En 2012, le premier album de Lescop avait eu un certain succès critique et populaire dans le milieu de la musique indépendante française. L’ancien chanteur d’Asyl y défendait une synth-pop francophone de qualité, aidé par la production soignée de Johnny Hostile (John & Jehn). Que s’est-il passé depuis ?
Il y a neuf ans sortait un deuxième long-jeu, Echo (2016), passé un peu plus inaperçu. En parallèle, Lescop a aussi monté un nouveau groupe (en anglais, contrairement à Asyl): Serpent pour explorer un son plus post-punk. Il sort un EP avec ces derniers un EP. Nous voilà en février 2024, à la découverte de son troisième album solo: Rêve Parti.
Flanqué de Thibault Frisoni (qui réalise l’album), Lescop trouve ici un nouveau souffle. Le chanteur français est aussi accompagné d’Halo Maud, Izia et Laura Cohen, venues poser des voix sur certains titres. Enfin, Lescop peut aussi compter sur le fidèle Gaël Etienne (déjà présent en 2012), co-auteur de deux morceaux et habitué de la pop française (Requin Chagrin, Marc Desse).
Tout ce beau monde s’est réuni pour faire de Rêve Parti, un des plus beaux albums francophones de l’année 2024. Lescop y explore une pop synthétique très réussie et marquée par les années 80. La production est superbe. Si les arrangements font la part belle aux boîtes à rythmes et autres synthétiseurs, les basses (l’instrument de prédilection de Lescop) et les guitares sont aussi présentes. Si la voix de l’artiste français n’est pas la plus expressive, il sait trouver un ton juste qui colle parfaitement aux compositions. Les textes s’accordent aussi pleinement au propos.
Finalement le principal défaut de Rêve Parti est peut être sa longueur: Lescop a été trop généreux. L’album aurait gagné à ne tenir que sur un seul vinyle plutôt que trois faces. Cette durée un peu trop étendue n’est pas pour autant synonyme de perte d’inspiration. Lescop est ici très en verve. Comment ne pas être séduit par le groove d’Exotica. Celui-ci renvoie, à sa manière, au son boogie des Avions ou Chagrin d’Amour. Le Jeu , à l’inverse, offre d’avantage de mélancolie. La Femme Papillon a des atours de tubes tandis que J’ai oublié ton Image nous accorde un peu de répit (et évoque presque Alain Chamfort). L’album se conclue sur la magnifique Grenadine (pas une reprise d’Yves Simon), dont les textures électroniques superbes démontrent encore le savoir faire ici à l’œuvre.
Rêve Parti de Lescop est ainsi un des plus beaux disques de pop synthétiques francophones de ces dernières années. Il démontre aussi la capacité du musicien à évoluer positivement avec les années, en gardant une cohérence sans se répéter non plus. Vraiment un très chouette album !
note personnelle: 4/5