En découvrant l’album de Marcel Wave (Something Looming, 2024), j’ai eu envie de replonger dans les albums du groupe britannique Sauna Youth dont j’avais un bon souvenir. Voilà, Distractions, leur deuxième album sur la platine. Hasard du calendrier: l’album fête aussi ses dix ans cette année, l’occasion d’y revenir à travers une chronique !
Sauna Youth est un groupe londonien actif à la fin des années 2000 mais surtout dans les années 2010: ils sortent leur trois véritables albums dans cette décennie. Leur discographie en long player démarre en 2012 avec Dreamlands (Gringo Records, Faux Discx, 2012) et se termine sur Deaths en 2018. Distractions est intercalé entre les deux et idéalement publié par le label punk britannique Upset! The Rhythm (Apostille, Cold Pumas, Vintage Crop etc.). Les trois albums forment une trilogie. Sauna Youth se compose alors de Jen Calleja (sampler, voix), Richard Phoenix (batterie, voix), Lindsay Corstorphine (guitare) et Christopher Murphy (basse).
Distractions est une brique catapultée dans la gueule. Sauna Youth n’est pas là pour se faire des potes et tient à le faire savoir ! Le groupe anglais dégobille un punk super nerveux et frénétique, parfois pas très éloigné de Parquet Courts ou Eddy Current Suppression Ring (et dans la même ligue que ces deux groupes !). Quelques intonations post-punk (The Fall, Wire) ou noise-rock (des petites touches Sonic Youth) complètent le tableau, aussi joyeux que l’œuvre complète de Soulages ! Le groupe ne lève presque jamais le pied et fracasse le cerveau méthodiquement. La production ne s’autorise guère d’extravagances: tant mieux c’est qu’on veut ! Le disque est un mur de guitares électriques en béton armé. C’est sauvage mais organisé pour maximiser l’impact sonore !
Nous l’avons compris, Sauna Youth pratique un punk rageur et bagarreur. Le groupe fait ça avec une verve qui sort réellement du lot. Les Britanniques ne réinventent pas le genre certes, mais en vrai nous nous en moquons éperdument ! Là n’est pas la question. Distractions est là pour vous donner la force d’envoyer chier tous les cons de votre vie. L’album surprend par la qualité générale de ses compositions. Jamais Sauna Youth ne donne l’impression de tourner à vide ! Le groupe a une mission à remplir et ne lâchera rien avant de l’avoir accomplie.
Il y a bien sûr quelques morceaux particulièrement mémorables dans ce magma en fusion de colère et furie. Dès Transmitters et son riff en cisaille, on est pris dans l’œil du cyclone. Cosmos Seeker chamboule le cerveau tandis qu’Abstract Notions ne s’embarrasse pas d’inutiles circonvolutions. Try to Leave aurait été un tube rock dans un monde plus sensé. Cette chanson a des qualités pop indéniables sous ses allures un peu rustre. Future Tense porte particulièrement bien son nom. Le morceau est une longue montée en tension avant de nous offrir un déluge de bruits. Le groupe garde sa fougue jusqu’au très enlevé Creeping qui conclue l’affaire comme elle avait démarré: avec véhémence.
Dix ans plus tard, Distractions sonne comme il a toujours été: un vraiment bon disque de punk sans une once de culpabilité et aucun gras. Ni bas du front, ni trop cérébral, Sauna Youth jette ses forces dans la bataille, mais avec stratégie. C’est si difficile de faire simple, Sauna Youth y arrive parfaitement. C’est en soi déjà une performance ! Distractions est un pain dans la gueule, une montée d’adrénaline qui ne prend pas une ride, au contraire.
note personnelle: 4,5/5