Souvent moqué à cause de la couverture de Push Push, Herbie Mann est pourtant un des grands noms de la flûte, son instrument de prédilection. Le jazzman américain démarre sa carrière au milieu des années 50 mais se fait connaître dans la décennie suivante. Il popularise ainsi Comin’ Home Baby, une reprise du Dave Bailey Quintet en 1962 ou Philly Dog ( écrite par Rufus Thomas) des Mar-Keys en 1966. Au début des années 70, il créé le label Embryo sur lequel il publie des albums de Ron Carter ou du Tonto’s Expanding Head Band. Durant la décennie, il embrasse le jazz-funk et la disco. Cela lui porte chance: sa version de hi-jack , une chanson des Barrabas, devient un tube en 1975.
Deux ans plus tard, Herbie Mann sort Fire Island en compagnie du groupe du même nom. L’ensemble comprend Carmine L. Calabro Jr., Arnold McCuller et Googie Coppola. Le flûtiste connaît la chanteuse depuis le début des années 70. En effet, en 1971, Embryo publie l’unique album d’Air, un groupe dans lequel elle joue avec son mari Tom Coppola, aussi présent sur Fire Island.
Tout ce beau monde se moque des conventions et enregistre un 33 Tours à fond les ballons disco. Fire Island ne dédaigne pas un certain mauvais goût mais cela le rend également très attachant. Comment ne pas penser à la Croisière S’amuse ou The Hustle (Van McCoy) sur Rythmatism qui ouvre le bal ? La suite confirme cette impression. Herbie Mann maintient le tempo sur les excellentes Summer Strut et Welcome Sunrise, les deux morceaux les plus réussis de cet album. Les titres midtempo sont un peu moins marquants mais restent assez qualitatifs. Ils ont ce mérite rare de ne pas casser la dynamique générale. À ce jeu, You are The Song s’en sort plutôt bien ! L’album se conclue sur une curiosité. Flute Love est un court instrumental (de moins de deux minutes) où des percussions accompagnent la flûte d’Herbie Mann.
En sept morceaux, Fire Island propose un réjouissant, quoi qu’assez léger, album de disco enregistré par des musiciens jazz. Ceux qui attendent une orgie de soli de flûte pourront être déstabilisés: il y a matière mais toujours dans un contexte de chanson. Le disque n’est certainement pas un classique mais reste très agréable à écouter et bien fichu. Nous retrouverons Googie Coppola, avec son mari, quelques années plus tard (1980), sur l’excellent album Shine The Light of Love.
Note personnelle: 3,5/5
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