surchargée. Elle laisse toujours des intervalles pour s’y projeter. Rinder & Lewis parviennent ainsi à créer une musique d’un raffinement inégalable.

note personnelle: 4,5/5

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