ALBUM: Mildlife “Chorus” (Heavenly, 2024)

Mildlife est un groupe australien originaire de Melbourne et actif depuis 2013. Ils ont, à ce jour, sorti trois albums dont le récent (2024) Chorus. Nous nous y intéressons aujourd’hui ! Le label anglais Heavenly (Temples, Saint Etienne, The Soft Pack, TOY, The Orielles etc.) l’a publié en mars dernier.

Co-produit par Jim Rindfleish, également membre du groupe, Chorus déroule un album de jazz-funk aux accents space disco avec de nombreux synthétiseurs vintage (et une pointe de mellotron). La musique de Mildlife s’inspire clairement des années 70 et pratique une dance music organique ambitieuse. Au panthéon da le formation australienne doivent alors figurer Herbie Hancock (période disco-vocoder, par exemple Sunlight ou Feets don’t Fail Me Now), la discographie de Passport, les albums tardifs de la scène Canterbury (Alive and Well de Soft Machine ou Breathless de Camel), Pink Floyd (période 70s, très notable sur Return To Centaurus) ainsi que certains classiques italo-disco et space-disco. Moins ouvertement, je retrouve aussi des touches de soul psychédélique (Temptations, Undisputed Truth, O’Jays) dans la manière d’élaborer de longues introspections instrumentales, menées par de solides lignes de basses (Future Life). Enfin je pense aussi énormément à Seven Deadly Sins (1977), l’excellent album disco instrumentale de Laurin Rinder & W. Michael Lewis (allez écouter la sublime Lust !).

Après ce pavé fort roboratif de divers héritages, influences et éventuelles parentés, vous pourriez imaginez un album très connoté. Il n’en est pourtant rien, la démarche est tout à fait contemporaine. Les ingrédients de Chorus sont certes connus mais avant tout un point de départ pour développer une musique singulière. Mildlife créé dès lors des climats rêveurs et planants. Ces derniers laissent beaucoup d’espace à l’auditeur pour s’y projeter. Si le groupe est très au point sur un plan technique, il soigne aussi les compositions. Cet équilibre entre approche pop et déploiements instrumentaux généreux est une des grandes forces de Mildlife. Le groupe australien tient là une subtile harmonie, très réussie. La formation se perd, peut être, parfois en route (le morceau titre Chorus). Elle connaît aussi une légère baisse de régime, sur la deuxième face mais cet album reste une éclatante réussite ! Dès la paire Forever et Yourself (pour moi les deux sommets de l’album), les Australiens nous embarquent dans un voyage chaloupé, élégant, où toutes les interventions musicales procurent un sentiment d’évidence.

À n’en pas douter, Chorus aura une place de choix quand je repenserai à l’année 2024. Gracieuse et agile, la musique de Mildlife offre une bouffée d’air frais dans des quotidiens parfois saturés de sollicitations visuelles. Le groupe rejoint ainsi Nu Genea, L’impératrice, Klaus Johann Grobe ou Marxist Love Disco Ensemble sur une piste de dance imaginaire mais sacrément chatoyante.

note personnelle: 4,5/5

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