Un thread de Mike Simonetti, depuis supprimé, à propos de Discogs, a enflammé Twitter lundi 17 juillet 2023. Tout cela m’a donné d’écrire quelques réflexions en vrac sur les vinyles.
Discogs
Comme vous le savez je suis un adepte de discogs et je défends énormément le site régulièrement. Néanmoins il existe des inquiétudes légitimes qui empoisonnent la vie de ses usagers. Il semblerait que le navire soit moins réactif ces temps ci. Les temps de réponses aux questions posées (des litiges) sont en effet bien plus longs. Par ailleurs il semblerait que le site soit pollué par des scammers. Résultat, la note vérifiée de discogs sur TrustPilot est franchement faible…
On ne va pas se mentir, on a tous quelques remarques à faire sur le site. Personnellement je suis assez choqué de la récurrence de la publicité arnaque (récupérer un % de votre achat) au moment du paiement. Après on connaît la récurrence de ce type de publicité, jusqu’au site de la SNCF. Autre élément qui m’agace: les bugs sur la base de données (les disques listés qui n’apparaissent pas, les lenteurs, etc.).
Il y a donc quelques inquiétudes sérieuses en suspens. À commencer par le maintien et l’existence de cette base de données crée par les utilisateurs gratuitement. Celle-ci est actuellement consultable par n’importe qui et c’est tant mieux. Il serait très dommageable de la rendre uniquement accessible sur la base d’un abonnement. La tentation est pourtant forte mais il me semble que les fees sur les ventes sont là pour ça…
Ces pourcentages ont d’ailleurs augmenté et été imposés sur les frais de port aux mécontentement des utilisateurs. À raison ! D’une certaine manière quand Discogs tousse, le marché éternue. En tout cas Discogs est devenu un tel point de référence pour la valorisation des disques qu’une augmentation des fees peut valoriser à la hausse les disques. Inquiétant !
Par ailleurs le maintient d’un éco-système propre entre vendeurs et acheteurs est essentiel pour que discogs reste une place de marché essentiel dans l’environnement actuel. Cette place qui garanti justement le fonctionnement de la base de données. La présence de scammers est donc vraiment inquiétante et discogs doit faire le boulot pour les bouter hors du site.
En attendant, quelques conseils (limités) que je pourrais vous donner pour tenter de ne pas y être confronté:
- vérifier les avis des utilisateurs
- ne pas faire confiance spontanément à des vendeurs sans avis
- regarder si les avis positifs sont récents ou non
- regarder la vraisemblance général du profil (par exemple un compte d’un pays en euro qui vendrait en dollar)
- regarder si la personne a indiqué des conditions de vente et si elles sont cohérentes avec son pays
- ne pas croire aux trop bonnes affaires
- si vous avez des doutes, écrivez à la personne (surtout pour un disque cher)
Vers la fin de l’engouement pour le vinyle?
Parmi les réflexions dans le thread de Mike Simonetti: les vendeurs constatent une baisse des ventes sur discogs. Je doute que ce phénomène soit spécifique au site. Il me semble, au contraire, qu’il s’agit d’un phénomène plus général. L’augmentation violente des prix, les problèmes de contrôle qualité, tout cela mine les passionnés et les incite certainement à aller voir si l’herbe est plus verte du coté du cd ou du streaming…
Avec Requiem Pour Un Twister on a certainement subi un tassement des ventes. Par ailleurs, avec l’augmentation des prix des usines, beaucoup de disques indépendants ne sortent même plus en vinyle ! Le marché s’est peut être déplacé ailleurs ? Il semblerait que le public hip hop soit encore pas mal au taquet mais lui aussi est excédé par la politique de prix actuel.
La question de l’élasticité des prix n’a rien d’anodine. Avec l’actuelle inflation, associée à une certaine stagnation des salaires, la part consacrée au loisir a forcément souffert. Le vinyle entre nécessairement dans cette catégorie. Si les passionnés subissent une paire de ciseaux où leur revenu dédié baisse et les disques augmentent, pas sûr qu’ils aient spécialement envie de continuer et suivre.
Dans les faits il semblerait en tout cas que la demande du coté des usines aient un peu baissé. Les délais ont retrouvé des valeurs raisonnables. Je ne suis cependant pas convaincu que les prix, eux, baissent. L’énergie et les matières premières (papiers, matières issues du pétrole…) restent en tension. Au mieux peut-on espérer qu’ils se stabilisent. Un scénario pas rassurant se dessine toujours: un produit premium à destination de cadres friqués fétichistes. Croisons les doigts pour que cela n’arrive pas !
Pas de remplacements satisfaisants
Dans le cas de discogs ou des vinyles je trouve, personnellement, qu’il n’existe pas d’alternatives satisfaisantes. La grande puissance de discogs pour acheter/vendre des disques réside dans le fait que le site soit adossé à une base de données géniale et très complète. Aujourd’hui aucun site ne peut prétendre à une telle exhaustivité. Je fréquente régulièrement allmusic, wikipedia ou RYM et aucun d’entre eux n’a le degré de précision de discogs. Celui-ci est absolument génial pour découvrir de la musique et faire des recherche.
De surcroit, la partie vente est aussi particulièrement efficace. L’exhaustivité de la base de données associé à une wantlist permet vraiment de sélectionner et chercher des disques chez un vendeur très facilement. Nous sommes loin du bordel des concurrents (Vinted, eBay, Rakuten…). Ces derniers ne me semblent pas en plus bénéficier d’avantages qui contreraient discogs, en particulier des prix attractifs. Ceci étant dit, si vous avez des arguments contraires à ce sujet, je suis vraiment intéressé de les entendre !
Pour le vinyle, les alternatives physiques me semblent toutes compliquées à valoriser. La K7 bénéficie d’une énorme hype depuis une dizaine d’années. Cela reste un format pas trop cher à produire et dans lequel on peut faire des petites quantités. Cependant la qualité sonore laisse à désirer et surtout il me semble que c’est bien plus compliqué de s’équiper pour lire ce format que dans les autres. L’offre actuelle de platines ou baladeur K7 n’est pas très qualitative car industriellement les chaînes pour produire les bons mécanismes n’existent plus. Bref autant il est possible d’acheter sans se poser de question une platine vinyle neuve, autant pour les cassettes cela me semble être un mirage (en neuf). L’occasion est toujours possible certes mais avec beaucoup de considérations quant à l’état.
Reste le bon vieux CD et de mon coté je me suis remis à en acheter. Je trouve l’offre d’occasion plus intéressante et amusante que pour les vinyles cependant je garde beaucoup d’appréhensions à acheter régulièrement des nouveautés dans ce format. Toujours du coté de notre label, nous n’avons pas constaté d’augmentation sensible des ventes dans ce format que nous pressons pourtant très régulièrement sur nos sorties. Je doute que nous soyons les seuls: le supposé retour du cd ne va pas forcément permettre un rattrapage du vinyle.
Bref tout ceci est préoccupant et j’espère franchement me tromper sur plusieurs sujets. J’espère ainsi que le prochain article de ce genre sera un peu plus optimiste !
2 thoughts on “OPINION: Quelques réflexions autour du vinyle”