Les années 60/70 représentent un âge d’or de la compilation sampler, un format largement tombé en désuétude désormais, comme les CD mixés ! Popularisée à la fin des années 60, notamment par la mythique compilation The Rock Machine Turns You On (CBS, 1968), les disquaires sont inondés de Bumpers (1970) et autres Fill Your Head With Rock (1970). Principalement destiné au public rock underground, la musique soul a aussi le droit a ses déclinaisons comme en témoigne Soul Power une production allemande de 1974.

Généralement vendue à un prix inférieur à un album, la compilation sampler présente le catalogue contemporain d’une maison de disques. Les labels touchent ainsi un public moins réceptif à la publicité mais pour lequel la contrainte de prix est en revanche une nécessité. Si aujourd’hui ces compilations sont quelques peu boudées, elles présentent un certain intérêt pour les curieux les plus audacieux. D’une part, ces disques ont souvent été le premier contact de la précédente génération avec certains styles musicaux ou groupes. De ce fait, les compilations samplers ont eu un impact culturel important. C’est aussi un moyen vieille école de faire de belles découvertes musicales. Autre aspect intéressant: il y a beaucoup de super morceaux difficilement trouvables en vinyle !
Soul Power raconte tout cela. Compilée par Harald Steinhauer, elle pioche avec bonheur dans le catalogue du label nord-américain Probe, filière d’ABC. Le travail de sélection est impeccable: Soul Power offre une expérience d’écoute très plaisante, de surcroît, plus cohérente que de nombreuses compilations modernes. Très bon disque à écouter, les oreilles attentives y trouveront aussi de véritables merveilles méconnues ou en tout cas assez difficiles à trouver (en vinyle). Il y a notamment la sublime contribution de Nolan Porter. If I Could Only Be Sure est une splendeur de southern soul, incarnée jusqu’au tréfond des trippes par Porter. Le reste n’est cependant pas à négliger ! Nous retrouvons aussi des excellentes introductions à Rufus (avec Chaka Khan !), des bons morceaux funky de BB King ou Bobby Blue Bland, des extraits du premier album solo de Lamont Dozier ainsi que des contributions plus tardives (mais qualitatives) des Four Tops…
En 16 morceaux, Harold Steinhauer fait un remarquable condensé du son de cette première moitié des années 70 avec une prisme assez marqué rock/southern soul vraiment plaisant et réussi. Je suspecte que la compilation était vendue à travers un catalogue par correspondance (Hör Zu) mais aussi qu’elle était proposée à un prix accessible (d’où mon introduction sur les samplers !). Aujourd’hui sa valeur sur discogs est anecdotique (autour de 5€) mais cela ne rend pas justice à à la qualité (et parfois rareté) ce que nous pouvons y trouver.
note personnelle: 4/5
