Voilà dix huit ans que ce deuxième album des Blue Van existe ! À l’époque la Scandinavie est une place forte du revival sixties. Celui-ci bat son plein au début des années 2000. De la Nouvelle Zélande (The D4, The Datsuns), en passant par la France (Hushpuppies, Magnetix), les années soixante ont le vent en poupe. Une génération de musiciens a redécouvert la décennie au contact des compilations Nuggets version long box CD de Rhino, l’américaine et la britannique. Elles sortent respectivement en 1998 et 2001. Cette émulation se transcrit d’ailleurs aussi dans les compilations. En témoigne Le Nouveau Rock N Roll Français (2004) ou Gloria International Garage Rock Club (2005).
En Scandinavie, les têtes d’affiches se nomment The Hives, The (International) Noise Conspiracy, Mando Diao, Soundtrack of Our Lives etc. Originaire de Brønderslev au Danemark, les Blue Van font figure d’outsiders. Après un premier album passé inaperçu, Time Machines and Sunbeams (2000), les choses évoluent très positivement avec la sortie de leur deuxième album. Le label international TVT publie, en 2005, The Art of Rolling. Celui-ci est ainsi souvent considéré comme leur premier !
Dès Word from The Bird, les 4 membres de The Blue Van dévoilent un très beau savoir faire. La section rythmique, assurée par Allan F. Villadsen (basse) et Per M. Jørgensen (batterie) est parfaitement en place. Steffen Westmark a un beau grain de voix. Il évoque des chanteurs tels que Rod Stewart ou Steve Marriott. Enfin, son camarade Søren V. Christensen assure à l’orgue et au piano électrique. The Blue Van regarde manifestement plus du coté de l’Angleterre moderniste (Small Faces, Spencer Davis Group, The Prisoners etc.) que des Etats Unis sur The Art of Rolling.
La production, sans chichi, est rugueuse et rock. Elle évoque le travail d’Edwyn Collins avec Little Barrie ou les productions analogiques de Liam Watson aux Toe rag Studios. Product of DK permet de mesurer le travail sur le son. Dès les premières mesures de batterie nous sommes saisis par le groove et la justesse de l’ensemble. Un tube ! Les Blue Van continuent ensuite tranquillement leur petit bonhomme de chemin. La reprise des Lions (I Need You, une face B de 45 tours) est un joli clin d’oeil mais n’égale cependant pas l’originale. La face A se conclue sur la superbe ballade Baby I’ve Got Time. Celle-ci s’éprend des immenses contrées nord-américaines avec sa guitare slide. Le chanteur se montre particulièrement à l’aise dans ce registre plus calme mais tout aussi soulful. Elle évoque presque le catalogue Stax records.
The Art of Rolling repart sur les chapeaux de roue avec l’instrumental psychédélique The Bluverture et ses nappes de mellotron. Si la face B est un poil moins mémorable que la première partie, elle peut compter sur la superbe Revelation of Love, une très belle composition, parfaitement exécutée. Par la suite, The Blue Van ne baisse pas de régime et assure le taff. L’ensemble donne ainsi une excellente impression globale et se termine sur un très bon New Slough propice à démontrer les qualités instrumentales des musiciens.
The Art of Rolling est une belle réussite. Mieux l’album vieillit bien et reste tout aussi agréable et pertinent à écouter en 2023 qu’en 2005. Le parti-pris rétro ne plaira évidemment pas à tout le monde, mais si vous êtes sensibles aux groupes s’inspirant du rock sixties, c’est très bon dans le genre ! Le groupe s’oriente par la suite vers un son plus classic rock seventies et délaisse quelque peu leurs obsessions modernistes de cet excellent Art of Rolling.
Note personnelle: 4/5