5 conseils pour envoyer sa musique à des journalistes musicaux

Depuis une dizaine d’années, j’ai vu, à mon niveau (un peu extérieur) les deux côtés de la question. J’ai écrit pour Magic pendant quelques années et plus ponctuellement ailleurs. J’écris toujours pour Section 26. À ce titre je suis régulièrement contacté par des RP ou des groupes pour que j’écrive sur des disques. D’un autre coté, je tiens, avec mon frère Etienne, des labels depuis une dizaine d’années: Croque Macadam (qui donne son nom à ce site) et Requiem Pour Un Twister. J’ai donc aussi eu à contacter des journalistes pour tenter de faire chroniquer nos sorties. J’ai essayé d’établir une liste de conseils pratiques ci-dessous. Je ne prétends pas qu’ils soient universels mais ils me semblent néanmoins pas inintéressants, pour envoyer sa musique dans de bonnes conditions.

N’hésitez pas à faire des remarques ou suggérer d’autres conseils en commentaire.

#1 – envoyer sa musique avec un lien facilement accessible

Cela peut sembler une évidence mais si vous souhaitez que votre musique soit écoutée, il faut donner un accès simple et sans prise de tête à la personne visée. Je pense qu’il faut éviter les liens vers des sites de streaming style Spotify, Deezer, AppleMusic. D’une part parce que vous ne saurez pas forcément quelle application utilise votre contact et d’autres part un lien multiple vers toutes les plateformes ça rend le truc un peu impersonnel (perso ça me refroidit pas mal). Je pense que les meilleures options sont dans l’ordre: soundcloud (lien privé), bandcamp et youtube. Le dernier site me semble OK pour les clips ou morceaux individuels mais pas pour les albums. Il faut absolument éviter d’envoyer des mp3 s’ils n’ont pas été sollicités: cela encombre les boîtes mail et cela rend la démarche d’écouter moins efficiente.

#2 – personnaliser (si possible) son e-mail et cibler à qui envoyer sa musique !

Ce n’est pas une obligation mais c’est un énorme plus ! Une newsletter anonyme ou un e-mail général de RP va pas toujours être ouvert et lu… Sauf si le groupe intéresse le journaliste. Bref si vous défendez un projet qui démarre: il vaut mieux privilégier de faire moins de messages mais d’en personnalisant le contenu. Au delà de créer plus facilement de l’empathie avec votre interlocuteur, vous pourrez aussi lui expliquer pourquoi vous avez pensé à lui et ça a plus de chance de l’intriguer.

Il est en revanche très important de cibler. Si vous avez un groupe: envoyer en masse à des listes anonymes a des chances de finir en spam. Si vous avez une RP c’est aussi mieux de sélectionner les projets en fonction des interlocuteurs. Si je vois passer souvent le nom d’une RP et qu’après en avoir ouvert plusieurs ça ne m’intéressait pas: je mets facilement à la poubelle sans lire. D’une manière générale, c’est assez flatteur d’être contacté par des gens qui vous ont cerné et veulent vous faire découvrir un truc que vous pouvez potentiellement aimer.

#3 – Décrire efficacement sa musique

Pas la peine d’écrire des biographies de 100 lignes, sauf si le projet est très attendu et l’artiste connu. Quelques éléments de contextes suffisent (la région d’origine, depuis quand le projet existe, ce que vous cherchez à faire, vos dates de concerts…). En revanche il me semble important de décrire sa musique, soit grâce à des genres musicaux soit des groupes auxquels vous pensez ressembler. N’hésitez pas à vous faire aider de vos amis: peut-être auront-ils un recul que vous n’avez pas. Après tout le monde n’est pas aussi sensible que moi aux descriptions mais personnellement je sais que si la démarche du groupe me parle j’aurais beaucoup plus envie d’écouter. Il faut en tout cas rester réaliste, ne pas en faire des caisses, rester simple !

#4 – Ne pas être intrusif !

L’idéal est d’écrire sur les adresses e-mail dédiées. Vous pouvez relancer mais je pense qu’une ou deux relances c’est le maximum. Au delà vous allez juste vous mettre à dos les gens. Pour les sites, il suffit en général de se balader dessus pour trouver les informations dont vous avez besoin: formulaire de contact, page de contact. Parfois l’information se trouve sur la page facebook du site. Vous pouvez passer par des sites genre submithub ou groover également. Il est possible dans une certaine mesure de passer par instagram, twitter ou facebook mais attention, cela nécessite vraiment d’être très précautionneux. Si vous voyez que le contenu est perso et sans lien avec l’activité: ne pas contacter par ce biais en aucun cas ! D’une manière générale, il ne faut pas harceler les journalistes et ne pas essayer de les contacter à travers leur vie personnelle. Il faut donc systématiquement passer par les canaux dédiés. S’ils n’existent pas, il faut trouver les moyens les plus formels et publics de le faire: un compte twitter dédié à l’activité, une page insta dédiée à l’activité par exemple.

#5 – Quand faire appel à une RP pro ?

Si vous n’avez pas les moyens de vous payer une RP ce n’est quand même pas inutile de missionner un proche pour faire cela: les journalistes ne sont pas toujours très réceptifs quand ce sont les groupes eux même qui envoient leur musique.

Quand prendre une RP ? Une RP va évidemment apporter un sérieux coup de projecteur à votre groupe mais c’est un budget, plutôt important. De par mes constations: je pense que ça démarre dans les 500 euros pour les RP indie et ça peut monter à 2-3K euros pour des agences ayant pignon sur rue. Le montant n’est pas proportionnel aux retours que vous aurez. Je pense que la différence de prix s’explique surtout par deux facteurs: la taille (et reconnaissance) de l’agence/personne et sa capacité à toucher des cibles plus difficiles (presse et radio nationales par exemple).

Une RP ne sera pas synonyme d’articles. Une RP peut faire très bien son boulot (contacter les journalistes qui correspondent à la musique du groupe) mais ne pas avoir les résultats que vous attendiez. Il y a toujours quelque chose de l’ordre de la psychologie dans ce qui parle aux journalistes: un groupe doit capter son époque d’une certaine manière, ou du moins l’imaginaire des journalistes. Rappel utile: l’absence de retour ne dit rien de la qualité de votre musique. Parfois c’est juste que la musique n’a pas réussi à se frayer un chemin vers les bonnes personnes.

J’espère que ces 5 conseils pour envoyer sa musique à des journalistes musicaux vont seront profitables. En complément, n’hésitez pas à lire les conseils de mon frère pour envoyer à un label.

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