Nous avons déjà découvert de nombreux genres musicaux concoctés au Royaume Uni. Ajoutons aujourd’hui une pièce au puzzle en évoquant la C86 aussi nommée Anorak pop ou Twee Pop.
La C86 est, au départ, une compilation du magazine NME. Elle fait suite à une autre cassette intitulée C81. Ces deux albums couvrent en quelque sorte l’évolution de la scène indie-pop britannique. Insistons sur le britannique plutôt qu’anglais, car l’Ecosse fournit (dans les deux cas) de nombreux groupes !
Si les formations de la cassette sont assez variées, il est courant d’associer le son C86 à une approche particulière. Elle est très liée au contexte. Vers 1982-1983, la musique pop mainstream (Madonna par exemple) fait un virage marqué vers les synthétiseurs et boîtes à rythmes. D’un coup la musique pop organique, cousine du rock devient une curiosité du passé. Dans ce contexte des groupes se rebellent et créent les bases de la scène indépendante telle qu’elle existe encore de nos jours. Bien que musicalement réactionnaire (c’est pas grave), cette musique souffle un vent de fraîcheur et d’ouverture en étant ouvertement plus androgyne et moins misogyne (une attitude associée au rockisme). Beaucoup de femmes rejoignent alors des groupes !
En parallèle de The Smiths, The Jesus and Marychain ou The Housemartins. toute une galaxie de gens prennent des guitares. Souvent, ils rendent hommage aux Buzzcocks, The Byrds ou le Velvet Underground. Des premiers ils gardent cette énergie juvénile et punk, des seconds ils prennent les guitares jangly, tandis que les derniers amènent avec eux une attitude arty et ténébreuse. Bien sûr il ne faut pas non plus négliger les groupes ayant immédiatement précédés cette génération comme Orange Juice ou The Monochrome Set.
Le genre s’épanouie particulièrement en 45 tours et parfois maxis. Certains groupes auront des carrières correctes tandis que d’autres se contenteront de quelques singles pour briller ! Si Sarah Records est souvent associé à la C86, le label n’arrive que tardivement fin 1987. Des structures comme Creation Records ou Subway font les beaux jours du genre.
En photo: The Pastels au début des années 90s.
01 – The Pastels “Baby Honey” (1984)
Qui de mieux pour démarrer cette sélection qu’un groupe écossais de Glasgow ? The Pastels est une des formations majeures de l’indie-pop de ces 40 dernières années. La géniale Baby Honey démontre les appétences du groupe pour piocher chez le Velvet sans les pasticher.
02 – Primal Scream “Velocity Girl” (1986)
Si Primal Scream va s’éloigner de ce son, le premier album Sonic Flower Groove (1987) est clairement bourré à ras bord de 12 cordes jangly. Un an plus tôt la formation écossaise publiait Velocity Girl, un des morceaux les plus emblématiques de la compilation C86 !
03 – The Mighty Lemon Drops “Like an Angel” (1985)
J’ai personnellement un gros faible pour les Anglais des Mighty Lemon Drops dont le son renvoie au garage-rock, aux Doors ou à Echo and the Bunnymen. Pas le groupe le plus mélodique du lot, mais certainement un des plus rageurs !
04 – Close Lobsters “Loopholes” (1988)
Close Lobsters est un autre groupe écossais (toujours de Glasgow) présent sur la compilation C86. Pour cette playlist j’ai choisi la superbe loopholes parue deux ans plus tard.
05 – The Jasmine Minks “Cut me Deep” (1988)
The Jasmine Minks sont absents de la compilation du NME mais auraient pu y avoir leur place ! Le groupe écossais (Aberdeen pour changer) sort ses premiers 45 tours dès 1984 sur Creation Records. Cut Me Deep est un des meilleurs morceaux de leur carrière et n’est pourtant jamais sorti en single (enfin si en version live !).
06 – The Bodines “Skankin’ Queens” (1987)
Pas les plus cités, et pourtant eux y sont ! The Bodines est une formation anglaise du Derbyshire. Ils sortent plusieurs disques chez Creation Records mais pas leur unique album, Played (1987) produit par Ian Broudie (The Lightning Seeds).
07 – The Sea Urchins “Pristine Christine” (1987)
Voici la toute première référence de Sarah Records, et un sacré classique indie-pop de la période. Pristine Christine est un magnifique morceau que l’on doit aux trop rares The Sea Urchins de West Bromwich.
08 – The Wolfhounds “Anti Midas Touch” (1986)
Revenons à la cassette du NME avec les Wolfhounds de Romford. En 1986 ils publient la géniale Anti Midas Touch, un des hymnes du genre !
09 – Shop Assistants “I don’t wanna be friends with you” (1986)
The Shop Assistants marquent de nombreux points: ils sont Ecossais (d’Edinburgh), ont sorti des disques chez Subway Organization, sont présents sur la compilation du NME et sorti un unique album en 1986 ! Un classique du genre !
10 – Talulah Gosh “Bringing Up Baby” (1988)
Talulah Gosh nous vient d’Oxford et comprend une certaine Amelia Fletcher au chant. En plus d’une carrière d’économiste, la musicienne est devenu une véritable figure de la scène indie à travers ses nombreux groupes (Heavenly notamment).