ALBUM: The Resonars “Lunar Kit” (Get Hip Records, 2002)

Si vous suivez mes aventures depuis un certain temps, alors The Resonars ne vous sont pas inconnus. Le groupe de Tucson (Arizona) a eu en effet deux entrées sur le blog Requiem Pour Un Twister en 2012 et 2013 avec l’EP Long Long Thoughts et la compilation The Greatest songs of, les deux sur Trouble In Mind. Plus récemment, j’avais aussi évoqué le groupe dans ma playlist Les Héritiers de La Nuggets #2.

The Resonars étaient initialement un véritable groupe. Les aléas des calendriers et des divergences artistiques ont cependant conduit Matt Rendon à devenir un véritable homme orchestre depuis son studio (Coma Cave à l’époque). Le nom du groupe est inspiré de celui de son grand frère dans les années 60 (un interview pour en savoir plus). The Resonars publie ainsi des disques à un rythme irrégulier depuis la fin des années 90. À ce jour, la discographie comporte ainsi huit véritables albums, un best of, des sorties numériques, des 45 tours etc.

En 2002, Matt Rendon publie Lunar Kit, son troisième album sous le nom des Resonars. C’est aussi le deuxième (sur trois) pour le mythique label Get Hip. Cette structure fondée par des membres des Cynics à Pittsburg a été depuis les années 80 une place forte du garage-revival, éditant des groupes comme The Ugly Beats, The Baron Four, The Higher State, Os Haxixins, The Lears, The Optic Nerves etc. Si The Resonars s’inspirent des années 60, la musique du groupe est aussi plus riche et variée que de nombreux groupes garage modernes. Loin de se contenter de creuser le sillon des formules éprouvées par des groupes comme les Fuzztones, Cramps, Fleshtones etc. The Resonars retournent à l’essence de la musique sixties.

Lunar Kit offre un excellent aperçu du talent de Matt Rendon et de ses obsessions. La batterie est explose comme sur les disques de The Who tandis que son brin de voix convoque les Hollies. Matt Rendon travaille aussi beaucoup sur les textures de guitares et les harmonies vocales. Il en résulte un disque solide, cohérent et séduisant de bout en bout !

Parmi les temps forts de l’albums, mentionnons A Slice of Today. Si son riff fait écho aux Beatles (Paperback writer) c’est pour mieux nous amener dans un territoire californien (The Byrds, The Peanut Butter Conspiracy etc.) aux volutes folk-rock et psychédéliques ! She’s in love with her est un autre sommet de la face A (très solide), ce morceau est une des pépites du répertoire des Resonars. Je pense que Matt Rendon excelle dans ces mid-tempos planants qui lui permettent de juxtaposer des voix à foison. Flood Lamp Eyes maintient ce niveau d’exigence stellaire de même que la magnifique Way Way Way Way Out ou Everything You Said. Je suis peut être un peu moins fan des morceaux plus garage/R&B tels que Retro Rocket ou Little Spoiled Baby mais ils fonctionnent bien dans le contexte de l’album et lui confère une certaine variété.

Musicalement différent, la démarche des Resonars/Matt Rendon s’inscrit toutefois assez bien dans celle de The Toms ou Cleaners from Venus. Comme ces groupes, la formation de Tucson retranscrit l’esprit collectif d’une manière saisissante et emprunte avec empathie et finesse aux années 60. Si le son est un peu lo-fi, il n’est jamais caricaturale. Lunar Kit en témoigne: l’album garde sa fraîcheur et sa justesse vingt ans plus tard. Les Resonars sont un groupe rare et précieux.

note personnelle: 4/5

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