Je regrette régulièrement l’absence de nouveautés (même en comptant les rééditions) dans le format 45 tours. En janvier dernier j’écrivais même que j’aimais toujours les 45 tours. Déjà en 2018, le format connaissait une santé vacillante (45 tours de Piste, à lire sur Section 26). Bref, faire du 45 tours en 2024 est un sacerdoce et une mission presque sacrée ! En faisant mes recherches autour du dernier album des Baron Four, j’ai découvert qu’il existait un village d’irréductibles gaulois, du coté de Toulouse, à s’être lancé dans le format, à toute berzingue. Les disques Rogue (un évidemment hommage à Vogue) proposent ainsi des singles dans ce format depuis 2022. Le travail est très soigné (pochette sixties à bords collés comme les EPs français de l’époque) et la sélection de groupes ample ! Pour ma part j’ai récemment craqué sur trois de leurs sorties, disponibles chez le disquaire Born Bad: The Baron Four, Green Seagull et les Child of Panoptes.
Je vous propose aujourd’hui de découvrir le 4 titres de ces derniers. Les plus avisés d’entre vous identifieront certainement l’hommage à la pochette de l’EP français des Music Machine. Child of Panoptes s’inscrit complètement dans ce son garage/psychédélique des années 60. Le groupe français se compose de briscards de la scène garage revival nationale, particulièrement niçoise, montpelliéraine et avignonnaise. Le batteur Alexandre Besson (Towerbrown, Le Chiffre Organ-ization, The Gentlemen’s Agreements) et le bassiste Alain Number 9 Chapot (Penelope, Les Bowlings, la compilation Rendez Vous Chic etc.) semblent constituer l’ossature du groupe. À ces talentueux messiers s’ajoutent ici Cyril Jean (Strawberry Smell, Pony Taylor), Frank Durban (des géniaux Playboys), Fred Martinez (un ancien du groupe niçois), Eric Pouchet, Alain Jullian et Laure Garitte. Ajoutez y Christophe Vaillant (Le Superhomard, entre autre !) qui vient faire le mastering et les Child of Panoptes ont tout d’une dream team française du sud: de véritables esthètes des années 60 !
Tout ce beau monde s’est réuni pour enregistrer quatre morceaux. Il y a deux reprises réussies (Hey! Mr Carpenter, Dream with Me) et deux compositions originales. En face B, nous retrouvons ainsi Love. Celle-ci donne son change aux amateurs du Spencer Davis Group ou The Artwoods grâce à un solo d’orgue très relevé. La présence d’une sitar amène un petit zest de fraîcheur à cet excellent morceau. Si vous connaissez un peu vous savez déjà que ma préférence va au titre en français ! Un Petit Morceau de Buvard est à nouveau porté par un orgue survolté mais ses petites touches garage/psychédéliques sont très bien venues. La thématique rappellera évidemment quelques classiques sixties comme Antoine (Un éléphant me regarde) ou Messieurs Richard de Bordeaux et Daniel Beretta (Papa Psychose, la drogue).
Child of Panoptes propose ainsi un très recommandable 45 tours. Nous sommes très heureux aussi de voir des nouveautés publiées dans ce format si important pour l’histoire de la musique ! Vous pouvez trouver le disque sur le bandcamp du label ou chez certains disquaires.