OPINION: Disquaires en danger ?

À la fin de l’année, Plus de Bruit fermera ses portes. Il s’ajoutera à une liste toujours plus longue de disquaires disparus depuis deux-trois ans: Supersonic Records, Walrus, Baromètre, Rhizome, le Mange-disque, Hit-Import et d’autres. Des bruits circulent quant à la santé précaire de plusieurs lieux emblématiques parisiens également. L’apparition et la disparition de lieux: nous connaissons. C’est le cycle de vie des établissements. Cependant, impossible de ne pas noter un changement plus profond, des récurrences dans ces fermetures. Comme pour la presse musicale, la situation est au moins préoccupante et il est important d’aller soutenir vos fournisseurs habituels ! Je vous propose de faire un tour d’horizon des problématiques actuelles des disquaires qui doivent nous alerter sur leur devenir.

En bas de l’article: une liste d’une trentaine de disquaires à travers la France.

L’explosion des prix du neuf

Cela fait longtemps que je souhaite traiter de ce sujet. Tout le monde a pu constater un emballement des prix assez délirant, en particulier depuis le COVID. C’est désormais presque impossible de trouver des nouveautés de disques internationaux en dessous de 25 euros pour un disque simple. Dans une chaîne culturelle ou pour les disques de major, les prix peuvent même monter à 30 voir 40 euros. Il y a deux ans et demi, j’écrivais déjà sur le sujet suite à une communication des disquaires eux même.

Force est de constaté que la spirale infernale ne s’est pas inversée bien au contraire ! Certes, le prix des pressages a augmenté suite à l’augmentation des matières premières et de l’énergie mais ça n’explique pas totalement la note désormais très salée à la sortie. Il y a clairement eu des abus, de la part de certains labels et certains presseurs, qui ont conduit aux prix délirants actuels.

Si vendre une 33 tours simple à 40 euros est peut être envisageable pour des gens qui achètent quelques albums par ans de leurs artistes favoris pour les soutenir, ce n’est pas le cas pour les gens qui écoutent principalement de la musique dans ce format. Ce n’est pas une stratégie payante à long terme: cela éloigne des clients potentiels en les dissuadant de s’y intéresser (c’est une passion trop chère pour moi) et cela incite aussi les habitués à prendre moins risque.

La difficulté de trouver des disques d’occasion

Plusieurs professionnels aguerris m’ont témoigné des difficultés qu’ils avaient à rentrer des disques d’occasion. Sur certaines références (classic rock par exemple) la demande excède certainement l’offre. Des disques qui étaient faciles à trouver sont désormais assez rares à débusquer ! Bref difficile d’envisager aussi de composer les prix du neuf en travaillant d’avantage l’occasion: les sources sont moins généreuses que par le passé. La raison en est aussi assez simple: mode du vinyle, explosion de la demande, des gens qui préfèrent les vendre eux même et donc moins d’albums qui circulent…

J’imagine que cette analyse dépend peut-être aussi des villes. Paris a toujours été un marché assez tendu et avec du monde sur les disques, mais globalement je pense que tout le monde ressent la raréfactions des disques.

Un pouvoir d’achat en berne

L’inflation affecte tout le monde. Je pense que beaucoup de passionnés ont vu leur budget dédié aux disques diminué avec l’augmentation de l’alimentation, de l’essence ou l’énergie. L’augmentation des disques en parallèle est une double peine pour eux et entraînent forcément une diminution des achats, en quantité mais aussi probablement en valeur.

Un cocktail explosif

Mélangez tout cela et vous obtenez une situation pas simple. L’augmentation des prix diminue l’attrait du neuf, tandis qu’il est difficile de pouvoir prendre le relai avec de l’occasion. L’inflation bouscule les budgets dédiés à la culture et notamment aux disques qui passeront souvent après d’autres dépenses (le streaming, les concerts etc.).

Si la période COVID a été assez finalement assez favorable aux disquaires (toutes les dépenses de sorties ont pu se reporter sur des choses comme les disques), nous vivons actuellement le contre-coup de cette période.

Que faire pour les disquaires ?

Continuer d’y aller le plus possible. De passer par eux quand vous le pouvez. Bref d’injecter de l’argent et faire tourner l’économie. Le jeu en vaut la chandelle: les disquaires sont un lien social pour les scènes musicale, ce sont des passeurs de musique et des lieux de vie singuliers. Bref les disquaires sont essentiels quand on aime la musique et qu’on a envie de partager cette passion.

Quelques adresses de disquaires

Cette liste est non exhaustive et pas faite en fonction de mes goûts personnels. Ce sont ceux qui me viennent en tête au moment d’écrire ce texte !

XI & XII arrondissement de Paris:

Pop Culture shop: 23 rue Keller, 75011 Paris / maps / site internet / insta

Born Bad records shop : 11 rue St Sabin, 7011 Paris / maps / insta

Le Silence de la Rue: 39 rue Faidherbe, 75011 Paris / maps / insta

Hands and Arms: 72 rue Crozatier, 75012 Paris / maps / site internet

Souffle Continu: 22 rue Gerbier, 75011 Paris / maps / site internet

Babaluma: 72 bis rue JP Timbaud, 75011 Paris / maps

MUSICFEARSATAN: 4 Bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris / maps / site internet

Betino’s Records Shop: 32 rue St Sebastien, 75011 Paris / maps / site internet / insta

Synchrophone: 4 rue des Taillandiers, 75012 Paris / maps / site internet

XVIII arrondissement de Paris

Les Balades Sonores: 8 rue Pierre Picard, 75018 Paris / maps / site internet / insta

Dizonord: 9 rue André Messager, 75018 Paris / maps / site internet / insta

Exodisc: 70 rue du Mont-Cenis, 75018 Paris / maps

Le Rideau de Fer: 12 rue André Del Sarte, 75018 Paris / maps / site internet

Ailleurs à Paris et autour

Superfly Records: 53 rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris / maps /site internet / insta

Ground Zero: 114 rue de Fb Poissonnière, 75010 Paris / maps / site internet

Gibert Joseph Musique: 34 Bd St Michel, 75004 Paris / maps / site internet

Le Marché Dauphine: 132-140 rue des Rosiers, 93 400 Saint Ouen / maps

Quelques spots là bas: Dig Dug, Panama Records, Gemini Cricket, L’Or Noir, French Connection, Give Me Five etc.

En France

Total Heaven: 6 rue de Candale, 33000 Bordeaux / maps / site internet / instagram

Cursol Music: 28 Rue de Cursol, 33000 Bordeaux / maps / site internet

Vinyl Kafé L’Eden Rock: 20 Rue Dominique de Gourgues, 40000 Mont-de-Marsan / maps / site internet

Sofa Records: 7 rue d’Algérie, 69001 Lyon / maps / site internet / instagram

Dangerhouse: 3 rue Thimonnier, 69001 Lyon / maps / site internet

Besides Records: 47 rue d’Amiens, 59000 Lille / maps / site internet / instagram

La Face Cachée: 6 rue du Lancieu, 57000 Metz / maps / site internet

Lollipop: 2 Bd Théodore Thurner, 13006 Marseille / maps / site internet

Tangerine Marseille: 28 Cr Julien, 13006 Marseille / maps / instagram

Cultures Obliques:  6 Rue Edouard Delanglade, 13006 Marseille / maps / site internet

Dizonord Marseille:  42 Rue Consolat, 13001 Marseille / maps / instagram

Arbouse Store: 5 rue des Lombards, 30000 Nîmes / maps

L’introuvable: 6 Pl. Ortolan, 83700 Saint-Raphaël / maps

Rockin’ Bones: 7 rue de la Motte Fablet, 35000 Rennes / maps

Blindspot: 35 rue Poullain Duparc, 35000 Rennes / maps / site internet

Groove: 2 Rue de la Motte Fablet, 35000 Rennes / maps / instagram

Bad Seeds: 17 rue Fautras, 29200 Brest / maps / instagram

Corner Records: 54 Rue de Liège, 56100 Lorient / maps / instagram

Les Enfants du Ro’ch: 17 bis Rue du Lac, 29690 Huelgoat / maps / instagram

Big Star: 8 rue des Balances, 62000 Arras / maps / site internet / instagram

Exit Music for a Drink : 4 bis rue Bodinier, 49100 Angers / maps

Un Son Impur: 37 Rue Beauvoisine, 76000 Rouen / maps

Select Records: 97 Rue de la Vicomte, 76000 Rouen / maps / site internet / instagram

Tourne disques & Tire Bouchon: 16 Rue Emile le Taillandier, 22300 Lannion / maps

Les Disquaires Associés: 10 Rue de la Libération, 22630 Évran / maps

Plage Sonore: 42 rue du Casino, 76400 Fecamp / maps / instagram

La Demotheque: 8 Av. Daumesnil, 24000 Périgueux / maps / site internet

The Rev’: 6 Quai de Rigny, 19000 Tulle / maps / site internet

Discopathie: 36 Rue de la République, 48100 Marvejols / maps

Section 26 a réalisé une série autour des disquaires pour compléter cette liste. N’hésitez pas à écrire en commentaire des lieux importants pour cette liste (faisant au moins un peu de neuf et plutôt spécialisés musique).

8 thoughts on “OPINION: Disquaires en danger ?

  1. Les enfants du roc’h, à Huëlgouat, Centre Bretagne. Disquaire faisant du vinyle neuf et un peu d’occasion, de la musique généraliste, de l’indé, des classiques du rock en passant aussi par d’autres styles.
    C’est tellement rare de trouver undisquaire dans une si petite ville que l’initiative mérite d’être soulignée.

  2. Bonjour,
    Je suis disquaire indépendant depuis presque 3 ans et je constate la même chose. Mon choix: ne pas faire de neufs grands publics mais plutôt miser sur les distributeurs ou label Indépendants.
    Et c est un choix qui paie.
    Pour les disques que je préfère appeler d’époque plutôt que d’occasion, je pense que notre rôle est pédagogique. Apprendre aux clients de ne pas se faire berner par des rééditions de piètres qualités et à des prix prohibitifs et s’orienter sur les supports d’époques. Et, lorsque l’on connaît bien son produit et ses clients, il est « facile » de placer les niches que proposent les distributeurs et labels Indé.
    Je constate que je ne figure pas dans la liste, peut être parce que trop récent : Plage Sonore – 42 rue du Casino – 76400 Fecamp 😉
    J’ai la chance de pouvoir en rentrer régulièrement et je me décarcasse pour que les disques soient dans le meilleur état possible. Jamais en dessous de VG+/VG+.
    Longue vie aux disquaires que nous sommes car nous sommes le dernier rempart de l’ouverture musicale Humaine.
    Vinze

    1. Salut vinze !

      Je t’ai ajouté à la liste et j’ai également ajouté les suggestions de Lambin et Orlando.

      Je pense que tu as une démarche très saine en proposant des disques au moins VG+/VG+, je trouve que c’est une énorme plus-value pour un disquaire que de proposer des vinyles d’époque (ou de seconde main) en bon état ! Le/la passionné(e) n’a pas à se poser de question quand il prend un disque chez toi !

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