Comme vous le savez sûrement, j’écris aussi régulièrement sur Section-26. J’y défends autant des nouveautés que des disques cultes ou classiques (les fameux mardi oldie). Certains albums, comme Vi/deo de Xeno & Oaklander tombent cependant dans un entre-deux. Trop anciens pour être considérés comme des nouveautés et trop récents pour être de bons candidats à la rubrique oldie (il ne manque pas de matière pour l’alimenter!). Comment parler de ces disques ? C’était une de mes motivations en créant ce site: pouvoir m’exprimer sur des albums intéressants, sans impératif de calendrier.
Sorti en 2021, enregistré pendant le COVID, ce sixième (selon discogs) ou huitième (selon RYM) album du duo Xeno & Oaklander a été une de mes très belles découvertes de l’année 2023. Attiré par la pochette chez un disquaire (Born Bad), j’ai écouté quelques morceaux et j’ai pris le disque ainsi que d’autres références plus anciennes du groupe.
Dès Infinite Sadness j’ai senti que cet album était pour moi. La production m’a happé. Elle est précise et élégante. Les arrangements et le choix des synthétiseurs sont justes et originaux. La voix éthérée fonctionne parfaitement avec un instrumental vibrant. En peut être deux minutes le disque était vendu! La suite a confirmé cette excellente impression.
Il faut dire que le duo Xeno & Oaklander ne sont pas des débutants. Actifs depuis presque vingt ans ensemble (et encore avant séparément), Miss Liz Wendelbo et Sean McBride (aka Martial Canterel) ont constitué une solide discographie pour les amateurs de cold wave et minimal synth. Vi/deo est, semble-t-il, un de leurs albums les plus accessibles, parfait pour les poppeux dans mon genre.
Seulement huit titres, le duo new-yorkais (qui enregistré dans le Connecticut) opte pour la concision. Vi/deo apparaît alors comme une rafale. Une sensation pas désagréable du tout: Xeno & Oaklander ont soigné les détails. Mixage, sonorités, mélodies, chaque éléments concourent à rendre l’ensemble mémorable et percutant. Pas de temps de mort, le disque est traversée par une énergie vitale dévorante.
Si le groupe s’inspire des années 80 et pratique la pop synthétique, celle-ci ne verse pas dans le mimétisme absurde. Certes quelques points de comparaisons ressortent. Human League, Depeche Mode et Mylène Farmer (la voix éthérée de Miss Liz Wendelbo) s’entrelacent à un référentiel plus contemporain, tirant même vers la musique électronique. Movie Star des accointances presque rave dans ses accords et sa mélodie tandis que Gain explore du coté de la trance. Cette dernière est un des temps forts de l’album, un vrai hit en puissance ! Elle imagine la rencontre entre Behind the Wheel et The Attic de Lhasa.
Poison est un autre temps fort de l’album. Sa ligne de basse, très TB-303, convoque autant l’italo-disco (Klein + MBO, Alexander Robotnick, My Mine) que l’electro-funk et le freestyle (Mantronix, Newcleus). Enfin, il y a Afar la seule chanson entièrement en français. Xeno & Oaklander s’y montrent particulièrement convaincant sur cette épopée pop à la production aussi vaste que la banquise.
Vi/deo est un album d’une qualité remarquable. Ses auteurs ont eu l’exigence d’en soigner les moindres détails. Il en résulte un disque bref mais intense. Chaque chanson sonne comme un tube underground potentiel et surprend par son écriture et ses choix de sonorités. L’absence des dancefloor a été ici magnifiée par Xeno & Oaklander dans une dance musique précise. L’album est un éloge à la vitalité de la nuit, à danser aux milieux des stroboscopes et des lasers.
Note personnelle: 4/5