Le big beat est un syncrétisme anglais typique de la fin des années 90. Mélange de breakbeats et de samples de rock (pour faire simple), le genre unit, dans un même élan, ravers, rockeurs et b-boys !
Si 1998 est incontestablement le pic du genre, des groupes comme The Prodigy ou The Chemical Brothers créent les bases du big beat autour de 1994/1995. Le genre offre une continuité à la fois au breakbeat hardcore, à la dance music indie (St Etienne, Cola Boy, Dubstar etc.) mais aussi au rock baggy. De la musique électronique rave, les artistes big beat tirent cette culture du sample, parfois funk, parfois incongru mais aussi la science de la rythmique efficace (un point commun avec le hip hop également). Le baggy, lui aussi, était sensible aux grooves, les artistes big beat en prennent les guitares et un peu de l’attitude.
Souvent décrié ou moqué par les puristes de la musique électronique et du rock, le big beat a pourtant ouvert de nombreuses passerelles aux adolescents du monde entier pour trouver leur musique. Ce fut en tout cas mon cas avec Fatboy Slim vers 1998/1999 ! Avec le recul, je trouve aussi que de nombreux artistes ou disques méritent mieux que d’avoir été juste la sensation d’une saison. Tout ne vieillit pas forcément bien oui, mais certains disques restent aussi radicaux et géniaux qu’au moment de leur sortie il y a plus de 25 ans.
Les labels les plus emblématiques du genre furent certainement Skint et Wall of Sound qui y gagnèrent leur lettres de noblesse. Je garde personnellement aussi une affection pour des plus petites structures telles que Bolshi ou Ultimate Dilemma. Les productions de ce dernier offrent un évident cousinage avec Grand Central ou les disques contemporains de Ninja Tune.
Au delà du facteur nostalgie, le big beat fut une grande fête dans laquelle tout le monde était bienvenu au delà des chapelles habituelles. Je trouve que c’est déjà pas mal comme héritage ! Le coté festif et œcuménique de ce genre manque cruellement de nos jours.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous invite aussi à relire mon papier (de 2018 déjà….) sur Section 26.
01 – The Chemical Brothers “Leave Home” (Junior Boy’s Own, 1995)
De la pochette en passant par son contenu Exit Planet Dust (1995) des Chemical Brothers est un des grands albums de la musique électronique. Le duo de Manchester associe l’énergie du rock avec des breakbeats super aiguisés pour un résultat démentiel. Une pierre angulaire du big beat et un cheval de Troie pour la musique électronique en générale !
02 – The Prodigy “Poison” (XL Recordings, 1994)
Parmi les cavaliers de l’apocalypse du big beat, une place d’honneur est réservée à The Prodigy. Après des débuts old school hardcore (charly etc.), le groupe s’oriente, dès son deuxième album, vers un son unique qui sera qualifié par la suite de big beat. The Prodigy a toujours été cependant plus que ça ! Music for the Gilted Generation (1994) est un autre sommet de la dance music britannique, de même que son successeur, l’incroyable The Fat of the Land en 1997. On leur excusera toutes leurs itérations postérieures au regard de leurs trois premiers albums.
03 – Wildchild “Renegade Master” (Fatboy Slim Old Skool Mix) (Ultra, 1997)
Il y aura toujours des esprits chagrins pour crier au massacre à travers ce remix de Wildchild par Fatboy Slim. Laissons ces pisse-froids polluer discogs et apprécions comme il se doit cette bombe pour le dancefloor. Le genre de morceau à vous mettre sur les rotules à force de danser et sauter dans tous les sens ! Norman Cook aka Fatboy Slim complète la sainte trinité big beat. Le bassiste des Housemartins (et ouais) sort peut être le disque canon du genre avec You’ve Come a long Way baby en 1998.
04 – The Wiseguys “Start the Commotion” (Wall of Sound, 1998)
Peut-être pas aussi connus que The Prodigy, The Chemical Brothers et Fatboy Slim, les Wiseguys n’en sont pas moins une des figures les plus intéressantes et qualitatives du big beat. Le duo sort l’excellent Executive Suite en 1996, après le départ de Regal, DJ Touché (Theo Keating) reste seul à bord pour le second album The Antidote en 1998. Cet album est un des classiques des années 90. Super disque !
05 – Dylan Rhymes “Naked and Ashamed” (Junior Boy’s Own, 1997)
Marvin Beaven, aka Dylan Rhymes, n’a pas la reconnaissance d’autres artistes de cette playlist, reste que Naked and Ashamed est un super morceau big beat avec des breakbeats frénétiques et des longues montées acides. Probablement influencé par les Chemical Brothers, mais néanmoins toujours aussi plaisant et efficace !
06 – Lo-Fidelity All Stars feat. Pigeonhed “Battleflag” (Sub Pop/Skint, 1997)
Le savais-tu ? Ce morceau est à l’origine un remix du groupe nord-américain Pigeonhed, alors signé sur Sub Pop. Ceci dit, la version des Britanniques de Lo-Fidelity All Stars n’a vraiment rien à voir avec l’original ! Peut-être tant mieux tant batteflag reste un grand morceau 25 ans après.
07 – Bentley Rhythm Ace “Bentleys gonna sort you out” (Skint, 1996)
Bentley Rhythm Ace (BRA) est un duo de Birmingham formé de Richard March et Mike Stokes. Le premier jouait précédemment pour Pop Will Eat Itself ! Leur premier album est un classique du genre, en particulier grâce à la géniale Bentleys gonna sort you out. Le grebo mène à tout, y compris au big beat !
08 – Propellerheads “Crash!” (Wall of Sound, 1998)
Propellerheads fut une comète dans les années 90 mais quelle comète ! Leur unique album est un des plus célèbre du big beat avec des morceaux comme history repeating ou spybreak. Ils sortent encore l’EP Crash! et disparaissent de la circulation. Le duo originaire de Bath était formé par Will White et Alex Gifford. À noter que ce dernier avait déjà une petite carrière dans le groupe sixties revival The Purple Helmets et faisaient les cuivres pour les Stranglers !
09 – Rasmus “Dead Astronauts” (Bolshi, 1998)
Le premier album de Rasmus est un des classiques méconnus/à redécouvrir du breakbeat. Largement au dessus du niveau moyen ! Super album conçu avec un set up très simple (de mémoire une MPC2000 et un Bass Station de Novation). Gros travail sur les rythmiques, avec une approche assez différente de celle des Chemical Brothers, ici tout est beaucoup plus “découpés” et reséquencés ! Rasmus essaye vraiment de pousser le sampler d’Akai le plus loin possible. Tout l’album n’est pas forcément à la hauteur de dead astronauts mais ce morceau est toujours aussi brillant et unique.
10 – Jadell “The Sure Shot” (Ultimate Dilemma, 1999)
Vous avez peut être déjà croisé la tête de James Hatt (Jadell) sans le savoir: il figure sur la pochette de The Antidote de The Wiseguys ! Son premier album est un petit classique “tardif” (1999) du big beat ambiance b-boy/film d’espionnage ! The Sure Shot donne une bonne idée du contenu. Un disque qui peut plaire aux amateurs de Ninja Tune 90s, certainement à redécouvrir !