Je suivais beaucoup le label garage/punk/indie Bachelor à l’époque du blog Requiem Pour Un Twister il y a une petite dizaine d’années. Comme HozAc (un autre excellent label garage/punk/indie), les Autrichiens ont monté leur propre label de rééditions: le bien nommé Bachelor Archives. Lors de mon passage à Born Bad, le 27 juillet dernier j’ai ainsi récupéré pas moins de quatre 45 tours édités par le label dont les deux disques de Novak’s Kapelle ! À cela s’ajoute trois autres références en 7 pouces. Je pense sincèrement que ça faisait plusieurs années que je n’avais pas acheté autant d’un coup en neuf dans ce format.
Parmi mes trouvailles, Novak’s Kapelle m’a particulièrement interpellé. Je n’avais jamais entendu parler de ce groupe autrichien des années 60-70. En faisant mes recherches habituelles sur discogs, j’ai pu constater qu’ils avaient été compilés dans les années 90, notamment dans la série Prae Kraut Pandaemonium.
Fondé à Vienne, par le batteur Erwin Novak en 1967, Novak’s Kapelle (la Chapelle de Novak) est un groupe évoluant dans le versant psychédélique du hard rock et du blues. Walla Mauritz, Peter Travnicek et Helge Thor complètent le line-up initial. Celui-ci enregistre les deux singles dont il est aujourd’hui question: Hypodermic Needle (1968) et Not Enough Poison (1969). Après le départ de Thor, un autre guitariste rejoint le groupe (Paul Braunsteiner) et Novak’s Kapelle s’attelle à l’enregistrement d’un premier album à paraître en 1971. Malheureusement, le 33 tours ne paraît pas et le groupe s’enfonce dans les limbes. Novak’s Kapelle donne cependant un dernier coup d’estocade à la fin de la décennie à la faveur du punk. Ils publient un nouvel album et de nouveaux 45 tours mais n’obtiennent pas le succès escompté et disparaissent pour de bon des radars.
Ces deux premiers 45 tours sont incroyables ! À n’en pas douter, les amateurs d’Edgar Broughton Band, Chico Magnetic Band ou de l’éphémère groupe belge Adam’s Recital seront ravis ! Certainement inspiré aussi par Hendrix, le Novak’s Kapelle évolue dans un psychédélisme dur et fuzzy, empruntant au blues et au hard rock. Le premier single est un sans-faute. Hypodermic Needle virevolte et fait vriller la fuzz. C’est sauvage et dément ! On pense forcément un peu à fire d’Hendrix, mais une version acide. Doing That Rhythm Thing reprend la même recette avec presque la même réussite. Peut-être un peu plus retenu au niveau du tempo, le groupe n’en sort pas moins l’artillerie lourde coté guitare, sans compter la voix dingue du chanteur. L’ensemble n’est pas très carré mais bien fou !
Le deuxième single apparaît presque décevant en comparaison. La face A déroule un blues séditieux mais finalement assez classique. Novak’s Kapelle reprend heureusement les bonnes habitudes en tournant le disque ! Smile Please renoue avec les fondamentaux du groupe: de la guitare électrique et encore de la guitare électrique ! Galvanisant et brûlant !
Pas sûr que la recette aurait aussi bien marché le long d’un album mais ces deux 45 tours sont de sublimes témoignages de l’énergie et la frénésie du rock sixties. Les amateurs de garage-rock , de freakbeat, de heavy psych peuvent désormais se jeter sur ces excellentes rééditions des deux premiers 45 tours de Novak’s Kapelle, chez Bachelor.