CINEMA: “This is Spinal Tap” (1984) de Rob Reiner

Aujourd’hui intéressons nous à une œuvre culte de chez culte pour tous les amateurs de rock: This is Spinal Tap (1984) de Rob Reiner, un des plus célèbres (et réussis) documenteurs (mockumentary) autour de la musique.

Si le genre du documenteur (pastiche humoristique des documentaires) nait dans les années 50 avec un reportage de la BBC (L’arbre à Spaghetti, 1957), la source d’inspiration de Rob Reiner est peut-être à chercher du coté d’All You Need is Cash (1978) d’Eric Idle et Neil Innes (des Monty Python), pastiche des Beatles. En effet, si la forme est différente, les deux films s’attachent à suivre un groupe fictif: The Rutles (pour le film anglais) et Spinal Tap donc. Autre point commun entre ces deux œuvres: elles partent toutes les deux d’une idée de sketch.

This is Spinal Tap naît quelque part à la fin des années 70 (1978) quand plusieurs comédiens improvisent autour d’un groupe fictif pour un pilote télévisuel. De cette idée germe bientôt un film. Pour convaincre des financiers, Rob Reiner ne propose pas un scénario mais de faire une démo en filmant un bout du film. Il y a une raison logique à cela: This Is Spinal Tap est largement improvisé. Le film joue sur l’interaction entre les comédiens. La trame scénaristique est réduite et offre ainsi une large part à l’impromptu. Pour accompagner les comédiens Rob Reiner choisit donc d’explorer la forme du documentaire, tourné sur le vif.

This Is Spinal Tap est le premier long métrage de Rob Reiner, un natif de New York né en 1947. Par la suite, le réalisateur aura quelques autres belles réussites à son actif, notamment Stand by Me (1986) et surtout la comédie romantique Quand Harry Rencontre Sally (1989), l’un des grands classiques du genre. Dans son registre, Spinal Tap est d’ailleurs aussi une référence.

Le succès du film repose beaucoup sur les 3 principaux comédiens, également co-auteurs. L’ossature du Spinal Tap est ainsi constitué de David St. Hubbins (Michael McKein), Nigel Tufnel (Christopher Guest) et Derek Smalls (Harry Shearer). Un peu plus en retrait mais important, Rob Reiner est aussi de la partie: il joue le réalisateur du documentaire (Marty DeBergy). À ce casting principal s’ajoutent, Viv Savage (vrai nom: David Ewer, également membre de Rare Bird!) aux claviers et une nuée de batteurs dont Mick Shrimpton (Ric Parnell d’Atomic Rooster !). Il y a également l’entourage du groupe, dont la petite amie (Jeanine Pettibone, jouée par June Chadwick) et une tripotée de guests comme Billy Crystal (un mime) ou Fran Drescher (cadre dans le label).

This Is Spinal Tap suit les aventures d’un groupe britannique formé dans les années 60, populaire dans les 70s et tentant de raccrocher avec la vague metal du début des années 80 (assez orienté NWOBHM). Le documentaire suit le périple du groupe aux Etats Unis et leur difficulté à exister dans cet univers étrange. Les Spinal Tap semblent en effet en décalage avec l’époque et aussi les mœurs (très PC) des Etatsuniens. Cela débouche sur de nombreuses situations comiques et rocambolesques et autorise de nombreux morceaux musicaux.

La partie musicale de This Is Spinal Tap est absolument magistrale. Hard rock, prog, beat ou psyché, les comédiens s’approprient parfaitement les codes ! L’humour est omniprésent mais assez particulier. Ne vous attendez pas à de francs fou rires ! Il y a évidemment les fameuses scènes cultes (l’ampli à 11, le mini mégalithe de Stonehenge, les batteurs successifs…). L’improvisation donne souvent des situations ubuesques et satyriques. L’humour ne repose donc pas sur une construction aboutissant sur une conclusion. Très libre dans sa forme, This is Spinal Tap livre beaucoup le spectateur à lui même. La qualité principal du film (son coté improvisé) est alors aussi sa limite: une narration sommaire avec peu d’enjeux. Cela rendrait parfois le film un peu plus digeste et moins répétitif.

Il n’empêche This Is Spinal Tap est un des films les plus réussis et convaincants autour de la musique rock, un vrai chef d’œuvre pour les amateurs du genre. Le film pêche en revanche un (petit) peu quand on l’analyse plus en fonction de critères cinématographiques. Comme de nombreux autres long métrages basés sur des sketches (au hasard: Anchorman), This is Spinal Tap montre parfois quelques limites dans sa capacité à tirer suffisamment les fils. Je trouve que Wayne’s World (1992) ou The Blues Brothers (1980) sont un peu plus consistants et donc plaisants à regarder quand on s’intéresse moins au sujet. En revanche, si vous aimez la musique, ne vous posez pas trop de questions: vous allez adorer !

note personnelle: 4,5/5

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