OPINION: Paul Beuscher, BHV…

Vendredi 7 novembre 2025, Paul Beuscher, la mythique boutique d’instrument du boulevard Beaumarchais (Paris XI) annonçait cesser ses activités après 175 ans d’existence ! Deux jours avant (mercredi 5 novembre), BHV ouvrait ses espaces à Shein malgré la polémique. Deux boutiques historiques, deux situations précaires, des points communs.

Paul Beuscher

Boutique à l’origine spécialisée dans les partitions, Paul Beuscher était un des rares magasins d’instruments encore ouvert dans le XIe arrondissement. Acteur historique de Paris, la boutique avait recentré son activité sur le QG (Bd Beaumarchais). Après de nombreux efforts pour rationnaliser/optimiser, l’entreprise jette l’éponge. L’annonce surprise a fait de nombreux émois et généré de nombreux articles (le parisien, sortir à Paris). Il devrait susciter de nombreux autres commentaires dans les jours/semaines qui viennent, à l’image de ce qui se passe actuellement au BHV.

BHV

Adresse mythique du centre de Paris, le BHV est visiblement dans une mauvaise passe. Selon les informations, il semblerait que le grand magasin ne paie plus certains de ses fournisseurs depuis un certain temps. L’opération Shein vise alors certainement à amener un peu de cash et de fréquentation à cet établissement moribond. Evidemment la venue d’un géant chinois du commerce a suscité la polémique et des manifestations devant l’établissement (le monde). De nombreuses marques ont annoncé ne plus vendre au BHV: une décision opportune car elles n’étaient pas toujours payées!

L’argent: le nerf de la guerre

Certains aiment à faire un commentaire politique de la situation, pour autant je pense que le vrai sujet reste l’argent. Si ces commerces périclitent (ou ne sont pas en forme) c’est avant tout parce qu’ils n’ont plus assez de clients/ventes. On peut le tourner dans tous les sens, on en reviendra toujours à ce sujet prosaïque: il faut des rentrées financières pour faire tourner une boutique, son loyer, ses salaires etc. Il en est de même pour les disquaires.

Internet

Ces commerces sont des nouvelles victimes du changement de paradigme dans les achats des consommateurs. Internet a pris le pas sur les achats en boutique physique. On peut envisager que la politique de la ville de Paris n’aide pas aux déplacements des habitants de la région dans la capitale mais on constate exactement les mêmes problématiques ailleurs en Europe ou dans le monde. De ce fait, cela coince ailleurs: les clients achètent ailleurs (sur internet).

Paul Beuscher: la difficulté des magasins d’instruments

La situation de la boutique Paul Beuscher s’explique partiellement par des raisons exogènes à la société. Il y a d’une part une désaffection pour la musique jouée collectivement avec des instruments (au profit d’une approche individualiste où l’ordinateur devient l’instrument). D’autre part, le marché de l’instrument s’est largement déplacé sur internet avec des acteurs comme Thomann ou Woodbrass.

Les consommateurs français (et européens) sont en recherche de prix. Une boutique physique avec des vendeurs ne peut alors pas offrir les mêmes remises qu’un hangar centralisée avec beaucoup moins de salariés (en terme de volume/activité). Il y a un sujet (et cela rejoint l’affaire BHV/Shein): le consommateur décide avec son porte monnaie.

Prise de conscience

Vous le savez, je défends régulièrement les disquaires physiques ici. Je dirai même que ma position devient un peu plus militante avec les années. La disparition de Paul Beuscher ou les difficultés du BHV sont à nouveaux des signaux faibles inquiétants de ce qui se joue à l’échelle du monde (occidental en tout cas). À Paris ils font suite à la disparition de Gibert Jeune par exemple. Partout on constate une raréfaction des commerces physiques dans les centre villes, au détriment du lien social, de la qualité de vie des villes etc. Si on veut avoir une chance de préserver de ce mode de vie, il n’y a qu’une chose à faire: être client des enseignes. On peut manifester autant que l’on veut, rien ne remplace la valeur d’un achat dans une boutique que l’on veut soutenir. L’impact du politique existe mais il est infime au regard de la question financière. Si on veut des librairies, des disquaires, des magasins d’instruments, des salles de concerts etc. dans nos villes, le mieux c’est encore de les fréquenter régulièrement plutôt que de se lamenter de leurs disparitions a posteriori. Bref, prenons en conscience et chérissons ces lieux tant qu’ils existent. Il ne s’agit pas d’être parfait, mais simplement de ne pas oublier que nos actes (ici d’achats) ont des conséquences dans le monde réel (ici les boutiques).

3 thoughts on “OPINION: Paul Beuscher, BHV…

  1. moi c’ést là librairie Gilda quand elle à fermé circà 2023 sà mà mis lés boulle ,àu sous sol jé trouvàis pléin dé revenu musicàlés ét ciné dés 60/70/80/90 pléin viéux fanzine ,touté un mondé engloutie d »un mondé qui às dispàru complément , jé connais pàs d’àutré adresse sur paris qui continu à fàiré cé génré dé chosé

  2. par rapport à la disparition des petits commerces et à l’avènement des achats sur le Net, il faut dire un grand merci à Macron pour sa gestion du Covid, période pendant laquelle il a fait fermer de nombreux petits commerces, alors qu’ils avaient tous pris leurs précautions pour ne pas dépasser la jauge de clients imposée. Cela a permis à beaucoup de consommateurs de commander sur le Net (Amazon en premier) et de constater sa facilité d’utilisation et son coût moindre qu’en boutiques traditionnelles.

    1. Bonjour Alain,
      je pense que c’est un peu plus compliqué que cela même si le COVID a certainement contribué à certains changements effectivement.

      Je vais prendre l’exemple des disquaires que je connais « mieux ». Ils ont des problèmes un peu partout (c’est pas une problématique française). À Barcelone, il y a l’une des deux mythiques boutiques Revolver qui a fermé ses portes en juillet. Cela dépasse donc le cadre de la gestion politique de la ville ou du pays.
      Inversement en France, les disquaires se sont bien portés pendant le COVID car les gens avaient d’avantage pouvoir d’achats: pas de sorties donc pas de concerts et peu d’alcool. Pour certains c’est l’après COVID qui a été plus difficile car il a fallu baisser les volumes de commandes. Certains ont eu du mal à gérer cet « atterrissage ».

      Le COVID a effectivement accéléré des manières de consommer différentes. Plus de précommandes, on réserve d’avantage les restaurants et on prend en avance les billets de concerts ou pour les musées. Je crois que ce changement est plus « psychologique » que lié à une politique spécifique. On le remarque un peu partout dans le monde occidental (et certains pays ont été beaucoup plus souples que nous sur les couvre feux).

      Pour les magasins d’instruments, je pense qu’internet avait déjà pris beaucoup d’importance depuis plus d’une quinzaine d’années. Je ne sais pas quel a été le coup de grâce ici ?

      En tout cas, je le redisais récemment dans un de mes compte rendus achats: je pense qu’amazon n’est pas si efficace que ça… Ma récente expérience était franchement négative. Pour moi c’est souvent plus simple de prendre directement en boutique que de commander sur le site. Il faut dire que j’habite à Paris et donc en 30 minutes (ou moins) je suis à Chatelet, Bastille, Montparnasse, St Michel… J’entends que le sujet soit différent en étant éloigné d’une grande ville.

      Il y aurait évidemment des choses à faire en terme de politique de ville et certainement la mairie actuelle parisienne ne va pas enrayer le phénomène. Reste que sans être défaitiste, je crois que c’est avant tout les consommateurs qui devraient se mobiliser s’ils souhaitent conserver des villes agréables. Il est trop facile de reprocher la disparition des petits commerces et de passer par amazon ensuite. Le mieux c’est encore d’essayer (c’est pas toujours possible bien sûr) de « militer » avec son portefeuille!

      En tout cas pour les disquaires: l’offre parisienne est pas mal du tout et les prix sont souvent compétitifs vis à vis d’amazon !

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