En 1975, Norman Whitfield créé son propre label Whitfield Records. Il y signe Rose Royce avec lesquels il obtient un énorme succès en 1976 avec le morceaux (et la bande originale du film) Car Wash. Le groupe sort une dizaine d’albums durant la décennie et la suivante dont Rainbow Connection IV en 1979, le dernier avec la chanteuse principale Gwen Dickey.
Avant Rose Royce, Norman Whitfield a déjà une riche carrière. Le producteur afro-américain démarre à la Motown dans les années 60. Au départ de l’équipe Holland-Dozier-Holland, fin 1967 début 1968, il forme avec Barrett Strong l’une des écuries les plus prolifiques et efficaces d’écriture/production du label de Détroit de la fin des sixties. Son travail, unique et original, inspire la soul psychédélique et contribue aussi à la naissance de la disco. Norman Whitfield s’occupe alors de la carrière des Temptations, mais aussi celle d’Edwin Starr et d’Undisputed Truth. Avec ces groupes, il produit des hits comme War (1970), Smiling Faces Sometimes (1971), Papa Was A Rolling Stone (1972) ou Cloud 9 (1968).
Motown, n’étant pas connu pour traiter justement ses collaborateurs, le producteur finit par monter sa propre structure. Il emmène dans ses bagages The Undisputed Truth et découvre les Rose Royce. Ces derniers sont un assemblage de plusieurs formations. L’ossature du groupe est constitué de membres du backing band d’Edwin Starr sur une tournée de 1973. La chanteuse solo (Gwen Dickey) est elle, repérée par le chanteur des Undisputed Truth lors d’un concert à Miami. L’ensemble obtient un succès immédiat avec leur premier album, la bande originale de Car Wash.
S’ils ne parviennent pas à réitérer l’exploit, les membres de Rose Royce connaissent une belle carrière dans les seventies avec de très bons albums tels que ce Rainbow Connection IV de 1979. Le 33 tours surprend par sa qualité générale. Il débute cependant, assez étrangement, sur une ballade (I wonder where you are tonight). Comme souvent (The Bronklyn, Bronx & Queens Band par exemple), ce n’est pas le fort des disques dédiés au dancefloor ! L’album démarre ainsi réellement avec la deuxième chanson, la fusée disco Is it Love You’re After. Samplé sur le tube house de S’Express, les mérites de la chanson ne s’arrête pas là. Après un autre slow moyen (Shine Your Light), la face A se conclue sur le tube de l’album: la monstrueuse What You’re Waitin For. Ecrite par le patron en personne (Norman Whitfield), les presque 9 minutes de cette odyssée combinent le meilleur de la soul psychédélique et du disco. L’arrangement vocal répond ainsi à une section rythmique bouillonnante. Génial !
La face B de Rainbow Connection IV présente un autre visage de Rose Royce. Ici pas de balades mièvres mais que des morceaux dédiés à la danse. Le groupe démarre sur un très funky Bad Mother Funker. Le titre explore un son presque P-Funk qui leur va bien. Les deux titres suivants relèvent le tempo sans faire baisser la tension (You can’t Run from Yourself et Lock It Down), tandis que le dernier titre s’autorise une certaine fantaisie. Pazazz aurait à n’en pas douter sa place sur un circuit de Mario Kart ! Ce titre instrumental donne une place de choix à une superbe ligne de synthétiseur, très solaire et jazzy.
En huit morceaux, Rose Royce propose un très solide album de disco, qualitatif et original. Comme d’habitude, les slows sont le point faible du 33 tours: c’était l’usage à l’époque mais l’exercice convient mieux aux spécialistes (Teddy Pendergrass par exemple) qu’aux groupes disco/funk ! Rainbow Connection IV offre néanmoins une expérience réjouissante. La face A détonne par ses tubes dancefloor, tandis que la B propose un ensemble cohérent et funky. Un album à redécouvrir tant nous ne passons pas loin du classique !
Note personnelle: 4/5