Il y a presque quinze ans je découvrais Real Estate à la faveur de leur premier album, arrivé un poil en retard dans mes oreilles. Il s’était passé un truc la première fois que j’ai entendu Beach Comber. La suite a confirmé que ce groupe comptait beaucoup pour moi. Après l’essai inaugural chez Woodsist, les Américains signent ensuite avec Domino et se font remarqués avec Days (2011). Atlas (2014), leur troisième album, est un de mes disques préférés des années 2010. Malheureusement avec In Mind (2017) l’alchimie n’était plus là et je n’ai pas été au delà des singles pour The Main Thing (2020). Divorce prononcé ?
Est-ce moi qui avais changé ou Real Estate ? Les changements de line-up (dans des circonstances pas très heureuses mais obligatoires) avaient ils eu raison de la beauté de ce groupe unique ? Le charme de la musique du groupe américain tient à si peu. Real Estate pratique un équilibre subtile. Leur musique très classique dans le fond comme la forme peut ainsi s’écrouler d’un instant à l’autre vers la platitude. Pourtant, très souvent avec Real Estate la magie opère et offre une splendeur discrète.
Retrouver Real Estate avec Daniel est un ravissement, une joie. Ce disque est magnifique. Elégant, intemporel, délicat, le groupe y déroule un savoir-faire acquis patiemment depuis la fin des années 2000. Leur musique oscille entre indie-pop, jangle pop, folk-rock ou country-rock avec décontraction (la groovy freeze brain). Certains groupes s’expriment mieux en se révolutionnant régulièrement mais d’autres tracent inlassablement le même sillon. Comme Teenage Fanclub ou Proper Oraments, Real Estate appartient à cette seconde catégorie. N’y voyez certainement pas une critique, au contraire: la formation du New Jersey s’est construite son univers et continue d’écrire son histoire dans son intimité. Real Estate s’inscrit dans une grande tradition américaine allant des Byrds à REM en passant par Big Star (sur Interior notamment).
Tout est ici si juste et raffiné. On frôle le sans-faute. Les guitares sont absolument somptueuses tandis que la production est aussi intemporelle que sobre. Daniel est un très bel album et je suis vraiment heureux de retrouver Real Estate. Le groupe m’avait tellement manqué.
note personnelle: 4,5/5
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